Saïd, retraité, a trouvé un moyen pour occuper son temps et gagner un peu d’argent. Depuis plus d’une semaine, tôt le matin, il s’installe sur la route menant à la forêt de Bainem à l’ombre d’un eucalyptus et propose aux passants et aux automobilistes la figue de Barbarie. Deux cageots pleins recouverts de feuilles de roseaux, une cuvette remplie d’eau et un couteau ainsi que des sacs en plastique, voilà l’attirail de Saïd. Les adeptes de ce fruit sont nombreux. Preuve en est, avant 10 heures, Saïd a tout vendu, plie bagage et retourne chez lui. Le lendemain, c’est le même rituel. Mais ce qu’il faut souligner, c’est que ce fruit est acheté pelé. Les nombreuses épines très fines et urticantes qui recouvrent cette figue font qu’elle soit boudée par les consommateurs. Mais les fins connaisseurs ne s’en privent pas. Désaltérant, bourré de vitamines et d’oligo éléments, une fois rafraîchi, ils s’en donnent à cœur joie. Dans les marchés, sur les places publiques, à bord d’une charrette, ce fruit est proposé à la pièce ou au kilogramme toujours pelé et mis en sachet. Actuellement, il est proposé à 100 dinars le kilogramme. Sinon la pièce est cédée à 5 dinars. Les revendeurs prennent toujours la précaution de recouvrir les figues de Barbarie d’un sac en jute mouillé à cause des épines très fines qui peuvent parfois s’incruster dans les yeux ou sur la peau. Mais sa saveur, son goût suave et sa richesse du point de vue nutritif, ne laissent personne indifférent. C’est vrai qu’il n’a pas la cote comme les autres fruits de saison (pastèque, raisin, pêche, nectarine...) du fait des épines qui recouvrent sa peau et la manière spéciale dont il est cueilli, mais comme la figue, l’olive, la fraise et la cerise, il est célébré dans la commune de Bouzguène, wilaya de Tizi Ouzou. L’association culturelle du village du Sahel a, d’ailleurs, plaidé, durant cette célébration, pour sa labellisation. Les participants ont mis en avant le goût particulier de ce fruit et ses propriétés diverses (médicinales et cosmétiques). Sur un autre plan, un ingénieur a mis en exergue l’importance de ce cactus dans la lutte contre l’érosion et les glissements de terrain. Pour toutes ces raisons, les participants ont regretté le manque d’intérêt pour ce fruit. Ils estiment qu’il peut même être exporté comme la truffe (champignon du Sahara) vendue à 3.000 euros le kilogramme en Europe.
Rabéa F.
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