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L'orphelin...

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  • L'orphelin...

    On a vu se flétrir tant de roses vermeilles,
    On a vu tant mourir d'enfants jeunes et beaux,
    Qu'hélas ! on n'ose plus ni tresser des corbeilles
    Ni veiller auprès des berceaux !

    Serait-il vrai, mon Dieu, qu'un pauvre petit ange
    Chaque jour, sur la terre, appartienne au cercueil !
    Serait-il vrai, mon Dieu, que chaque jour un lange
    Devienne un vêtement de deuil !

    Témoin ces deux enfants, dont naguère encore
    Une mère bouclait les longs cheveux dorés :
    L'un n'avait pas six ans ! et la dernière aurore
    A fermé ses yeux adorés !

    II.

    Mère, il ne viendra plus dissiper ta tristesse
    Et rallumer ta joie au feu de sa tendresse,
    Ni te chanter de si doux airs
    Qu'un jour un gondolier laissa tomber sa rame,
    Croyant entendre un ange et voir le trait de flamme
    Dont son pied sillonnait les mers.

    Cruel destin, pourquoi séparer deux fontaines
    Sortant de même source, arrosant mêmes plaines ?
    Pourquoi séparer deux berceaux
    Où ces jeunes enfants dormaient aux mêmes heures,
    Sous le pied maternel vacillantes demeures,
    Et tressés des mêmes rameaux ?

    III.

    Et toi qui, chaque jour, le levais de sa couche,
    Qui riais avec lui, qui pleurais avec lui,
    Qui pour tes fils craignaient l'atteinte d'une mouche,
    Dieu ! que vas-tu faire aujourd'hui ?

    Plus qu'un fils à veiller, à l'heure où le jour tombe !
    Mais qui l'endormira ? qui chantera tout bas ?
    Celui-ci veut des chants... celui-là, sous la tombe,
    N'a plus besoin de chants, hélas !

    ÉPILOGUE.

    Elle mourut le soir : le soir, nous la couchâmes
    Auprès de son enfant, à l'ombre d'un ormeau ;
    Et comme sur la terre ils n'avaient pas deux âmes,
    Sous la terre, ils n'ont qu'un tombeau.

    Son autre fils en deuil, naïve créature,
    De l'amour d'une mère avant l'heure sevré,
    D'un gros bouquet de fleurs orna leur sépulture,
    Dans le champs aux morts consacré.

    Enfant, qu'une étrangère avait paré sans doute,
    Pour conduire sa mère à son dernier séjour,
    Et qui, voyant pleurer la foule sur la route,
    Se prit à pleurer à son tour !



    Ludovic de Vauzelles
    dz(0000/1111)dz
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