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Bouira : Des oliviers massacrés aux bulldozers !

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  • Bouira : Des oliviers massacrés aux bulldozers !

    Bouira Les expropriés de la future Zone industrielle d’Oued El Bardi s’indignent.La zone industrielle de Sidi Khaled, relevant de la commune d’Oued El Bardi, à une dizaine de kilomètres au Sud-Est du chef-lieu de la wilaya de Bouira, devra à terme abriter pas moins de vingt-cinq (25) projets d’investissement.

    Cette zone, d’une superficie de 225 hectares, a été longtemps délaissée par les pouvoirs publics. Désormais, elle est l’un des faire-valoir de la relance du tissu industriel à l’échelle de la wilaya. Cependant, les choses ne sont pas idylliques que peuvent les prétendre les autorités locales. Car, ces hectares de terres fertiles ont bien des propriétaires qui ne voulaient, en aucun cas, entendre parler d’expropriation. C’est ce litige qui a bloqué l’exploitation des immenses possibilités de cette zone.


    Récemment et plus précisément au mois de juillet dernier, le Premier magistrat de la wilaya de Bouira, M. Nacer Maaskri, avait annoncé que : « Nous avons mis fin au problème des oppositions, en obligeant les concernés à se conformer à la loi ». Et d’ajouter : « Cette solution va insuffler une nouvelle dynamique à l’investissement dans la région, devenue attractive tant pour les investisseurs locaux que pour ceux issus de l’extérieur de la wilaya ».

    Cependant, les propriétaires, du moins ceux que nous avons rencontrés, contestent fortement « la solution » trouvée par les autorités.


    D’ailleurs, l’affaire est actuellement entre les mains de la justice, pour un problème d’indemnité d’expropriation. Selon M. Abderrahmane Diaf et M. Laadjel, le montant versé par les Domaines est jugé « dérisoire » par nos interlocuteurs.

    Pour 7 hectares, les Domaines m’ont indemnisé à hauteur 135.000 DA ! C’est une aberration sans nom », a-t-il vociféré. Ces propriétaires se disent également « choqués et outrés » par la façon par laquelle, ils ont été expropriés.

    « Un beau jour du mois de Ramadhan, on a eu la désagréable surprise de voir débarquer des bulldozers, escortés par les forces de l’ordre. On n’a pas eu le temps de réaliser ce qui se passait, que les machines ont entamé leur travail de dévastation ! », racontera-t-il d’un air dépité. Et d’ajouter : « Ce qu’ils ont fait c’est inhumain ! Raser des dizaines d’oliviers sous nos yeux et nous empêcher de réagir sous peine d’être embarqués, c’est tout simplement horrible ».

    Bâtir sur des terres agricoles, est-ce la solution pour l’investissement ?

    Disposant d'actes de propriété authentiques, datant de 1936, plusieurs dizaines de familles, exploitant ces terres depuis plusieurs générations, s'insurgent avec force contre la dévastation de leurs terres fertiles et génératrices de produits agricoles. Lors de notre déplacement sur les lieux de ce drame à l’environnement, on s’est retrouvé face à une vision apocalyptique.

    Tout n’était que désolation et ruine. Plusieurs oliviers et autres arbres fruitiers ont été déracinés et abandonnés sur le coté de la route ou en plein champ.

    M. Diaf, atterré de voir ces scènes qu’il a qualifié d’abdominales, soulignera que : « Ces terres, disposant d’actes de propriété datant de 1936, ont été, dans un premier temps, attribuées à l’Urbab par un arrêté d’expropriation en date du 18 avril 1983. Une partie de ces terres a été ensuite cédée en 2012 au profit des Domaines. Ma parcelle, qui est de l’ordre de 7 hectares, a été complètement laminée et tout ce que j’avais comme arbre et autres plantations, ont été détruites en quelques coups de tractopelle », s’est-il désolé. Il est vrai que pendant plus de trente ans, plusieurs domaines agricoles appartenant à des privés ont été exploités, valorisés, fructifiés par leurs propriétaires. Mais en parallèle, ils ont été oubliés par les autorités locales. Ces dernières ont, pour ainsi dire, abandonné cette zone.

    Subitement, les responsables locaux se sont rappelés que la wilaya de Bouira disposait d’un potentiel industriel et qu’il était en « jachère ».

    Cette soudaine prise de conscience s’est, malheureusement, faite sur le dos de centaine d’oliviers et leurs exploitants. C’est ce qu’a mis en exergue M. Laadjal, en s’interrogeant sur l’urgence et surtout la manière dont-ils ont été expropriés. « Je voudrais bien comprendre comment ces terres fertiles, que nous exploitions avant et après 1983, puissent être détruites et dévastées par des bulldozers en urgence ? ». Pour M. Diaf Abderrahmane et les autres propriétaires, il s’agit là, d’une « volonté de nuire qui ne dit pas son nom ». D’après d’autres expropriés, que nous avons croisés sur les lieux, l’État devrait les remercier et non les « jeter dehors », selon leur propre expression. « Pendant plus de 30 ans, nous nous sommes occupés de ces terres. Nous avons sué, travaillé dur afin qu’elles produisent des richesses, et maintenant, ils viennent nous en déposséder avec une somme minable et surtout d’une manière sauvage », nous a-t-on confié. « Peut-on toujours arguer l’utilité publique de l’époque en disant qu’elle est toujours d’actualité ?
    Au contraire, c’est nos exploitants qui ont servi l’intérêt public pendant cette longue période, en travaillant, en valorisant et en gardant productives ces terres », notera encore M. Diaf.

    Ramdane. B.- La dépêche de Kabylie
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