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La circoncision protège du VIH : la recherche le prouve, mettons-le en pratique

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  • La circoncision protège du VIH : la recherche le prouve, mettons-le en pratique

    Par Constance Delaugerre
    Chercheur en Virologie
    LE PLUS Les hommes circoncis ont 60% moins de risques d’être contaminés par le VIH que ceux non circoncis. C’est ce que révèle une étude publiée dans Plos Medicine et menée par l’Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales (ANRS). Des conclusions très encourageantes, estime le Dr Constance Delaugerre, présidente du comité scientifique et médical de Sidaction

    Fresque murale à Soweto, en Afrique du Sud, promouvant le safe sex, puisque le pays est parmi les plus touchés par la pandémie de sida, à la veille de la journée mondiale de lutte contre le sida, le 30 novembre 2010 (D.FARRELL/SIPA).
    Fresque murale à Soweto, en Afrique du Sud, promouvant le "safe sex", le 30 novembre 2010 (D.FARRELL/SIPA).

    La circoncision procure un vrai bénéfice de protection dans la lutte contre le sida, et ce pour un coût minime. C’est l’un des meilleurs mécanismes de prévention qui soit, puisqu’il diminue d’environ 60% le risque d’acquérir le VIH. C’est aussi très simple de former des équipes soignantes à pratiquer des circoncisions médicales. Et c’est beaucoup moins cher que de distribuer des antirétroviraux à tout le monde.

    Le mécanisme évoqué est le suivant. Sur un pénis d’un homme non circoncis, le liquide infectieux est retenu dans la poche formée par le prépuce. Le contact entre le virus VIH et la muqueuse est plus long. Tandis qu’avec la circoncision on supprime la cavité formée par le prépuce qui permet la rétention d’une sécrétion infectieuse.

    En outre, la couche interne du prépuce du pénis non circoncis est très fine et très sensible à l’infection. Avec la circoncision, elle se kératinise, s’imperméabilise en quelque sorte. Le virus est donc moins maintenu en contact avec l’organisme et peut alors moins pénétrer. La transmission du VIH de la femme à l’homme circoncis est alors diminuée.

    Programme complet de prévention

    Certains vont souligner l’augmentation du risque de contamination pendant la cicatrisation. Mais il faut savoir que la circoncision fait partie d’un programme complet de prévention :

    - on donne des informations sur la contamination, les pratiques à risques aux hommes venant se faire circoncire,
    - on leur propose d’être dépisté pour le VIH ainsi que pour des infections sexuellement transmissibles (IST), que l’on traite par la suite, notamment parce qu’elles sont un facteur de transmission du VIH et d’aggravation,
    - et on leur distribue des préservatifs.

    Insister en plus sur les dangers d’avoir des actes sexuels pendant la période de cicatrisation qui suit l’opération fait donc partie des bonnes pratiques préventives.

    Il faut à cet égard également rappeler que la circoncision n’a pas non plus provoqué une désinhibition des comportements, c’est-à-dire que les hommes circoncis ne compensent pas les risques de contamination en ayant des pratiques plus hasardeuses. Ils continuent de porter des préservatifs s’ils ont des relations sexuelles hors mariage (44% contre 45,5% pour les non circoncis) et ceux ayant plus de deux partenaires sexuels hors mariage ne sont pas plus nombreux (50,4% contre 44,2%). L’information a donc été bien assimilée.

    Protéger les hommes circoncis et les femmes

    En outre, dans cette étude menée dans un bidonville d’Afrique du Sud, les hommes étaient venus se faire circoncire volontairement. Après plusieurs campagnes de circoncision, le taux de 12% de circoncis est passé à 53%. Cela prouve la faisabilité d’une telle opération ! Alors qu’il s’agit d’un pays où le taux de circoncision est naturellement faible, la population l’accepte et n’est pas rebutée, surtout pour les 20-30 ans, l’âge le plus prévalent de contamination du VIH.

    Reste à savoir si, comme dans les modèles mathématiques, la circoncision des hommes diminue la prévalence du sida chez les femmes dans "la vraie vie". Et, ensuite, si cela permet de protéger les hommes non circoncis qui vivent dans les mêmes régions. L’idée étant que, à terme, la circoncision ne protège pas que les hommes circoncis d’une nouvelle infection.

    L’OMS avait déjà recommandé cette pratique en 2007, efficace pour les pays où la circoncision est faible et où la prévalence du VIH est forte (30% en Afrique du Sud). Une des conclusions à tirer de cette étude est que les pouvoirs publics nationaux doivent prendre en charge ce qui est aujourd’hui fait dans le cadre de programmes recherches et organiser des campagnes de circoncision à grande échelle.


    Propos recueillis par Daphnée Leportois.
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