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Les méfaits de la malbouffe

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  • Les méfaits de la malbouffe

    Avec l'évolution des habitudes alimentaires, le Marocain mange et grignote de plus en plus d'aliments mous. Au final, il ne mâche plus assez et cela entraîne donc de fâcheuses conséquences sur sa dentition et sa ligne. L’accroissement de cette malnutrition est entrainé par une évolution du niveau de vie et de l’augmentation de toutes les chaines de restauration rapide de types fastfood. En effet, celles-ci proposent des produits faciles à consommer étant rapides à préparer et cette nourriture à emporter est encore plus rapide à manger (voire ingurgiter), expliquent les nutritionnistes. D’ailleurs, toujours selon la même source, le goût de cette nourriture est autant appétissant que mauvais pour la santé, car elle est trop salée, trop grasse, trop sucrée et pauvre en vitamines et en légumes.
    Le deuxième facteur de cette évolution alimentaire est dû au changement de mode de vie des Marocains : les femmes travaillent de plus en plus et la part du temps consacré à l’élaboration des repas et au temps passé à table a fortement diminué, révèlent les spécialistes. Ainsi, les ménages ont plus tendance à acheter des produits surgelés ou à se faire livrer chez eux des plats préparés.
    Outre des problèmes de mauvais alignement et d’emboîtement de la dentition, la «bouffe molle» cause des caries, car elle a tendance à coller à l’émail, indiquent les spécialistes. Les aliments durs à mâcher, quant à eux, favorisent au contraire l’auto-brossage dentaire, car le frottement aide à éliminer les impuretés. D’après les nutritionnistes, le problème avec les snacks et aliments mous est qu’ils sont trop rapidement avalés. Cela ne laisse donc pas le temps au cerveau de libérer la leptine (l’hormone de la satiété que l’ont ressent au bout de 20 minutes de repas, ndlr). En outre, comme on ne dépense que très peu d’énergie pour réduire en bouillie ce qu’on a dans la bouche, on stocke plus de graisse au final. Donc, à valeur énergétique égale, un aliment mou amène à consommer davantage de calories parce qu’on en aura dépensé moins à le digérer. Et le ramollissement de notre nourriture n’épargne aucun secteur de l’alimentaire, soulignent les spécialistes.

    Cause de dépression ?

    Les personnes qui consomment cette malbouffe ont plus de risque de souffrir de dépression (+51%). Ce sont les conclusions de l'étude réalisée par des chercheurs de l'Université de Las Palmas (aux îles Canaries) et de l'Université de Grenade (Espagne). Ainsi, «plus la consommation de la malbouffe était importante, plus le risque de souffrir de dépression était élevé», a révélé un des auteurs de l'étude. De plus, l’enquête a déterminé que les plus grands consommateurs de malbouffe étaient fréquemment célibataires et sédentaires et que leur alimentation comprenait peu de fruits, de légumes, de poisson et d'huile d'olive.
    Un peu moins de 9 000 personnes n'ayant jamais souffert de dépression ou n'ayant jamais pris d'antidépresseurs ont été analysées, en moyenne pendant six mois, aux fins de cette étude. Environ 500 participants ont reçu un diagnostic de dépression ou ont dû commencer à prendre une médication pendant cette période. Une étude précédente, publiée en 2011, et qui s'appuyait sur plus de 12 000 participants, en était venue à des conclusions similaires. La dépression touche plus de 121 millions de personnes dans le monde. Le lien avec l'alimentation est encore mal compris, mais des études attribuent un rôle préventif à la vitamine B, aux acides gras omégas 3 et à l'huile d'olive.
    Pour éviter de subir les conséquences de la malbouffe, voici les conseils des nutritionnistes. On en distingue quatre :
    – Le temps de la mastication joue un rôle important au cours de la digestion. Alors il faut prendre le temps de s'alimenter tranquillement et sans stress. Pour indication, l'impression de satiété parvient au cerveau au bout de 15 à 20 minutes environ.
    – Manger trop vite ne laisse pas le temps nécessaire à l'estomac de se rassasier et conduit à manger davantage avant qu'il ne le soit. Ainsi, lorsqu'on mange trop rapidement, en mastiquant trop vite, les signaux sont mal transmis au cerveau. Cela altère le bon déroulement de la digestion qui provoque donc des maux de ventre, des ballonnements, des brûlures…
    – Il faut manger plus lentement, car cela permet de redécouvrir les aliments avec plus de plaisir et d'avaler ainsi beaucoup moins de quantité, tout en ayant rassasié l'organisme. Le plaisir est plus intense lorsqu'on mange lentement.
    – Par ailleurs, les spécialistes recommandent de manger les aliments un par un pour les savourer tranquillement.
    Obésité : des chiffres en constante augmentation

    Contrairement aux idées reçues, ce n’est pas seulement les 15-25 ans qui consomment cette malbouffe. Et si c’était seulement les adolescents qui mangeaient des hamburgers, l’obésité chez les adultes ne serait pas en constante augmentation. Les derniers chiffres sur l’obésité au Maroc sont tombés récemment et ils sont corsés : il y aurait 10,3 millions de Marocains adultes en situation d'obésité ou de pré-obésité, a relevé l'Enquête nationale sur l'anthropométrie (ENA). Cette étude réalisée par le Haut commissariat au Plan (HCP) révèle également que sur ces 10,3 millions de Marocains, 63,1% sont en réalité des Marocaines. Entre 2001 et 2011, l'obésité a augmenté de 7,3% par an, explique l'enquête du HCP. Pour ce qui est de l’effectif d'adultes en situation de pré-obésité, il est passé en dix ans de 4,5 millions à 6,7 millions, souligne l'enquête. On note que parmi ces adultes obèses, 25,3% d’entre eux sont inactifs. Cela représente ainsi environ le double des Marocains actifs (11,2%). L’enquête précise également que cet indice s'élève à 32% pour les femmes au foyer.
    Du reste, l’enquête du HCP note que l'obésité s'accroit avec le développement des nouvelles technologies et est liée au niveau scolaire. En effet, les adultes sans un bon niveau scolaire enregistrent un pourcentage d'obésité deux fois plus grand (21,6%) que les adultes ayant un niveau d'études supérieur. Cet indice d’obésité varie également en fonction du niveau de vie : il passe effectivement de 20% dans les régions les plus aisées à 15% dans les régions où la consommation par personne est la plus faible.
    Enfin pour la note positive, l’enquête souligne tout de même qu’environ 46% des adultes marocains ne souffrent ni de maigreur, ni d'obésité, ni de pré-obésité.


    Décryptage

    La malbouffe est jugée mauvaise sur le plan diététique, notamment en raison de sa faible valeur nutritive et de sa forte teneur en graisses ou en sucres, et les aliments comme les hamburgers, les frites ou encore les sodas en sont des archétypes. Alors les fourchettes, les couteaux et les canines seront-ils bientôt au chômage ? Focus.
    Slow Food contre l’uniformisation du goût

    • Pour contrer la malbouffe engendrée par la restauration rapide «Fast Food», l’association Slow Food, créée en Italie en 1989, appelle au développement de l’éducation au goût. Selon elle, seuls les consommateurs informés et conscients de l’impact de leurs choix sur les logiques de production alimentaire peuvent devenir des coproducteurs d’un nouveau modèle agricole, produisant des aliments bons, propres et justes.
    • Sur le terrain, cette association a lancé plusieurs actions : Arche du goût, Terra Madre, Université des sciences gastronomiques, Salon international du goût, etc.
    • Cette association a déjà créé une antenne nationale, Slow Food Maroc, qui se charge de la promotion du projet «Mille jardins potagers en Afrique», lancée par l’association mère.

    Publié le : 6 Septembre 2013 - Lamiaâ Khalloufi, LE MATIN ma
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