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TUNISIE: Dieu, protège-moi de moi-même…

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  • TUNISIE: Dieu, protège-moi de moi-même…

    Avec les expériences désastreuses d’Ennahdha et des « Frères » d’Egypte au pouvoir, on peut dire sans exagération que l’adage « Dieu protège-moi de mes amis, mes ennemis je m’en charge » est entièrement dépassé. Il ne s’applique plus à cette catégorie de politiciens qui ont sévi en Egypte et qui s’accrochent désespérément au pouvoir en Tunisie. En toute logique, leur adage ne peut être désormais que celui-là : « Dieu protège-moi de moi-même, mes amis et mes ennemis je m’en charge ».
    Le mal que les « Frères » égyptiens se sont auto-infligés est d’une ampleur qui dépasse les imaginations les plus portées sur le pessimisme. Cela fait plus de 80 ans qu’ils désirent ardemment le pouvoir et rêvent de le conquérir par n’importe quel moyen. A peine s’y sont-ils installés qu’ils ont commencé à scier la branche sur laquelle ils s’étaient assis. Ils ont mis un an à la scier ardemment et méthodiquement jusqu’au jour où ils se sont retrouvés par terre, sans le moindre secours ni du peuple qu’ils n’ont pas pu attirer ni des pays étrangers qu’ils n’ont pas su rassurer.
    Toutes proportions gardées, le mal fait à la Tunisie par le gouvernement d’Ennahdha n’est pas moindre que celui infligé à l’Egypte par les « Frères ». Les erreurs et les bourdes commises ici ne sont pas moindres que celles commises là-bas, et l’impopularité des islamistes sous nos cieux n’est pas moins étendue que celle qui fait bouillonner les foules sur les bords du Nil.
    Pourtant les dirigeants islamistes en Egypte sont en prison et s’apprêtent à endurer des procès, et leurs frères en Tunisie continuent de s’accrocher à leurs privilèges illégitimes en dépit du fait qu’une large partie de la population, de la société civile ainsi que de nombreux partis politiques désirent les voir à mille lieux du pouvoir.
    Si les islamistes d’Ennahdha n’ont pas subi le sort des « Frères » égyptiens, c’est parce qu’ils bénéficient d’un certain nombre d’avantages en Tunisie. Tout d’abord, nécessité oblige il est vrai, ils ont eu la présence d’esprit d’engager avec eux dans l’aventure du pouvoir deux partis « laïques » qu’ils ont rapidement transformé en décor, un décor semblable à celui mis en place par Ben Ali pour faire croire aux Tunisiens et au monde à un pluralisme que tous savaient factice. En d’autres termes, Ennahdha tente de nous faire croire à une vraie coalition avec une prise de décision collective, mais en fait, comme chacun sait, la prise de décision est un monopole islamiste et la responsabilité des décisions est partagée entre les trois partis. Ce jeu politique habile adopté dès le début par Ennahdha a eu le mérite de réduire un peu la pression sur le parti islamiste, un peu comme les vannes qu’on ouvre pour soulager le barrage de la pression des eaux et lui permettre de résister. Le CPR et Ettakattol, en acceptant en contrepartie de quelques postes ministériels insignifiants le rôle de vannes pour Ennahdha, ont permis à ce parti de résister aux pressions de la rue et de l’opposition et de se maintenir au pouvoir en dépit des résultats désastreux de sa politique qui a fortement fragilisé le pays sur les plans sécuritaire, économique, financier, diplomatique etc.
    Le second avantage qui a permis à Ennahdha de se maintenir au pouvoir est la léthargie qui caractérise de larges franges de la population tunisienne dont la capacité à supporter les abus de leurs gouvernants est assez substantielle. En effet, l’autoritarisme de Bourguiba et la dictature de Ben Ali ont été supportés respectivement pendant 30 et 23 ans.
    Le troisième avantage, de loin le plus important, est que l’Armée tunisienne, contrairement à l’égyptienne, n’est pas politisée. Si celle-ci est fortement impliquée depuis plus de 60 ans dans la gestion des affaires politiques et économiques de l’Egypte, celle-là est maintenue depuis sa création et jusqu’à ce jour sous le strict contrôle de l’autorité civile. Sa discipline est telle qu’elle se soumet même aux décisions, parfois incompréhensibles, d’un président de la République dont les pouvoirs ne dépassent guère ceux de la reine d’Angleterre.
    Mais si les responsables d’Ennahdha ont la chance de bénéficier d’autant d’avantages qui leur ont permis d’éviter d’être éjectés du pouvoir, ils n’ont rien fait, eux, pour s’aider et aider leur parti à s’assurer le minimum de popularité indispensable sans lequel l’exercice du pouvoir se transforme en cauchemar collectif.
    Il serait fastidieux de revenir en détail sur le nombre et l’énormité des erreurs commises par Ennahdha dans le cadre de ce qu’il faut bien appeler une course effrénée vers l’abîme. Le problème est que cette course ne met pas seulement en danger le parti islamiste, mais le pays entier dont les piliers économiques et sociaux patiemment construits pendant 60 ans sont en train de céder l’un après l’autre, menaçant la Tunisie d’effondrement.
    En Egypte, comme en Tunisie, dès leur installation au pouvoir, les islamistes semblent avoir été saisis par ce qu’il faut bien appeler une frénésie suicidaire. Les résultats tragiques en Egypte n’ont pas été lus correctement par le pouvoir en Tunisie. Au lieu de tirer les leçons qui s’imposent pour préserver son avenir et éviter au pays des drames de grande ampleur, Ennahdha a préféré poursuivre sa politique de fuite en avant. Il est pathétique de voir ses adversaires dans l’opposition lui tendre des filets de sécurité pour lui éviter la chute brutale des « Frères » égyptiens, mais les « Frères » tunisiens s’obstinent à refuser tout ce qui peut les aider et à s’accrocher désespérément à une politique qui finira, sauf miracle de dernière heure, par les mener à leur perte. Prions Dieu pour qu’Il les protège d’eux-mêmes et protège d’eux ce pays
    - l'économiste maghrébin
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