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Une affaire bien mal gérée

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  • Une affaire bien mal gérée

    Voilà huit jours que la France vit à l’heure syrienne. Cette intervention militaire en Syrie, avec ou sans participation de la France, est dans tous les esprits. Alors que la situation intérieure sur le plan économique, social et même sociétal a de quoi inquiéter les Français, voilà maintenant qu’ils se mêlent de la politique étrangère de la France et qu’ils en viennent même à interpeller le Président de la République devant une école primaire qu’il visitait hier matin, jour de la rentrée scolaire. Du jamais vu. Que les sondages indiquent que 69 % des Français sont opposés à une participation de la France est également inédit. François Hollande eut beau indiquer hier à ces parents d’élèves qu’aucun envoi de troupes au sol n’était envisagé, rien n’y fit. Le peuple a un avis sur cette affaire, qu’il ne sent pas bien du tout, — flaire-t-il une entourloupe ? — et il entend bien le faire savoir. Comment en est-on arrivé là ? Le pouvoir n’a-t-il pas commis une erreur dans sa communication ? Essayons de remonter le cours des huit derniers jours pour voir si et où le bât blesse.

    Jeudi 22 août 2013, on apprend qu'une attaque chimique aurait eu lieu la veille en Syrie. Le régime de Bachar-el-Assad est sans doute le responsable. Des contrôleurs sont envoyés sur place par l'O.N.U.

    Mardi 27 août dans l’après-midi, brusquement tout s’accélère : François Hollande annonce lors de la conférence des ambassadeurs que « Le massacre chimique de Damas ne peut rester sans réponse, et la France est prête à punir ceux qui ont pris la décision infâme de gazer des innocents ». Hollande, conf. Ambassadeurs {JPEG}


    Aussitôt, c’est-à-dire dans les minutes qui suivent, c’est la mobilisation générale. Le pays est en guerre. On ne va pas coller sur les murs les terribles affiches blanches, non, mais un véritable tapage médiatique se met en route. C’est le branle-bas de combat dans les rédactions. Que ce soit les chaînes d’informations en continu ou les chaînes généralistes, lors des JT, à commencer par celui de 20H00, tout ce petit monde emboîte le pas. Et c’est le déluge.

    Et de nous expliquer qu’il ne faut pas attendre, que l’arme chimique ayant été utilisée le 21 août par Bachar-el-Assad, — ce qu’on supputait déjà depuis quelques jours, d'où l'envoi des contrôleurs de l'O.N.U. — c’est un crime contre l’humanité, que l’intervention est urgentissime et déjà programmée, que c’est une violation du Traité de 1925 dont la France est dépositaire, — un traité que la Syrie a signé —, que c’est également une violation d’un second traité international signé sous Mitterrand en 1993, qu’une coalition internationale est déjà constituée, que le déclenchement des hostilités est fixé, en accord avec la Grande-Bretagne et les États-Unis pour dans 48H00 au plus tard, c’est-à-dire le jeudi soir : le 26 août 2013, que la ligne rouge fixée l’an dernier par Obama ayant été franchie, il n’y a pas besoin de mandat de l’O.N.U., alors que les contrôleurs sont encore sur place, qu’on allait voir ce qu’on allait voir, etc.

    C’était à qui surenchérirait le plus parmi les rédactions. On nous informa aussi qu’en Israël on distribuait déjà à la population des masques à gaz... Le tout relayé le lendemain par la presse, bien évidemment.

    Aux ordres, les médias ! Forcez, les rédactions ! Marchons, marchons… !

    Seulement voilà, le peuple français n’est pas tout à fait imbécile. Le coup du référendum de 2005, il ne l’a pas encore digéré. Alors, on ne la lui fait plus. Il ne marche pas dans la combine. La propagande des médias, il sait parfaitement ce qu’il doit en penser. Et dès le lendemain, les premiers sondages tombent : l’opinion publique n’est pas d’accord. Surtout qu’il y a d’autre médias, encore à peu près libres, Internet et les réseaux sociaux, et là le bouche à oreille fonctionne. À fond. Notamment sur Agora Vox... Et puis, malgré ce qui nous est dit et répété, la France paraît bien seule. Elle est même la seule, ou du moins la première nation de ce qu’on appelle hypocritement la communauté internationale et qui n’est rien d’autre que le point de vue occidental, à aboyer et même très fort. Mais pourquoi, grand dieu ? Qu’est ce que ça cache ? Et ce petit manège dure deux jours.

    Mais, le jeudi 29 août au soir, coup de théâtre : la Chambre des communes refuse d’engager la Grande-Bretagne dans cette voie. On imagine l’embarras dans les rédactions : certains viennent nous dire que c’est un camouflet pour David Cameron, d’autres prétendent qu’il n’a peut-être pas défendu son projet avec toute la conviction nécessaire, autrement dit qu’il espérait peut-être ce résultat parlementaire. Bref, on sent comme un malaise.

    Nous partîmes trois. Nous voilà plus que deux. Qu’à cela ne tienne. On continue.

    Samedi soir, heure française, le Président Barack Obama dans une allocution devant la Maison Blanche, retransmise en direct, S.V.P., et pour cause, déclare qu’il est toujours favorable à cette intervention, à ses yeux nécessaire, (ouf !), mais dans la seconde partie de son propos il précise qu’il demandera auparavant le vote du Congrès. Au passage, pas une seule fois la France n’est citée dans son discours. Bon, bon !

    Aie, Aie, Aie ! Nous voici plus que… ? Elle est maintenant toute seule, la France. Bien, bien !

    Mais le dimanche, Hollande, droit dans ses bottes, maintient sa position. Le pauvre, il n’a pas toujours pas compris ce qui se passe. Alors, et dès le samedi soir, le modeste citoyen que je suis, lui a écrit une lettre. Une lettre ouverte, que je lui ai adressée à l’Élysée, mais également sur Agora Vox. Nous verrons bien quelle sera sa réponse. Il a évidemment d’autres priorités en ce moment.

    Toujours est-il que dimanche et surtout lundi et mardi, ce sont maintenant les politiques qui s’en mêlent. Et ça gronde dans les états-majors. Et même au Parti socialiste où quelques voix discordantes se font entendre. Malgré le fait que ceux qui osent avoir un autre avis aient été traités de munichois (et votre serviteur le prend également pour lui) par un Premier secrétaire du P.S. bien imprudent, ce dernier refusera de s’excuser lundi soir sur France 2 alors que Bruno Lemaire avec ses qualités de diplomate le lui suggère de manière affable, rien n'y fera. Pour Harlem Désir, les Français et leurs représentants qui sont contre cette participation française font preuve d’un esprit munichois.(sic) Bien, bien !

    Le pouvoir reste donc ferme, ce qu’il a annoncé la semaine dernière tient toujours. C’est comme un os à ronger : les deux chambres du Parlement seront convoquées et un débat aura lieu. Mais sans vote. La Constitution ne le prévoit pas avant le quatrième mois, et même si elle ne l’interdit pas, il n’y aura pas de vote, point barre ! Et le fait que cette participation française se fasse en dehors du cadre légal de l’O.N.U., rien n’y fait. Ah si, tout de même, le Premier ministre annonce qu’il recevra les présidents des groupes parlementaires ce lundi soir à Matignon. Et oui, ça gronde fort. Alors on lâche un peu...

    ParlementAlors ce débat ? Eh bien parlons-en : Aujourd’hui, mercredi 4 septembre 2013, nous apprenons du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, ce qui a été annoncé lundi à Matignon par le Premier ministre aux présidents des groupes parlementaires, à savoir que les preuves dont dispose la France se résument en huit points :

    1) Seul le régime syrien dispose de stocks d’armes chimiques. Il est de plus le seul sur le terrain à disposer des vecteurs nécessaires pour l’utilisation de tels agents chimiques.

    2) Il y a eu des préparatifs avant l’attaque.

    3) Nos services de renseignement ont pu reconstituer le temps militaire : il y a eu des tirs en provenance des quartiers tenus par les forces gouvernementales, et non en provenance des positions tenues par les forces de l’opposition.

    4) La séquence militaire montre qu’avant l’attaque, il y a eu une préparation aérienne et à l’artillerie sur les zones ciblées par l’arme chimique, et qu’une attaque par artillerie et une offensive terrestre eurent lieu juste après, sur les zones impactées par l’attaque chimique.

    5) Le régime syrien a ensuite tout fait pour détruire les preuves de cette attaque chimique, en bombardant les sites touchés, ce qui a entraîné la dispersion des gaz chimiques.

    6) L’ampleur des gaz et la multiplication des sites impactés montrent que seul le régime en place pouvait en être l’auteur.

    7) Nous n’avons jamais pu avoir la moindre preuve que l’attaque pouvait provenir des quartiers tenus par l’opposition.

    8) L’attaque chimique portée fait pleinement sens pour le régime, qui devait faire face à des attaques dans deux quartiers spécifiques qu’il tenait encore.

    Mais que ne l’a-t-on dit plus tôt ? Ou, a contrario, pourquoi François Hollande n’a pas attendu ce mercredi soir pour annoncer lui-même au pays les preuves que lui avaient fournies les services français de renseignement, lesquels avaient alerté en 2003 le Président Jacques Chirac de l’inexactitude des allégations avancées par les États-Unis, concernant la prétendue présence d’armes de dissuasion massive en Irak. Personnellement, j’ai été convaincu. Je fais confiance aux services de renseignement de mon pays, et je pense maintenant que l’attaque chimique dont je n’ai jamais douté de la véracité a bien été déclenchée par les forces gouvernementales en Syrie.

    Mais cet excès de précipitation de l'exécutif a non seulement mis la France dans une situation d’isolement au niveau international, — et son image va en pâtir — mais de plus, il est plus que probable que rien ne se fera avant plusieurs semaines. En conséquence, zéro pointé à l’exécutif français ! Et attendez, on n’a pas encore vu les conséquences sur la popularité du chef de l’État. La-men-table, tout ça !

    Que faudrait-il faire maintenant ? Alors le vote du Parlement : il est probable qu’il y en aura un, et que rien ne se fera avant la remise des conclusions de l’O.N.U. Il est même souhaitable qu’une résolution du Conseil de sécurité soit demandée, et obtenue. Les preuves étant mises au grand-jour, pourquoi la Russie, et peut-être la Chine s’y opposeraient-elles ? Au nom de quoi ces deux grands pays soutiendraient Bachar, le criminel, si ce n’était pas pour d’autres raisons plus géostratégiques, celles-là.

    Car, ne l'oublions pas, les vues des États-Unis dans cette région ne sont pas pour rien dans la répétition du véto russe et même chinois.

    Conclusion : Le gouvernement pourra-t-il s’exonérer d’un vote parlementaire ? On peut en douter, quand bien même une résolution de l’O.N.U. mandaterait la France et ses alliés occidentaux. Pourquoi ? Parce que le mal est fait. En ayant mal géré dès le début sa communication, François Hollande a commis trois erreurs :
    Dernière modification par lala-moulati, 07 septembre 2013, 21h47.
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  • #2
    Suite et fin

    — il a braqué l’opinion publique, qui sentant quelque peu une précipitation, a mal ressenti l’affaire. Elle l’était déjà sur les questions de politique intérieure, maintenant elle émet des réserves sur la politique étrangère. Le Président, a-t-il pensé que cela se passerait aussi bien que pour l’Opération Serval au Mali avec cette fois encore l’assentiment du peuple ? Je l’ignore.

    — Il a négligé l’importance de la voie diplomatique, exercice dans lequel la France est pourtant très bien placée, parce qu’elle a un savoir-faire, exercice auquel elle va désormais devoir s’employer afin d’éviter un blocage au Conseil de sécurité.

    — Enfin, il a fragilisé la stature présidentielle dans un domaine qui pourtant lui est réservé, celui de la conduite de la guerre puisqu’il est le chef des armées, comme le précise la Constitution. La France n’étant pas menacée d'être envahie, que n’a-t-il pris son temps pour préparer l’opinion publique ? Les preuves sont maintenant là, patentes, et rendues publiques. Mais huit jours trop tard. Cet excès de précipitation aura des conséquences déjà à court terme : la fonction présidentielle en a pris un coup. Un de plus.
    Décidément, depuis le départ de Jacques Chirac, non seulement la France est de nouveau alignée, parce qu’elle est de nouveau dans l’O.T.A.N., ce qui reste une grave erreur à mes yeux, mais par surcroît elle s’agite beaucoup trop sur le plan international.

    De Gaulle, ne leur pardonne pas, ils savent très bien ce qu’ils font. Hélas pour la France !

    source: agoravox
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