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La nouvelle gauche en Amérique latine

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    «El Che»(Guevara) ne serait pas peu fier de la nouvelle tendance de gauche qui s’est faite jour en Amérique latine et, certainement, il aurait été heureux d’avoir pour compagnons de «lutte contre l’impérialisme», les présidents du Venezuela, Hugo Chavez et Evo Morales de Bolivie.

    Retournement de l’histoire et ironie du sort, c’est dans la jungle de ce pays qu’il est mort en 1967 des mains de l’armée bolivienne. Les leaders de cette nouvelle tendance se sont retrouvés, en juillet dernier, à Cordoba (Argentine), où avait grandi «El Che», à l’occasion du 30e sommet du Mercosur (Marché commun du cône sud ; pays membres : Brésil, Chili, Argentine, Uruguay, Paraguay) auquel s’est joint le Venezuela.

    Le président Fidel Castro en avait été la vedette et ce, après quasiment un demi-siècle au pouvoir, une popularité due à sa capacité à tenir tête aux Etats-Unis et à «leur politique impérialiste» et ultra-libérale ainsi qu’aux progrès accomplis par Cuba en matière de santé, d’éducation et de justice sociale. En effet, malgré d’incontestables avancées politiques et économiques, le sous-continent latino-américain continue à être confronté à la pauvreté et à des disparités sociales profondes (plus de la moitié de la population latino-américaine n’a pas accès, faute de moyens, à des médicaments de première nécessité).

    L’intérêt du dernier sommet du Mercosur a résidé surtout dans l’adhésion du Venezuela, 5e producteur mondial de pétrole, qui, outre des réserves de gaz gigantesques, est doté d’une population de 25 millions d’habitants, d’un PIB de 120 milliards de dollars et, last but not the least, d’une dimension énergétique qui faisait jusqu’ici défaut au Mercosur (les économies des pays membres, Brésil et Argentine notamment, sont à prédominance agricole).

    Le président Chavez a prévu des investissements de 10 milliards de dollars pour la construction d’un réseau de gazoducs allant du nord au sud pour répondre aux besoins en gaz du sous-continent. En adhérant au Mercosur, le président vénézuélien entend étendre sa sphère d’influence et peser d’un plus grand poids dans toute décision qui affecterait le sous-continent(le Venezuela est candidat au siège de membre non permanent, en janvier prochain, du Conseil de sécurité en remplacement du Costa Rica) et de la sorte, entre autres, contrecarrer la politique de Washington visant à l’isoler sur le sous- continent et la scène internationale.

    Pourtant à y regarder de près, on ne peut s’empêcher de constater que la nouvelle gauche au pouvoir dans de nombreux pays latino-américains, et non des moindres, est loin de constituer un bloc homogène même si au départ elle reflétait le rejet du libéralisme des années 1970 à 90 qui n’a ni amélioré les conditions de vie de la majorité des populations ni réduit les disparités sociales ; bien au contraire, il les a aggravées.

    En effet, quoi de commun entre les présidents Chavez et Morales, tenants d’un centralisme fort et d’un rôle prépondérant de l’Etat dans la distribution des richesses afin de réduire les inégalités sociales en répondant aux besoins basiques des populations, le modèle cubain étant leur référence, et les présidents Luiz Inacio Lula da Silva du Brésil et Michelle Bachelet du Chili dont la politique est de renforcer le secteur privé et de lui donner tous les moyens de sa réussite. Le cas argentin est plus difficile à cerner.

    Le président Kirchner navigue entre la tentation de re-nationaliser des secteurs économiques privatisés dans les années 90 par l’ancien président Menem (le secteur de la gestion de l’eau de la capitale Buenos Aires vient d’être re-nationalisé) et une politique de renforcement du secteur privé qui a retrouvé une grande vigueur depuis la dévaluation de la monnaie nationale, le peso en 2001, et grâce auquel l’Argentine a renoué avec la croissance économique et réduit son taux de chômage (actuellement 10% de la population active). Dans les cas de Chavez et Morales, les échecs du Péruvien Ollanto Humala et, dans une mesure moindre, du Mexicain Lopez Obrador aux élections présidentielles de leur pays sont venus rappeler les limites de l’approche «populiste» à la solution des problèmes socio-économiques et de sous-représentation politique auxquels sont confrontées les populations latino-américaines. A ce sujet, il est à signaler l’émergence du pouvoir indigène en Bolivie en la personne du président Morales, en Equateur, au Guatemala et, dans une mesure moindre, au Pérou et au Mexique où il prend de la vigueur.

    Les élections qui auront lieu prochainement au Nicaragua où se présente le sandiniste Daniel Ortega et en Equateur, outre la prochaine élection présidentielle au Brésil, diront quelle tendance politique de gauche en Amérique latine a le vent en poupe ou si la droite conservatrice reprendra de la vigueur et confortera les pouvoirs en place en Colombie et plus récemment au Mexique.

    Par Abdelkader J. Rachi -Ancien ambassadeur d’Algérie à Buenos Aires (1994-1998) et directeur Amérique au MAE (1998-2001).
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