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L’arrivée des Subsahariens sur le marché des journaliers attise le racisme ordinaire

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  • L’arrivée des Subsahariens sur le marché des journaliers attise le racisme ordinaire

    Écrit par Ziad Salah


    Dans la matinée de jeudi dernier, un groupe de travailleurs saisonniers venant de Relizane s’en est pris à deux Subsahariens se trouvant sur le même lieu servant de « marché de travail » pour journaliers. Il a fallu l’intervention d’un citoyen qui a alerté la police pour que les agresseurs lâchent ce qu’ils considèrent « des voleurs » de leur pitance quotidienne. Ce drame renseigne sur ce que subissent les Subsahariens, victimes aussi du racisme ordinaire. Depuis des semaines, de nouveaux arrivants sont venus grossir les rangs des journaliers de porteurs, cette « armée de réserve » tant décrite dans la littérature marxiste du dix-neuvième siècle. Avec cette particularité : la couleur sombre de leur peau. Pareille aux Algériens, dont la plupart viennent des autres wilayas, ils se dispersent en petits groupes aux alentours du rond-point « Bouchikhi ». Ils attendant un éventuel recruteur pour charger ou décharger les camions de ciment ou autre matériau de construction. Ils ont déjà assimilé les techniques de l’emploi : dès qu’un engin s’arrête, ils accourent vers lui pour proposer leurs bras. Dans cet univers, la volonté de survivre prend le dessus sur d’autres sentiments et valeurs humaines. En tout cas, il est presque indécent d’évoquer la solidarité entre déclassés sociaux. L’attente peut durer des heures ou des jours. Steve, un Camerounais qui a travaillé comme animateur radio dans ce pays, reconnaît que certains jours, « je mange grâce à la charité de certains bienfaiteurs ». Ces travailleurs, ne bénéficiant d’aucune attache dans leur pays hôte, sont tous munis d’un sac ou d’un sachet plastique où ils conservent leur tenue de corvée. Malgré leur dénuement, ils apparaissent moins débrayés que ceux venus des alentours et dont certains ont des foyers et des épouses pour veiller à leur entretien. Quand ils peuvent se permettre un soda ou une quelconque consommation, ils s’attablent sur la terrasse d’un café non loin de ce rond-point, ressuscitant le fameux « maoukaf » de l’époque coloniale, où les colons venaient sélectionner les bras à embaucher dans leurs fermes. Ils sont facilement abordables et reconnaissent qu’ils se trouvent dans une situation irrégulière en Algérie. Ce qui les fragilise davantage, explique-t-il. Ils souffrent aussi des préjugés d’experts dans le trafic des faux billets qui leur collent à la peau. « Croyez-vous que je serais ici si j’étais un faux monnayeur ? », lance-t-il. Certains n’éprouvent aucune gêne à évoquer des sujets de nature politique. Ils sont très préoccupés quant à la stabilité de l’Algérie. « Avec toutes les difficultés que nous rencontrons ici, l’Algérie est finalement le seul pays où nous pouvons fuir. » Fuir, veut dire dans leur bouche, un pays en proie à la guerre civile et aux coups de force répétitifs. A cause du handicap de la langue, ils n’ont aucun contact avec ceux qui les considèrent comme des concurrents et qui les observent de loin avec un œil malveillant. C’est vrai que leur situation ne leur permet pas de négocier correctement leur embauche. Un chauffeur de taxi qui a fait appel à leurs bras nous dira qu’il les a payés 2 000 DA, alors que des concitoyens à lui ont exigé pour la même tâche 5 000 DA. Ces Subsahariens sont conscients qu’ils sont perçus comme des « casseurs » de prix. « Que peut-on faire dans un marché informel » où l’offre de travail est rarissime ? s’interrogera Steve. Notre interlocuteur se défend que lui et ses semblables « ramassent » les restes de ce que les Algériens n’acceptent pas. « Des fois, devant la hargne des Algériens, nous sommes obligés de nous retirer et attendre qu’ils soient servis », ajoute-t-il. Du côté algérien, on admet que ces Subsahariens, exactement comme eux, sont obligés de gagner leur vie de cette manière ingrate. Ceux avec qui nous avons pu avoir un brin de causette se réfugient dans le discours religieux.
    « Finalement, Celui qui nous a créés est en mesure de nous assurer à nous et à eux notre pain quotidien. » Mais vite, on verse dans les clichés et les accusations. « Les Noirs sont là aussi pour voler », nous lance un homme, la quarantaine, bruni par le soleil. « L’autre jour, un Chinois venu chercher de la main-d’œuvre a été délesté de son mobile et de son porte-monnaie », ajoute-t-il, sur un ton de défi. Un autre n’ira pas par trente-six chemins. « Déjà ici, nous, enfants du pays, nous avons du mal à trouver du travail pour pouvoir nourrir nos enfants, et là nous sommes concurrencés par les autres. » Par « les autres », il entend les Subsahariens et même les Marocains. Il refuse nos comparaisons avec « les clandestins algériens » en Espagne et ailleurs, qui eux aussi sont mal vus par les chômeurs espagnols, portugais ou français. En tout cas, l’arrivée de ces nouveaux porteurs sur ce marché réjouit plus d’un. « Les nôtres ne travaillent pas », nous lance un camionneur.
    « Désormais, quand j’ai une charge, je ne fais appel qu’aux Africains. Ils s’interdisent même de fumer une cigarette quand ils travaillent. Alors que les nôtres réclament une pause au bout de la première heure de labeur », estime-t-il. Encore un cliché… qui a de longs jours devant lui.

    REPORTERS.DZ
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    En tout cas, l’arrivée de ces nouveaux porteurs sur ce marché réjouit plus d’un. « Les nôtres ne travaillent pas », nous lance un camionneur.

    « Désormais, quand j’ai une charge, je ne fais appel qu’aux Africains. Ils s’interdisent même de fumer une cigarette quand ils travaillent. Alors que les nôtres réclament une pause au bout de la première heure de labeur », estime-t-il. Encore un cliché… qui a de longs jours devant lui.
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    Et c'est un Algérien qui le dit , ce n'est pas un chinois ni un français

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