Les troubadours inventent une nouvelle conception de l'amour et l'intègrent au système des valeurs chevaleresques. La fin'amor, ou amour courtois, est une éthique de la sexualité sublimée, et une esthétique du désir qui ne peut être assouvi : la dame aimée est une suzeraine, par définition supérieure et inaccessible, en général mariée à un autre.
Mais l'invention principale des troubadours n'est pas thématique ni morale : l'amour courtois est en effet inséparable de la poésie, l'amour pour la dame est aussi l'amour pour la langue. La poésie courtoise fonde ainsi une morale profane de la création poétique. C'est par le raffinement formel du poème que le troubadour lutte contre la menace, toujours présente au coeur du poème, du néant, de l'ironie, du désespoir et de la mort. Le concept de joi, ambigu en raison d'une étymologie multiple (gaudium, la joie, mais aussi joculus, le jeu, et peut-être jocalis, joyau) met bien en évidence la complexité du plaisir recherché par le troubadour, jeu et joie de l'amour mais aussi de l'écriture.
Mais l'invention principale des troubadours n'est pas thématique ni morale : l'amour courtois est en effet inséparable de la poésie, l'amour pour la dame est aussi l'amour pour la langue. La poésie courtoise fonde ainsi une morale profane de la création poétique. C'est par le raffinement formel du poème que le troubadour lutte contre la menace, toujours présente au coeur du poème, du néant, de l'ironie, du désespoir et de la mort. Le concept de joi, ambigu en raison d'une étymologie multiple (gaudium, la joie, mais aussi joculus, le jeu, et peut-être jocalis, joyau) met bien en évidence la complexité du plaisir recherché par le troubadour, jeu et joie de l'amour mais aussi de l'écriture.
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