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Carburant : lutte contre la contrebande fait flamber les pots-de-vin

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  • Carburant : lutte contre la contrebande fait flamber les pots-de-vin

    «C’est faux de dire que le trafic a disparu ! Regardez ces chaînes interminables de véhicules à l’entrée des stations-service. Les hallabas ont simplement changé d’habits.» A l’évocation des mesures prises, fin juillet, par le Premier ministre pour lutter contre la contrebande, et aupravant, celles prises par le wali, Ahmed Belkheïr, président d’une association de protection de l’environnement, à Maghnia, près de la frontière marocaine, s’emporte. Selon lui, les trafiquants ont changé leurs véhicules «suspects» (Renault 21, 25, Expert, Mercedes, Peugeot 405, etc.) par des voitures de type Hyunday Accent, Renault Logan, Clio. «Soit tous les autres modèles, même ceux acquis grâce au dispositif de l’emploi de jeunes (Ansej)», poursuit-il.
    Grâce à des complicités à tous les niveaux, un trafiquant gagne aujourd’hui 1500 DA net sur un jerrican de 30 litres. Trois fois plus qu’avant l’arrêté du wali, selon lequel les stations ne doivent plus être livrées tous les jours, mais tous les… trois jours. «Avant, je donnais 200 DA de pot-de-vin à chacun de mes passages à un barrage de la douane, de la gendarmerie ou des gardes-frontières, témoigne un hallab. Aujourd’hui, cet impôt a doublé !» Selon Ahmed Belkheïr, les mesures prises, cet été par le Premier ministre, ont étranglé les habitants. Il y a à peu près trois mois, le dépôt 138 de Naftal de Remchi (20 km de Tlemcen) approvisionnait les stations-service de la wilaya de Tlemcen à raison de 2 millions de litres de carburant par jour, avant que cette quantité soit réduite à un million de litres, pour aujourd’hui chuter à 700 000 litres/jour.
    Vieille 405
    La fermeture de sept stations-service sur la bande frontalière ouest, dont cinq par le wali pour, selon ses services, non-respect de son arrêté, a aussi aggravé la crise. Le gérant d’une station-service confie : «Auparavant, on recevait 27 000 litres un jour sur deux. Aujourd’hui, on nous approvisionne à raison de 14 000 litres une fois tous les trois jours. Une station au sud de la wilaya ne reçoit que 27 000 litres une fois par semaine. Les quantités ont drastiquement baissé, alors que le parc automobile est resté le même, c’est impensable. On a voulu punir les hallabas, mais en vérité, on sanctionne tous les automobilistes.»
    Plus grave : dans cette région frontalière, tout automobiliste est potentiellement considéré comme un trafiquant. Il y a une semaine, un médecin d’une wilaya de l’intérieur du pays, ignorant le contexte dans l’extrême ouest du pays, a fait son plein d’essence dans une wilaya limitrophe pour aller à la plage. Il a été arrêté à Maghnia et déféré au parquet pour trafic de carburant. Son crime ? Ne pas avoir respecté les consignes du wali selon lesquelles chaque véhicule n’a droit qu’à 500 DA de carburant. Les camions ont, quant à eux, droit à
    2000 DA.
    Au quotidien, les dépassements sont fréquents. Pour les «pères de famille», propriétaires de vieille 405 ou de Mercedes, voitures classées «voitures de contrebande», entrer dans une station-service est une provocation. «Pour éviter les problèmes, on les prie de quitter la chaîne et aller ailleurs chercher leur carburant. Ce n’est pas légal, mais il vaudrait mieux que j’expulse de ma station un automobiliste que de voir ma station fermée sans préavis, ni notification», reconnaît le gérant d’une station-service.
    Tranchées
    Une quarantaine d’associations de Maghnia, Nedroma et Ghazaouet, se sont élevées contre ces abus. «Nous sommes entièrement d’accord avec les mesures. Qu’elles mettent fin à ce trafic qui nuit depuis si longtemps à notre économie nationale. Cependant, malgré toutes ces mesures, nous constatons que le trafic persiste, tout comme les tensions sur l’essence et le gasoil. Nos revendications sont claires : que toutes les forces actives s’impliquent pour venir concrètement à bout de ce fléau. Nous souhaitons que l’armée surveille les frontières.
    C’est bien beau de creuser des tranchées, encore faudrait-il que ceux qui sont censés surveiller les frontières jouent le jeu, et c’est loin d’être le cas.» Il y a une semaine, la douane relevant de la direction régionale de Tlemcen a saisi 3900 litres de carburant dans différents endroits frontaliers de la wilaya, et en un mois, 126 contrebandiers ont été arrêtés, 350 000 litres d’essence et de gasoil saisis et 50 véhicules mis en fourrière.
    Fellahs
    L’arrêté du wali rationnant le carburant sur la bande frontalière ouest a aussi touché les agriculteurs de cette sanction. «Nous sommes des fellahs, nos terres se trouvent en zone rurale, il n’en fallait pas plus pour que nous soyons à notre tour considérés comme des contrebandiers par les pouvoirs publics, témoigne l’un d’eux. Sinon comment expliquer que depuis le mois de mai dernier, nous n’avons pas été approvisionnés en gasoil ? Pour ne pas cesser notre activité, nous sommes contraints de nous rabattre sur les vrais trafiquants qui stockent le carburant dans des dépôts, au su et au vu de tous. Nous sommes obligés d’acheter un jerrycan de 30 litres à 2000 DA, alors que son vrai prix dans les stations-service est de 360 DA, c’est de la pure hogra. On ne pourra plus continuer à travailler à perte et avec le risque de se faire arrêter et accuser de faire le trafic de carburant !»

    « Ils n’ont fait que déplacer le problème »


    Le long de la route entre El Kala et El Tarf, quelques véhicules font la queue devant les stations-service. «Rien de comparable à ce qui se passait avant», affirme le secrétaire général par intérim de la wilaya, Mourad Cherigan. Il évoque les files interminables, les voitures qui roulent à toute allure à travers les villages, les accidents et les agressions à répétition. Les autorités sont satisfaites. La contrebande aurait été réduite de 50%. Sauf qu’au quotidien, rien n’est simple pour les habitants.
    «Si seulement on pouvait faire le plein comme avant», regrette un homme qui patiente devant une station-service. Depuis la fin du mois d’août, les particuliers sont limités à 400 DA d’achat de carburant, les routiers à 2000 DA, et seuls les transporteurs de voyageurs sont exonérés de cette mesure. «On ne demande pas à avoir des réserves pour 3 ou 4 jours, mais avec 400 DA, je peux tout juste arriver jusqu’à Annaba. Je passe ma journée à chercher des stations-service pour éviter la panne», explique un commercial.
    Coût
    Pour les professionnels, le coût de la lutte contre la contrebande est important. Le 10 juin, les autorités ont demandé aux stations-service de tenir un registre des achats d’essence. A chaque fois, il faut noter l’identité de la personne, celle de la voiture, l’heure d’achat et la quantité de carburant achetée. Résultat ? «J’ai dû engager 4 personnes supplémentaires, et ce registre me pose des problèmes avec certains clients», grimace le patron d’une pompe à essence. La contrebande continue.
    Dans la file, la plupart des voitures sont immatriculées en Tunisie. Un jeune homme est au volant d’une imposante berline noire : «C’est évident que les Tunisiens continuent de venir. Chez nous, le carburant est 5 fois moins cher !» Même son de cloche du côté d’un autre gérant. «La différence de prix est tellement importante, que même s’ils doivent aller s’approvisionner en plusieurs endroits, ou aller encore plus loin, les contrebandiers y gagnent toujours. Tant que l’Etat subventionnera notre carburant, la contrebande continuera !»
    Un habitant confirme : «Les petits contrebandiers, qui tentent d’arrondir leurs fins de mois, continuent de venir. Les hallabas, plus organisés, vont désormais s’approvisionner à Annaba. Ils n’ont fait que déplacer le problème.» Personne ne semble comprendre ce qui a poussé les autorités à décider de telles restrictions, jugées inefficaces. «Tout le monde sait que ce sont des membres des services de sécurité qui profitent de ce trafic», lance un habitant. Entre El Kala et El Tarf, un barrage marque la route qui prend la direction de la frontière. «Ces militaires connaissent les véhicules qui passent, ils savent qui fait des allers et retours. S’ils voulaient vraiment lutter contre la contrebande, ils commenceraient par arrêter ces voitures-là.»
    (D'El Tarf. Yasmine Saïd)


    L'actu :


    En Algérie. Le trafic de carburant a repris dans la wilaya d’El Tarf, à l’Est du pays, a constaté l’APS en début de semaine. Les trafiquants ont changé de cap en délaissant les stations services habituelles, à El Kala et à El Tarf où le contrôle des stations-service s’est durci, pour préférer les localités isolées et un peu plus éloignées à l’exemple de Berrihane ou de Reghia.

    Au Maroc. Le gouvernement marocain de Abdelillah Benkirane a revu à la hausse le prix du carburant pour la deuxième fois en quelques mois
    EL WATAN

  • #2
    C est comme positive de diminuer la marge de bénéfice des hallabas ce qui va demotiver certains et donc freiné la croissance de ce trafic
    If you want to go fast go alone, if you want to go far go together....
    You have to have a dream so you can get up in the morning....

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