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Après les inquiétants incidents de l’été dernier : Retour sur la fièvre salafiste en Kabylie

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  • Après les inquiétants incidents de l’été dernier : Retour sur la fièvre salafiste en Kabylie

    Écrit par Ouiza K.

    Se rendre en Kabylie en ce début de mois de septembre pour tenter de comprendre les raisons de l’offensive salafiste dans cette région relève de l’exploit. Même si les citoyens de la région évoquent « le phénomène » avec sagesse, les militants salafistes, eux,se refusent à tout commentaire. Depuis quelques années, notamment en cette année, plusieurs imams ont dû quitter précipitamment leur fonction pour cause « de prêches salafistes ».
    La réaction des villageois contre ce qu’ils appellent « la salafisation » de leur région n’est pas inattendue. Elle est le résultat immédiat d’une offensive menée par des réseaux salafistes activant dans la région. La première action menée contre un imam est enregistrée en 1995 au village At Rgane, du côté d’Agueni Gueghrane (Ouadhias). Elle a été menée par un patriote du côté de Tikjda. Le terrorisme étant à son apogée, l’imam, témoignent les citoyens d’At Rgane, s’est permis des appels au meurtre des intellectuels et des artistes. «Son soutien au terrorisme lui a valu la colère des citoyens», lesquels « ont décidé de le chasser de leur village », racontent-ils. « Il s’en est pris à notre tradition religieuse », raconte un autre citoyen, qui a précisé que l’imam en question a déclaré dans un prêche que « les motifs faits par les femmes sur la poterie sont haram ». Le procédé est presque le même partout en Kabylie. Les citoyens dénoncent « une atteinte à une pratique religieuse ancestrale », que les salafiste veulent remettre en cause. Aux At Si Youcef (At Boughardane) en 2005 et aux At Mesbah, du côté des At Douala, durant la même année, deux cas similaires ont été enregistrés. Le grief retenu contre ces imams est l’activisme salafiste.


    Le faux pas des salafistes

    Après l’affaire de la mosquée d’Aghribs, du côté d’AzeFoun, celle d’Imzizou et de Tifilkout renseignent sur « cet engagement » des réseaux salafistes à imposer une pratique inconnue jusque-là en Kabylie. Le choix des cibles n’est pas fortuit. Ainsi, l’affaire de la mosquée d’Aghribs porte toute la symbolique de cette montée du salafisme. Les citoyens d’Aghribs se sont retrouvés face à un groupe de salafistes qui voulaient, au début, construire une mosquée avec la bénédiction du comité de village. « En l’espace d’une nuit, trois semi-remorques pleins de matériaux de construction font irruption dans le village à une heure tardive », raconte Tahar, enseignant et citoyen d’Aghribs. Pour lui, il n’y avait aucun doute, ces matériaux sont destinés à construire un lieu de prédilection à un réseau salafiste local. Ce qui fut fait, les citoyens ont décidé de mettre fin aux travaux avec « l’annulation du permis de construire » délivré auparavant par l’APC, et engager les travaux de rénovation de l’ancienne mosquée, Sidi Djaffar. L’affaire a traîné en longueur pour se retrouver entre les mains de la justice. D’ailleurs, de nouveaux rebondissements, cette semaine, ont émaillé l’actualité locale. Dans une déclaration rendue publique le 14 de ce mois par les citoyens d’Aghribs, ils dénoncent « un groupe de salafistes aux comportements provocateurs». Le même document rappelle que plusieurs citoyens ont été pris pour cible par ce groupe qui a érigé « un faux barrage ». Ils ont ajouté que plusieurs plaintes ont été déposées, « mais restées sans suite ». « Encouragés par cette démission des pouvoirs publics, ces éléments persistent dans leurs agissements et commettent désormais des exactions gravissimes sur des villageois excédés par la passivité de la force publique », dénoncent-ils par ailleurs.
    « La construction de Ia mosquée de Sidi Djaffar, aujourd’hui symbole de Ia pratique religieuse libre et paisible de la Kabylie, est un exemple du combat citoyen que n’a cessé de mener notre localité. Ni les milliards déversés par la pègre, ni l’irruption de complices étrangers, ni le laxisme des autorités n’ont pu venir à bout de la solidarité et de la détermination des enfants de Sidi Djaffar qui ont défendu les leurs dans toutes les prisons d’Algérie pour la liberté, la dignité et la démocratie », lit-on encore dans le document. Ce procédé, qui consiste à ériger de nouvelles mosquées dédiées essentiellement à l’activisme politique, se répand comme une traînée de poudre. A Tifilkout, les citoyens, qui ont décidé de mettre fin aux fonctions de l’imam qu’ils ont jugé de salafiste, évoquent aussi la construction d’une nouvelle mosquée sur une assiette foncière appartenant au village. « La mosquée a été construite sur un terrain du village, et c’est le comité qui a pris en charge les travaux de la mosquée ». Donc, de ce fait,
    « il revient à ce comité de gérer cette enceinte», déclarent les citoyens qui ont initié une pétition contre l’imam. Plus loin encore, ces mêmes citoyens dénoncent « cette machination » qui vise leur village. Etant le plus grand village de la région, ils estiment que « cette offensive salafiste, aidée par des commerçants étrangers à notre village, vise en premier lieu à casser la pratique religieuse ancestrale de la région pour la soumettre à un activisme salafiste ». Au sein du village, les citoyens sont catégoriques, même si certains n’éprouvent pas la nécessité de « chasser » l’imam. « Ils ne connaissent pas la nature du salafisme », précise Farid. Pour eux, « la prière est une affaire personnelle », qui ne s’immisce « pas dans la politique ». En revanche, les activistes salafistes qui se rendent à Tifilkout « profitent de la sagesse des villageois pour imposer leur ligne de conduite », dénonce une citoyenne.

    Les mosquées d’Imzizou et la direction des wakfs

    A Imzizou, du côté de Fréha, l’affaire des mosquées a pris une tournure très dangereuse. Ainsi, les villageois accusent ouvertement la direction des affaires religieuses d’avoir
    « concocté » un plan pour « diviser le village ». La genèse du problème remonte à la décision du village de construire une nouvelle mosquée, sous l’égide du même comité. Les travaux engagés, la direction des affaires religieuses décide alors d’installer un imam pour cette nouvelle mosquée, sans pour autant démettre l’ancien de ses fonctions. Le village se retrouve ainsi avec deux mosquées, deux imams et deux prêches diamétralement opposés chaque vendredi. L’un étant salafiste et l’autre épris des valeurs locales s’adonnent à une concurrence ardue. Les citoyens décident dès lors de mener un mouvement contre l’imam accusé de salafisme, car, selon un des citoyens du village, l’imam aurait « indiqué dans un prêche qu’un citoyen invité à faire la prière à trois reprises sans qu’il accepte doit être tué ». C’était en effet la goutte qui a fait déborder le vase et le village entre en dissidence contre cet imam qui a tenté, au départ, de résister, mais en vain. Ces citoyens estiment que la direction des affaires religieuses n’est pas seulement responsable de cet état de fait, mais elle est coupable de tentative de diviser le village pour donner libre cours aux salafistes de tout acabit. A Laziv, du côté d’Akbou, les citoyens ont aussi dénoncé « la pratique religieuse non conforme aux traditions de leur imam ». La direction des wakfs de Béjaïa étant saisie, l’imam quitte le village sans faire de bruit.

    Les répercussions de l’action du 3 août

    Lors du mois de jeûne écoulé, un groupe de militants a décidé d’organiser une journée de défense de la liberté de conscience. L’appel lancé, des centaines, voire des milliers de citoyens signent l’appel et se rendent le jour J à la place Matoub-Lounès de Tizi-Ouzou.
    « Le déjeuner républicain » fut un succès, la presse mondiale en parle. Dès lors, les militants salafistes de la région ont décidé « de laver l’affront» en organisant « une rupture du jeûne » collective à la même place. La veille, Ali Benhadj s’y rend, avant d’être arrêté par les services de sécurité.

    Tifilkout



    L’imam tente de résister

    Après avoir dénoncé les prêches salafistes de l’imam, les citoyens de Tifilkout ont lancé une pétition pour exiger son départ. Tournant le dos à l’exigence des villageois, l’imam tente de résister en engageant un bras de fer avec ces mêmes villageois. Ces derniers ont décidé, alors, d’interpeller la direction des affaires religieuses de Tizi-Ouzou. Selon des informations, l’imam en question n’était qu’un «bénévole» payé, selon ces citoyens, par des commerçants salafistes de la ville des Genêts.

    O. K.

    Tizi Rached



    L’imam de Taddart Oufella dénoncé par les citoyens

    En fin de semaine dernière, les citoyens de Taddart Oufella, du côté de Tizi Rached, ont dénoncé l’imam du village qui s’adonne, selon leur déclaration, à des pratiques de sorcellerie. « Il boycotte les décès et les mariages, mais pratique la sorcellerie au sein de la mosquée », a-t-on appris auprès d’un membre du comité de village de Taddart Oufella. Les villageois ont exigé son départ du village dans les plus brefs délais. 

    O. K.



    M’chedellah



    Les salafistes s’opposent à un gala dans la ville

    C’est dans le cadre des festivités du ramadan que l’APC de M’chedellah a programmé un gala sur la place publique de la ville en face de la mosquée. Les invités conviés, le public informé, un groupe de salafistes s’oppose et « pousse » le maire de la localité à annuler le gala. Les autres citoyens ont dénoncé « des accointances » entre l’APC et les salafistes.

    O. K.

    Aghribs



    Le maire menacé de mort par des terroristes
    L’affaire d’Aghribs est loin d’être une simple affaire de construction de mosquée. Elle est l’expression d’une offensive salafiste dans la région où se mêlent, argent, menaces, pressions et politique. « Le nom du maire de la localité a été retrouvé sur une liste de personnes à abattre récupérée sur la dépouille d’un terroriste abattu dans la région par des militaires », a-t-on appris auprès des citoyens d’Aghribs.

    O. K.

    Action du 3 août



    Pressions sur les présents

    L’artiste Zedek Mouloud, qui a pris part à l’action du 3 août, a été victime, lui et sa famille, de pressions et de menaces émanant de cercles islamistes occultes. Face à cela, il a décidé de mettre fin à sa carrière, n’était la mobilisation de la région pour le faire revenir sur sa décision.O. K.

    REPORTERS.DZ
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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