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Le tout-pétrole (timidement) contesté en Norvège

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  • Le tout-pétrole (timidement) contesté en Norvège

    Plateforme pétrolière en mer de Norvège
    Citoyens d'une pétromonarchie devenue richissime au cours des vingt dernières années, à la tête d'un fonds souverain de 570 milliards d'euros et connaissant un taux de chômage d'à peine 3,2%, les Norvégiens, qui ont voté lundi 9 septembre lors d'élections législatives remportées par la droite, semblent vivre dans une bulle, à mille lieues d'une Europe en crise. Lorsque récemment le Parlement a voté en faveur de nouvelles activités pétrolières et gazières, ce décalage est devenu une évidence pour le premier et seul élu des Verts dans le nouveau Parlement, Rasmus Hansson. "La Norvège a réaffirmé sa volonté d'être un producteur d'hydrocarbures aussi longtemps que possible et partout où c'est possible. Aucun parti au Parlement ne s'y est opposé ou n'a remis en cause ce choix." Biologiste de formation, secrétaire général pendant dix ans de la section norvégienne du WWF, le Fonds mondial pour la nature, Rasmus Hansson a un objectif clair : perturber ce consensus et être le porte-parole du désengagement pétrolier.


    Les conservateurs, grands vainqueurs du scrutin du 9 septembre, ont jusqu'à la mi-octobre pour former une coalition gouvernementale. Les Verts ont d'ores et déjà annoncé qu'ils comptent bien se faire entendre au Parlement sur ce sujet, alors que deux nouvelles découvertes d'hydrocarbures ont été faites début septembre en mer de Barents. Pour Rasmus Hansson, il ne fait pas de doute que ce pétrole doit rester là où il est. "Le pétrole est une ressource fabuleuse qui peut être utilisée pour beaucoup de choses, comme la pétrochimie. Il serait donc primitif de simplement le brûler. Il est évident que ces gisements ne doivent pas être exploités."

    AMBITION CLIMATIQUE ÉLEVÉE

    Seul, Rasmus Hansson aura du mal à se faire entendre. Il espère donc que les deux petits partis de centre droit au profil plutôt vert, les libéraux et les chrétiens populaires, appelés à siéger au gouvernement, seront capables de résister à la politique du tout-pétrole que prônent les conservateurs et les populistes du Parti du progrès. Le vrai test sera l'ouverture ou non à l'exploration de la zone au large des îles Lofoten (Nord), territoire de reproduction de la morue et champ de bataille depuis des années entre pro- et antipétrole.

    "Si nous voulons rester sous la barre des deux degrés en termes de réchauffement climatique, dit Rasmus Hansson, nous devons laisser les deux tiers des réserves de pétrole et de gaz connues dans le sol. Dans le cas norvégien, si tout ce qui est déjà trouvé est consommé, nous exploserons nos objectifs. La conclusion est que nous devons arrêter maintenant." Mais la pression est énorme: les investissements dans le secteur des hydrocarbures norvégiens atteignent des niveaux historiques.

    Une transition semble pourtant d'autant plus nécessaire que, comme les partis en conviennent, le tout-pétrole pose problème aux autres secteurs de l'économie qui peinent à recruter et ne peuvent concurrencer les salaires élevés pratiqués dans ce secteur. Ces dernières semaines, certains patrons ont remis en cause les choix actuels dans les colonnes de quotidiens économiques.

    Mais pour le moment les partis ont préféré adopter les arguments présentés notamment par la compagnie Statoil, selon laquelle la production norvégienne d'hydrocarbures est "propre" comparée à celle des autres pays. Une ineptie selon Helge Ryggvik, universitaire et auteur d'un ouvrage sur la Norvège et le pétrole : "Tout baril de pétrole, quelle que soit la façon dont il est produit, rejette 400 kg de CO2 dans l'atmosphère quand il est consommé, soit 40 fois plus que ce qui est rejeté par le processus de production." A l'étranger, la Norvège affiche une ambition climatique très élevée, engageant par exemple beaucoup d'argent au Brésil pour lutter contre la déforestation. Mais la Norvège est aussi le pays de l'OCDE qui a le plus augmenté ses émissions de gaz à effet de serre, étant à un niveau plus haut qu'en 1990 alors que la plupart des pays de l'OCDE ont au contraire diminué leurs émissions. A l'étranger, l'image d'une Norvège vertueuse prévaut souvent. Mais elle dérange de plus en plus de Norvégiens.

    LE MONDE GEO ET POLITIQUE
    Par Olivier Truc
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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