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Petites misères de la diplomatie algérienne

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    Petites misères de la diplomatie algérienne



    A quoi sert la diplomatie algérienne ? A faire tourner le prochain mouvement annoncé des diplomates. Petit événement qui peut être un faux : on sait que dans ce métier, il y a un système de caste qui tue les œufs avant l'éclosion. On peut y être jeune, brillant, convaincu ou parrainé, on y atteint l'âge de retraite avant de commencer à travailler. Les « postes » sont réservés, en général, par et pour un clan d'âge inaccessible aux autres. Le corps étant jugé comme corps gâté et bien payé, la protesta cyclique des agents pour faire cesser l'apartheid des nominations n'a pas eu d'écho populaire. Personne n'a soutenu ces étranges grévistes contre Medelci et contre Ouyahia et personne ne le fera. La raison ? Selon la rancune nationale, ils sont bien payés, en euros, voyagent en avion et en costume. Dans les faits ? C'est vrai et c'est faux. 3000 euros par mois est un salaire, un vrai. Sauf qu'on ne les gagne que si on est en « poste ». Rappelé au pays, la rente devient 50.000 da. Presque rien pour manger et loger. Pourquoi en parler ainsi ? Pas pour se faire l'avocat d'un métier mais juste pour décortiquer la gravité entre l'arbre et la pomme : soucieux de gagner leur vie, les diplomates et agents tiennent à leur poste. Avec les mains, les pieds, la courbette ou la servilité ou cette énorme prudence qui vous réduit à vivre avec les yeux. Cela donne une diplomatie sans os, terrifiée par les rapports « parallèles » des services qui peuvent mettre fin à une carrière et briser un élan ou placer une fille et un fils. Le corps est gangrené par la mangeoire, les placements héréditaires et l'endogamie. Les « services », les réseaux et les cooptations et le système de la servilité donneront au pays ce corps gras et glissant d'une diplomatie sans teneur, bureaucrate et sans points cardinaux. Et cela donnera l'image d'un pays flou, faible et vaniteux. C'est ainsi toujours, lorsqu'on représente un régime, pas un Etat ou une nation.

    A la facture, il faut ajouter l'addition de l'hésitation doctrinale nationale. Mis à part gérer la carrière, les visites et les shoppings du régime, et les salaires, le corps diplomatique algérien n'a pas de sens et de but collectif dans la vie. Comme le pays, le peuple autour des puits. On ne sait pas si on est pour ou contre une intervention au Mali ? Pour ou contre Morsi ? Pour ou contre soi-même ? Détestant l'Algérie ou dépendant de cette détestation ? N'ayant pas des envies de conquêtes de marchés et de territoires, réduit aux ambitions de la vieillesse et dépendant du pétrole, on n'a pas une diplomatie de prospection mais de gestion des affaires courantes. Le tout dépendant des coups de fil donnés (ou refusés aussi) autrefois à Medelci ou des humeurs du super ministre des AE qu'est Bouteflika dans sa tête.

    A la fin, une diplomatie floue, mal assise sur sa chaise roulante, refusant des visas sur fichier de l'URSS, surréaliste, asservie par les « agents » et les rapports des « services », bloquée par le système de la rente et sous emprise d'une caste et de quelques marmailles. Le corps diplomatique algérien c'est aussi un peu Air Algérie, mais sans décollage et avec otages. Sans but.

    Pourquoi en parler aujourd'hui ? Parce que Bouteflika va libérer un prochain quota de diplomates : ils seront vieux, ratatinés, fourbes, serviles ou frustrés de ne pas pouvoir « pouvoir ». Le mouvement ne touchera pas la fille de tel député jacasseur, ni le fils de tel ancien général. Personne n'a de main sur cet ANSEJ pour descendants gâtés.

    Conclusion ? Elle est dans la plus vieille blague de ce métier : l'Algérie étant l'un des rares pays à ne pas avoir d'attaché commercial dans ses ambassades. La raison ? Une bataille sourde, qui remonte aux temps de Koreich entre le ministère des AE et celui du Commerce. Chacun voulant garder la main sur les nominations. La blague dure depuis des décennies pour un régime qui ne veut que deux choses : le pétrole et son image retouchée. Elle est le meilleur indice sur la conception que l'on se fait de ce métier, de ses missions et de son sens.

    Passons cependant, l'essentiel est dans ce qu'on oublie aussi : les diplomates otages au Sahelistan et dont on parle si peu, ou pas du tout et qu'on oublie. Un crime de négligence que personne n'a payé. Eux, ils sont encore en poste, car en otages, malgré eux.

    par Kamel Daoud


    L e Quotidien d'Oran
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "

  • #2
    Très bien informé le Daoud ...
    Un budget de 300 millions $ jeté par la fenêtre à cause d'un système secondaire souffrant d'un système principal mal conçu.
    وإن هذه أمتكم أمة واحدة

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