Un bateau transportant environ cinq cents migrants a fait naufrage, jeudi 3 octobre, près de Lampedusa, une île proche de la Sicile qui fait souvent office de porte d’entrée pour l’immigration illégale en Europe. Un bilan diffusé par les gardes-côtes a été porté à au moins cent trente morts, après la découverte de 40 nouveaux cadavres dans et autour de l’embarcation qui git retournée à une quarantaine de mètres de profondeur. Selon les médias italiens, seuls cent cinquante passagers ont été sauvés jusqu’à présent.
« Les recherches sont encore en cours pour retrouver des rescapés », ont assuré les autorités, qui ont précisé que les naufragés avaient passé déjà plusieurs heures dans l’eau, près de l’île des Lapins, îlot situé à proximité de Lampedusa, plus proche des côtes nord-africaines que de la Sicile. Selon le Corriere della Sera, « une trentaine d’enfants et trois femmes enceintes » feraient partie des personnes toujours dans l’eau.
D’après les Nations unies, tous les passagers venaient d’Erythrée et étaient partis du port libyen de Misrata. Face à l’ampleur du drame, le président du Conseil, Enrico Letta, a convoqué un conseil des ministres pour« la proclamation demain [vendredi] du deuil national pour la tragédie de Lampedusa ».
Une telle décision avait déjà été prise après l’accident de car survenu le 28 juillet près de Naples, qui avait fait trente-huit morts, et après les séismes qui avaient frappé la Botte en 2012, dans la région d’Emilie-Romagne, et en 2009, à l’Aquila. En revanche, aucun deuil national n’avait encore été décrété après la mort de migrants, notamment après le plus gros naufrage dans la région, le 2 juin 2011, qui avait fait deux cent soixante-dix morts.
« IL FAUT QUE LES CAMÉRAS DE TÉLÉVISION VIENNENT ICI »
L’alerte a été donnée par deux bateaux de pêche qui se trouvaient dans la zone. Deux vedettes, l’une des gardes-côtes, l’autre de la douane, ont immédiatement été dépêchées sur place pour venir en aide aux naufragés. Des bateaux de plaisance participent également aux opérations de sauvetage, selon la Repubblica, et des hélicoptères et d’autres moyens aériens sont mobilisés. Des plongeurs inspectent les fonds de ce bras de mer, d’une profondeur d’environ 50 mètres, à la recherche de l’épave et d’éventuelles victimes.
Selon la maire de l’île, Giusi Nicolini, le navire a pris feu quand ses passagers, en grande partie des Somaliens, ont allumé des feux de détresse, alors qu’une fuite d’essence avait lieu. La barge a ensuite coulé rapidement. Le bureau du procureur a ouvert une enquête sur le drame. L’un des passeurs présumés a été arrêté après avoir été identifié par un groupe de migrants. Il s’agit d’un Tunisien, sauvé par les gardes-côtes, selon le quotidien italien Il Fatto quotidiano.
Une première polémique a éclaté après que plusieurs survivants ont affirmé qu’au moins trois bateaux de pêche étaient passés à proximité du navire en difficulté sans s’arrêter. Arrivé sur place quelques heures après le drame, le ministre de l’intérieur, Angelino Alfano, a tenté d’apaiser les esprits, expliquant que les pêcheurs« n’avaient sûrement pas vu le bateau, sinon ils seraient intervenus. » « Les Italiens ont un grand cœur », a encore plaidé le ministre, dont les propos sont retranscrits parle Corriere della Sera.
De son côté, la maire de Lampedusa a affirmé que « si ces faits sont avérés, il faudra faire la lumière sur ces manquements ». Le procureur d’Agrigente, chargé du dossier, pourrait demander d’enquêter sur ces allégations, et lancer des poursuites pour »non-assistance à personne en danger, et complicité de meurtre », selon le quotidien italien.
LAMPEDUSA « TRANSFORMÉ EN MORGUE À CIEL OUVERT »
Pour l’instant, les corps ont été transportés sur le quai du port de Lampedusa, « transformé en morgue à ciel ouvert », selon le Corriere. « Du point de vue du nombre de victimes, c’est une tragédie sans précédent », a expliqué au quotidien le médecin responsable de la clinique de Lampedusa, Pietro Bartolo. « Je n’ai jamais rien vu de tel, alors que je travaille ici depuis très longtemps ».
« C’est une horreur, une horreur ; ils n’arrêtent pas d’apporter des dépouilles, nous ne savons pas où mettre les corps », a expliqué la maire de Lampedusa, en pleurs, à l’agence de presse italienne ANSA. « Il faut que les caméras de télévision viennent ici, montrent les cadavres, sinon c’est comme si ces tragédies n’existaient pas », a-t-elle encore affirmé, appelant le premier ministre, Enrico Letta, à venir « compter les morts » avec elle.
Le pape François a qualifié de « honte » le naufrage, et a appelé les croyants à prier pour eux et pour « tous les réfugiés » dans le monde. Il s’était rendu à Lampedusa le 8 juillet dernier pour attirer l’attention sur le sort des migrants et fustiger « l’indifférence » qui les frappe.
Lundi, treize migrants – pour la plupart des Erythréens – s’étaient déjà noyés en tentant de rejoindre la côte près de Raguse (sud-est de la Sicile) après avoir sauté ou avoir été jetés par dessus bord par des passeurs d’une embarcation transportant environ deux cents migrants et réfugiés. Au début d’août, un drame semblable s’était produit sur une plage de Catane. Depuis le début de l’année, plus de vingt-deux mille migrants ont débarqué sur les côtes méridionales du pays, soit près de trois fois plus que pour l’ensemble de l’année 2012.
Lemonde.fr
Allah Yarahmoum
« Les recherches sont encore en cours pour retrouver des rescapés », ont assuré les autorités, qui ont précisé que les naufragés avaient passé déjà plusieurs heures dans l’eau, près de l’île des Lapins, îlot situé à proximité de Lampedusa, plus proche des côtes nord-africaines que de la Sicile. Selon le Corriere della Sera, « une trentaine d’enfants et trois femmes enceintes » feraient partie des personnes toujours dans l’eau.
D’après les Nations unies, tous les passagers venaient d’Erythrée et étaient partis du port libyen de Misrata. Face à l’ampleur du drame, le président du Conseil, Enrico Letta, a convoqué un conseil des ministres pour« la proclamation demain [vendredi] du deuil national pour la tragédie de Lampedusa ».
Une telle décision avait déjà été prise après l’accident de car survenu le 28 juillet près de Naples, qui avait fait trente-huit morts, et après les séismes qui avaient frappé la Botte en 2012, dans la région d’Emilie-Romagne, et en 2009, à l’Aquila. En revanche, aucun deuil national n’avait encore été décrété après la mort de migrants, notamment après le plus gros naufrage dans la région, le 2 juin 2011, qui avait fait deux cent soixante-dix morts.
« IL FAUT QUE LES CAMÉRAS DE TÉLÉVISION VIENNENT ICI »
L’alerte a été donnée par deux bateaux de pêche qui se trouvaient dans la zone. Deux vedettes, l’une des gardes-côtes, l’autre de la douane, ont immédiatement été dépêchées sur place pour venir en aide aux naufragés. Des bateaux de plaisance participent également aux opérations de sauvetage, selon la Repubblica, et des hélicoptères et d’autres moyens aériens sont mobilisés. Des plongeurs inspectent les fonds de ce bras de mer, d’une profondeur d’environ 50 mètres, à la recherche de l’épave et d’éventuelles victimes.
Selon la maire de l’île, Giusi Nicolini, le navire a pris feu quand ses passagers, en grande partie des Somaliens, ont allumé des feux de détresse, alors qu’une fuite d’essence avait lieu. La barge a ensuite coulé rapidement. Le bureau du procureur a ouvert une enquête sur le drame. L’un des passeurs présumés a été arrêté après avoir été identifié par un groupe de migrants. Il s’agit d’un Tunisien, sauvé par les gardes-côtes, selon le quotidien italien Il Fatto quotidiano.
Une première polémique a éclaté après que plusieurs survivants ont affirmé qu’au moins trois bateaux de pêche étaient passés à proximité du navire en difficulté sans s’arrêter. Arrivé sur place quelques heures après le drame, le ministre de l’intérieur, Angelino Alfano, a tenté d’apaiser les esprits, expliquant que les pêcheurs« n’avaient sûrement pas vu le bateau, sinon ils seraient intervenus. » « Les Italiens ont un grand cœur », a encore plaidé le ministre, dont les propos sont retranscrits parle Corriere della Sera.
De son côté, la maire de Lampedusa a affirmé que « si ces faits sont avérés, il faudra faire la lumière sur ces manquements ». Le procureur d’Agrigente, chargé du dossier, pourrait demander d’enquêter sur ces allégations, et lancer des poursuites pour »non-assistance à personne en danger, et complicité de meurtre », selon le quotidien italien.
LAMPEDUSA « TRANSFORMÉ EN MORGUE À CIEL OUVERT »
Pour l’instant, les corps ont été transportés sur le quai du port de Lampedusa, « transformé en morgue à ciel ouvert », selon le Corriere. « Du point de vue du nombre de victimes, c’est une tragédie sans précédent », a expliqué au quotidien le médecin responsable de la clinique de Lampedusa, Pietro Bartolo. « Je n’ai jamais rien vu de tel, alors que je travaille ici depuis très longtemps ».
« C’est une horreur, une horreur ; ils n’arrêtent pas d’apporter des dépouilles, nous ne savons pas où mettre les corps », a expliqué la maire de Lampedusa, en pleurs, à l’agence de presse italienne ANSA. « Il faut que les caméras de télévision viennent ici, montrent les cadavres, sinon c’est comme si ces tragédies n’existaient pas », a-t-elle encore affirmé, appelant le premier ministre, Enrico Letta, à venir « compter les morts » avec elle.
Le pape François a qualifié de « honte » le naufrage, et a appelé les croyants à prier pour eux et pour « tous les réfugiés » dans le monde. Il s’était rendu à Lampedusa le 8 juillet dernier pour attirer l’attention sur le sort des migrants et fustiger « l’indifférence » qui les frappe.
Lundi, treize migrants – pour la plupart des Erythréens – s’étaient déjà noyés en tentant de rejoindre la côte près de Raguse (sud-est de la Sicile) après avoir sauté ou avoir été jetés par dessus bord par des passeurs d’une embarcation transportant environ deux cents migrants et réfugiés. Au début d’août, un drame semblable s’était produit sur une plage de Catane. Depuis le début de l’année, plus de vingt-deux mille migrants ont débarqué sur les côtes méridionales du pays, soit près de trois fois plus que pour l’ensemble de l’année 2012.
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Allah Yarahmoum
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