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Écrit par Lena Azizi
Les brillants chroniqueurs de presse algérienne, dont la plume se nourrit en permanence du « malheur » d’être Algérien ou de l’absence de bonheur en terre d’Algérie, seront probablement embarrassés à la lecture du rapport mondial 2013 sur le bonheur ! L’Algérie n’est pas un paradis du Nord, mais elle n’est pas non plus un enfer. Sur une liste de 156 pays, elle se classe à la 73e place du bonheur ! Et quand on apprend que l’Algérie, c’est ce qu’il y a de mieux en termes de bonheur en Afrique du Nord, ça craint fort pour l’algéro-pessimisme. On n’est pas toujours les derniers ! On fait même mieux que 83 pays, dont la Turquie… Beaucoup d’Algériens, et pas seulement les chroniqueurs, vont devoir se pincer en lisant un rapport de l’ONU qui leur dit que « tout ne va pas si mal », alors que le ressenti est plutôt terne. Espérons que les chroniqueurs ne cèderont pas à la tentation de croire que le régime algérien « a acheté » les experts de l’ONU qui se sont chargés du classement. Et qu’ils se mettront à lire ce rapport pour relativiser les choses. D’abord, avec les ressources pétrolières et gazières et les efforts – coûteux et souvent inefficaces – en matière de santé publique, les chiffres du PIB par habitant et de l’espérance de vie « montent ». Et nous rapprochent des « heureux ». Certains autres critères retenus pour établir le classement du bonheur comme la «générosité » ou « la possibilité de pouvoir compter sur quelqu’un » relèvent aussi bien de la subjectivité que d’une réalité sociologique où le poids de la solidarité continue à jouer. Les auteurs du rapport peuvent les percevoir comme des éléments positifs, alors que vus, d’ici, ils peuvent être le signe d’une stagnation dans l’univers de la famille et de l’incapacité des individus à voler de leurs propres ailes. Les chroniqueurs peuvent, sans passer pour être des critiques fielleux, faire remarquer que les difficultés persistantes pour une importante partie des jeunes à avoir un logement pour se lancer dans la vie, construire des projets de couples pèsent lourdement dans le sentiment de non-bonheur. Sur les deux autres critères, absence de corruption et sentiment d’être libre de ses choix, les choses sont assez clairement établies sous le sceau du négatif. D’autres rapports internationaux le montrent de façon éloquente. Mais les choses étant relatives, le rapport du bonheur donne un classement mitigé pour l’Algérie. S’il nous rappelle que d’autres pays sont, pour diverses raisons – difficultés économiques, misère, guerre – dans des situations plus graves, cela ne doit pas nous faire oublier que la crise de la décennie 1990 a été corrélée par la chute des recettes pétrolières dans le milieu des années 1980 et par la cessation de paiement qui a conduit, en 1994, à passer sous la médication du FMI. Il faudrait être aveugle pour ne pas voir que notre « bonheur » acté dans le rapport de l’ONU est trop directement lié à un baril qui est resté dans une moyenne élevée. Et cela devrait suffire pour ceux qui pensent à l’avenir à ne pas trop se fier à ce bonheur chiffré…
REPORTERS.DZ
Les brillants chroniqueurs de presse algérienne, dont la plume se nourrit en permanence du « malheur » d’être Algérien ou de l’absence de bonheur en terre d’Algérie, seront probablement embarrassés à la lecture du rapport mondial 2013 sur le bonheur ! L’Algérie n’est pas un paradis du Nord, mais elle n’est pas non plus un enfer. Sur une liste de 156 pays, elle se classe à la 73e place du bonheur ! Et quand on apprend que l’Algérie, c’est ce qu’il y a de mieux en termes de bonheur en Afrique du Nord, ça craint fort pour l’algéro-pessimisme. On n’est pas toujours les derniers ! On fait même mieux que 83 pays, dont la Turquie… Beaucoup d’Algériens, et pas seulement les chroniqueurs, vont devoir se pincer en lisant un rapport de l’ONU qui leur dit que « tout ne va pas si mal », alors que le ressenti est plutôt terne. Espérons que les chroniqueurs ne cèderont pas à la tentation de croire que le régime algérien « a acheté » les experts de l’ONU qui se sont chargés du classement. Et qu’ils se mettront à lire ce rapport pour relativiser les choses. D’abord, avec les ressources pétrolières et gazières et les efforts – coûteux et souvent inefficaces – en matière de santé publique, les chiffres du PIB par habitant et de l’espérance de vie « montent ». Et nous rapprochent des « heureux ». Certains autres critères retenus pour établir le classement du bonheur comme la «générosité » ou « la possibilité de pouvoir compter sur quelqu’un » relèvent aussi bien de la subjectivité que d’une réalité sociologique où le poids de la solidarité continue à jouer. Les auteurs du rapport peuvent les percevoir comme des éléments positifs, alors que vus, d’ici, ils peuvent être le signe d’une stagnation dans l’univers de la famille et de l’incapacité des individus à voler de leurs propres ailes. Les chroniqueurs peuvent, sans passer pour être des critiques fielleux, faire remarquer que les difficultés persistantes pour une importante partie des jeunes à avoir un logement pour se lancer dans la vie, construire des projets de couples pèsent lourdement dans le sentiment de non-bonheur. Sur les deux autres critères, absence de corruption et sentiment d’être libre de ses choix, les choses sont assez clairement établies sous le sceau du négatif. D’autres rapports internationaux le montrent de façon éloquente. Mais les choses étant relatives, le rapport du bonheur donne un classement mitigé pour l’Algérie. S’il nous rappelle que d’autres pays sont, pour diverses raisons – difficultés économiques, misère, guerre – dans des situations plus graves, cela ne doit pas nous faire oublier que la crise de la décennie 1990 a été corrélée par la chute des recettes pétrolières dans le milieu des années 1980 et par la cessation de paiement qui a conduit, en 1994, à passer sous la médication du FMI. Il faudrait être aveugle pour ne pas voir que notre « bonheur » acté dans le rapport de l’ONU est trop directement lié à un baril qui est resté dans une moyenne élevée. Et cela devrait suffire pour ceux qui pensent à l’avenir à ne pas trop se fier à ce bonheur chiffré…
REPORTERS.DZ
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