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Histoire, la bonne question!

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  • Histoire, la bonne question!

    Comment écrire, plutôt, peut-on écrire, ou se demander qui doit écrire l' «Histoire» de l'Algérie? Cette question, bizarre en fait, n'aurait jamais dû être posée en 2013. Pourtant, les faits sont là: 51 ans après l'indépendance, près de 60 ans après la Glorieuse Révolution de Novembre 1954, l'Histoire de l'Algérie - toutes époques confondues - reste toujours en attente d'écriture. En attente de ses historiens, de ses chercheurs, de ses sociologues afin de réhabiliter une Histoire plusieurs fois millénaire mais dont ses enfants sont encore, en 2013, sevrés de ses faits, de ses gloires, de ses héros... La question, comment et qui doit écrire «notre» histoire n'a donc pas été posée au colloque organisé en fin de semaine par l'Armée nationale populaire (ANP) sur l'écriture de l'Histoire du pays. Il est toutefois fort méritoire que ce soit l'institution militaire qui ait pris sur elle d'initier un tel colloque et de revisiter des événements qui créent l'identité et l'osmose d'une nation. Qu'a-t-on réalisé depuis l'indépendance du pays pour mettre à la disposition des élèves et des étudiants des manuels à même de les édifier sur le passé lointain et récent de leur pays? Faut-il faire référence aux manuels scolaires disponibles fournis par les ministères de l'Education nationale et de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique proposés à nos enfants dont la qualité est approximative et le contenu affligeant? En effet, qu'ont pu apprendre nos enfants de l'histoire de leur pays, des faits d'armes des héros qui ont combattu les Romains dans le passé, qui ont participé à l'expansion de l'islam et bouté la France hors d'Algérie? Pour ne point remonter les millénaires, notons que les (jeunes) Algériens n'ont appris l'existence d'un Messali Hadj ou d'un Mohamed Boudiaf - pour ne citer que deux personnalités emblématiques du Mouvement national algérien - que dans la dernière décennie d'un XXe siècle finissant. C'est ce que la jeune génération aurait dû connaître à l'aube de l'indépendance en juillet 1962. Est-il paradoxal de relever que c'est encore un militaire, le colonel Tahar Zbiri, qui affirmait (en 2004 à l'orée de la célébration du Cinquantenaire de la Révolution) à propos de l'écriture de l'histoire que «de nombreux responsables qui ont accaparé le pouvoir depuis 1962, ont tout fait pour occulter l'histoire dans laquelle ils n'ont pas joué les grands rôles». Un constat qui dispense d'autres explications superfétatoires. Aussi, si en 2013, on note un déficit dans l'écriture de l'histoire de l'Algérie, c'est bien du fait que les historiens, chercheurs et sociologues algériens n'avaient pas l'accès nécessaire aux archives et documents constitutifs de notre Glorieuse Révolution (cela pour demeurer dans la période la plus proche de nous et la plus prolifique en archives utilisables) qui leur auraient permis de la restituer dans sa véritable dimension historique et civilisationnelle. Ce qui fait qu'il existe plus de livres sur la Révolution de Novembre écrits par des historiens étrangers que par leurs homologues algériens. Or, événement devenu épopée, la Guerre d'Algérie a fait école. Qui mieux que les Algériens pouvaient restituer ces pages glorieuses de notre Histoire? Aussi, faire connaître aux générations montantes une telle épopée, plus qu'un sacerdoce, c'était un devoir national, afin de dire, de montrer et d'expliquer une Révolution qui, outre d'avoir changé l'Algérie, a imposé dans la nomenclature universelle le thème de la décolonisation. Or, où sont les études historiques, sociologiques, politiques, et surtout, surtout, les manuels scolaires et universitaires qui auraient réconcilié les Algériens avec leur identité, avec leur moi, quand nombreux sont les jeunes Algériens qui éprouvent un malaise face à cette identité ou, pire, la récusent. C'est cela l'étrangeté, et pas des moindres, d'un pays capable de révolutionner les perceptions que le monde se faisait du fait colonial, mais incapable dans le même temps, par indigence intellectuelle ou par autoritarisme, de témoigner des faits de notre Histoire quand des dirigeants du pays ne reconnaissent toujours pas Massinissa, saint Augustin ou Koceila, laissant ainsi dans l'oubli des pans entiers de la mémoire nationale collective.
    L'écriture de l'Histoire de l'Algérie est une affaire de chercheurs et d'historiens, qui n'aurait jamais dû être laissée à des fonctionnaires qui ont manipulé et falsifié, notamment, des pages d'une Révolution dont nous célébrerons dans neuf mois le 60° anniversaire. C'est ainsi que la mémoire collective nationale est restée orpheline des faits qui ont été les prémices de notre identité, de notre algérianité.

    L'Expression
    la curiosité est un vilain défaut.
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