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Relance industrielle : Comme une litanie mortuaire

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  • Relance industrielle : Comme une litanie mortuaire

    Écrit par Boudjemaâ Medjkoun


    L’Algérie possède-t-elle encore un tissu industriel qu’elle pourra sauver ? En 1994, à la veille des négociations avec le FMI, le Premier ministre de l’époque, Bélaïd Abdeslam, opposé à cette démarche, proposait alors d’offrir aux compagnies multinationales des prises de participation à hauteur de 20% dans certains complexes industriels construits dans les années 1970, notamment pétroliers, payables immédiatement, avec l’objectif de mettre à la disposition de l’Algérie des sommes importantes qui lui auraient évité d’aller les quémander auprès du FMI et d’entamer sa descente aux enfers.

    Une telle offre, qui était encore possible à l’époque, a-t-elle l’ombre d’une chance de l’être aujourd’hui ? Peut-on parler de relance industrielle sans une véritable stratégie de relance basée sur une orientation claire qui définit et les besoins et les objectifs et les moyens d’y parvenir ?
    De l’important tissu industriel construit durant les années 1970, dans le cadre de la révolution industrielle, tout de suite vouée aux gémonies à la mort de son promoteur, et longtemps qualifiée comme une « tare », il n’en reste, aujourd’hui, pratiquement rien. L’incurie, l’irresponsabilité et le manque de vision de ceux qui présidaient à sa gestion ayant ouvert la brèche, les accords portant ajustement structurel signés avec le FMI et la terreur ayant sévi dans le pays durant les années 1990 ont fait le reste. Le tout, évidemment, enveloppé dans les choix politiques et économiques, dits de « passage à l’économie de marché ». Les grands pôles industriels, qui étaient la fierté du pays dans plusieurs secteurs d’activité à l’époque, sont, aujourd’hui, réduits à l’état de dépôts, au mieux, maintenus en état de « survie », grâce aux quelques contrats que leur offrent certaines institutions de souveraineté.
    Une reprise sans convictions
    Depuis le semblant de réveil de l’illusion libérale, les différentes politiques et stratégies de relance industrielle mises en place depuis quelques années ont, toutes, vite fait de montrer leurs limites. Soit parce qu’elles manquent de viabilité, soit, tout simplement, parce qu’il est trop tard de sauver quoi que ce soit et qu’il fallait agir plus tôt. Dans ce contexte où la machine capitaliste, en proie à une crise mondiale qui ralentit son expansion, ne fait point de cadeaux, l’Etat se retrouve face à un véritable dilemme. Sauver ce qui reste, à coups de subventions qui risquent de saigner le Trésor public ou assister impuissant à la disparition de toute trace de son industrie, ce qui le prive d’un important levier de régulation sociale. La reprise par l’Etat de la majorité des actions au sein de l’association entre
    ArcelorMittal et Sider laisse un goût d’inachevé. Ce qui était, en effet, annoncé à grande pompe comme une renationalisation, « au dinar symbolique », n’était, en fin de compte, qu’une augmentation de prise de participation de l’Etat dans le capital de l’association entre
    Sider et ArcelorMittal, autrement dit, en définitive, une opération de renflouement des caisses du géant indien de l’acier. En 2010, l’usine d’El Hadjar était classée à l’avant-dernière place en termes de rentabilité sur l’ensemble des usines du groupe. En bon capitaliste qu’il est, soucieux avant tout de défendre ses intérêts, ArcelorMilttal aurait dû, logiquement, se débarrasser de ce « fardeau », mais il a préféré le garder et en payer les frais en continuant à employer les quelque 7000 ouvriers qui restent des 19 000 qu’employait le complexe à son arrivée. Une « concession » qui n’a rien de « gracieux », puisqu’il avait, en réalité, à sa disposition, les mines d’El Ouenza et de Boukhedhra qu’il continuait à exploiter, avec un œil qui lorgne vers Gharat Djebilat. La limite de production du site d’El Hadjar oblige, souvent pour cause de pannes répétitives, la matière première extraite de ces sites est parfois envoyée dans d’autres usines du groupe en Europe où elle est transformée et d’où elle est, par la suite, importée en Algérie en tant que produit fini.

    Cherche secteur privé désespérément !
    Le secteur public mis en échec, l’Etat a longtemps misé sur une alternative qui pourrait émaner du tout nouveau secteur privé, mais qui tarde à venir. Celui-ci, constitué sur les décombres d’une partie du secteur public, et à partir de positions au sein de l’appareil de l’Etat, tarde encore à prendre de l’étoffe, malgré les innombrables concessions qu’il a pu arracher. Il demeure encore à l’état embryonnaire et marqué d’une gestion traditionnelle. Les quelques groupes ayant réussi leur mutation font exception et continuent, eux aussi, à exiger davantage de concessions et de facilités pour parachever leur éclosion. Face à cette incapacité à faire émerger de puissants groupes privés qui pourraient constituer l’alternative au secteur public « mourant » et empêcher la disparition du secteur industriel, l’Etat a eu recours, dans un premier temps, à la création de partenariats et de joint-ventures entre le public et le privé. Une formule mort-née, puisqu’aucun exemple de réussite n’a jailli de sa mise en application. Ensuite, c’est le passage à la vitesse supérieure, avec le rachat, au prix fort ou au « dinar symbolique », des entreprises vendues par le passé, souvent à des groupes étrangers, et l’empressement d’inscrire en Bourse les quelques entreprises nationales qui restent. Une manière à peine déguisée d’ouvrir leur capital, mais aussi continuer à tenter de susciter un éventuel intérêt du secteur privé.

    REPORTERS.DZ
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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