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Les faux politologues, les faux publicitaires et le vrai Benflis

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  • Les faux politologues, les faux publicitaires et le vrai Benflis

    N’importe quel observateur qui ergote sur l’Algérie à partir de la France peut s’ériger doctement en politologue, en expert. On l’invite sur les chaînes françaises et on assiste alors, incrédules, à un déversement d’insanités sur l’Algérie.

    On parle de Bouteflika comme si on venait juste de prendre le petit déjeuner avec lui et qu’il nous a entretenu sur sa santé et sur les secrets du pays. A les entendre, il est ligoté par le DRS. Il ne commande plus rien, ne dirige rien, attendant le bon plaisir de Toufik qui est son ennemi juré.
    Allez, on croirait même qu’il s’est plaint de son sort et qu’il n’a plus qu’un souhait : partir en paix. Quant au DRS, on parle de lui comme si on le connaissait de l’intérieur. A les entendre, ces politologues du dimanche qui n’oseraient pas ânonner sur la France le millième d’âneries qu’ils ont déversé sur l’Algérie, tout va mal.
    Chaque Algérien est prisonnier du DRS, le pays va à la dérive, Bouteflika a déjà un pied dans la tombe et l’autre est paralysé. A les entendre, la presse est muselée et les Algériens sont passifs. Une image de l’enfer. On retrouve dans cette faune des Algériens les plus passionnés, des Orientaux les plus perfides et des Français les plus loufoques.
    Et pourtant, combien d’étrangers étonnés par la vitalité des Algériens, n’ai-je pas rencontrés ! Ils n’en reviennent pas de trouver un pays debout, alors qu’il était dépeint comme moribond. Le dernier en date que j’ai lu est un écrivain connu, Douglas Kennedy, qui après avoir visité l’Algérie, a fait part dans le journal Le Monde, de son étonnement. Il s’attendait à voir l’enfer, il a vu presque le paradis. Même les journalistes de radio Tipaza étaient au top selon lui : elles connaissaient parfaitement ses œuvres et en parlaient avec professionnalisme.
    Douglas Kennedy est un romancier américain qui n’est instrumentalisé par personne sinon par sa passion d’écrire. Avec le temps, je me suis fait une raison. Je ne m’indigne plus. Devant les politologues endimanchés, je lance un grand rire comme si je voyais un film burlesque.
    Les plus rigolos, de vrais comiques, sont ceux d’Al Djazeera. Pour eux, la révolution islamiste gronde et sonnera bientôt l’heure du salut où l’Islamisme sera triomphant en Algérie. On sera tous des barbus avec sur le front la marque de la prière, entre les dents une dague pour assassiner les impies et les intellectuels, et dans le lit plusieurs femmes qu’on aura pris soin de bouter du travail pour les mettre dans notre couche.
    Ainsi, d’une pierre on fera deux coups : on aura le plaisir et on réglera le problème de l’emploi. Ils en sont toujours aux mêmes lectures que naguère quand les terroristes semaient le sang et les larmes en Algérie. C’est ce qu’on appelle être à la pointe de la désinformation.
    L’imposture publicitaire
    Les agences de pub étrangères et notamment françaises, quand elles s’installent en Algérie n’envoient jamais leurs meilleurs éléments, qu’ils soient créatifs ou commerciaux. Et c’est normal, le marché algérien étant considéré comme très peu attractif par rapport, par exemple aux autres marchés similaires : Egypte, Maroc et, à un degré moindre la Tunisie.
    Alors, quand je lis dans la presse que le patron d’Euro RSCG Havas Algérie, est un créatif de génie je me dis : ce n’est pas possible qu’un oiseau pareil, Algérien de surcroit, soit venu s’enterrer en Algérie où la pub vient de naître.
    J’ai pensé : soit c’est un imposteur qui se fait passer pour un génie, alors qu’il est n’est qu’un ingénu, ou alors c’est un fou. Car comment laisser les budgets valorisants et attractifs d’Evian, Peugeot et l’Oréal ? Comment laisser les Champs Elysées et les salons parisiens ? Comment enfin laisser les feux de la rampe pour un marché limité, pour reprendre ses propres paroles dans la presse ?
    Se faisant passer pour l’auteur des fameuses campagnes des bébés d’Evian et de la 206 de Peugeot, deux belles campagnes il est vrai, cet homme séduit tout ce qu’il rencontre de journalistes et d’annonceurs, peu informés sur le monde de la pub.
    La moue dédaigneuse, le cheveu en bataille, il leur laisse entendre que c’est un privilège que de travailler avec lui. Jésus marchant sur les eaux. J’ai voulu connaître ce génie. J’ai cherché sa trace dans le magazine Stratégie, la bible de la publicité. Que dalle ! J’ai été horrifié. J’allais même écrire à ce journal.
    J’allais leur dire qu’ils sont fous d’ignorer ce génie qui a marqué l’histoire de la pub française. Je me suis retenu à temps de peur de me couvrir de ridicule.
    Et si vraiment il était un inconnu ? Donc un usurpateur, un imposteur ? Comme je suis d’un naturel positif, j’ai continué mon exploration. La presse française ignorant le génie, je me suis tourné vers le monde de la pub en Algérie où l’homme est connu sans être reconnu.
    Et là j’apprends qu’il n’était qu’un commercial en France et qu’il n’a jamais été créatif si ce n’était dans ses rêves. Et il rêve beaucoup devant ses clients qu’il épate, avec sa voix rauque qui lui sert aussi de voix off à l’occasion, pour vanter les produits. De créatif il passe ainsi au statut de bateleur. Triste chute. Avec ses clients il parle avec l’assurance d’un vieux briscard de la presse, pour leur conseiller tel journal et pas tel autre. Ceux qu’il n’aime pas sont traités du mot de Cambronne.
    Qu’on m’excuse, mais je me suis senti humilié. Très vite un sentiment d’indignation - Hessel où es-tu - ? m’a envahi : un grand pays comme l’Algérie ne mérite-t-il pas un grand professionnel au lieu d’un junior qui se prend pour Tintin au Congo, méprisant ses compatriotes arriérés et peu branchés en matière de pub ?
    Mais vous, gens bien informés, vous allez me dire que si cet homme a fait fortune en dix ans, c’est que ceux à qui il vend du fumier pour de l’or, ne sont pas plus professionnels que lui. Quand je vois la liste de ses annonceurs expatriés, je préfère me dire qu’ils sont pour l’instant encore sous le charme et non qu’ils méprisent le consommateur algérien, au point de lui offrir une pub bas de gamme, en décalage avec ses goûts et ses besoins.
    Ali Benflis, le retour.
    Selon TSA, Benflis n'est plus ce chat échaudé qui jurait, défait et blessé après les élections de 2004, qu'on ne le reprendrait plus. "On m’a eu une fois, on ne m’aura pas une seconde fois.", a-t-il juré, tremblant de rage la nuit du 8 avril 2004.
    Homme de valeur et de principes, Ali Benflis l'est assurément. Mais son pragmatisme doit le pousser vers la prudence, car il sait mieux que quiconque, que devant l'actuel président, il n'aura aucune chance, sans tricherie aucune. En toute transparence, il sera battu.
    D'abord parce qu'il n'est pas supporté par la formidable machine à mobilisation du FLN, ensuite parce qu'il reste un inconnu dans l'Algérie profonde, celle qui vote massivement. Benflis bat des records de popularité dans certains cercles algérois qui font et défont les présidents, selon leurs humeurs et leurs goûts.
    Et ils sont vraiment fortiches dans les spéculations, les analyses, les théories et les imprécations. Ils connaissent tout sur tout. Ce sont ces mêmes cercles qui l’ont poussé à se présenter en 2004, qui lui ont certifié que l’armée, comme une seule personne, était derrière lui. Que Bouteflika ne passera plus, que le peuple ne veut plus de lui.
    Lui si lucide, s’est laissé séduire par le chant des sirènes. Comment expliquer ce paradoxe ? Sans doute le désir de tuer le père et de prendre sa place. Pourquoi pas, si on devient adulte après ce meurtre ? Seulement il faut analyser le rapport de force et non foncer sur le tas, en prenant les promesses des uns pour argent comptant.
    A la place de Ali Benflis qui est un homme de réflexion, je me poserais toujours cette question à chaque fois que je suis approché par une sirène : combien de divisions ? Et s’il n’a pas la réponse, on la lui donne par amitié : à part son chant de séduction, la sirène n’a que du vent.
    TSA
    عيناك نهر من جنون... عيناك أرض لا تخون
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