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La lettre déchirante de la maire de Lampedusa

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  • La lettre déchirante de la maire de Lampedusa

    Il y a un an, la maire de Lampedusa écrivait une lettre pour tenter d’alerter les Européens. Rien n’a changé.

    Je suis la nouvelle maire des îles de Lampedusa et Linosa. [...] J’ai déjà reçu 21 cadavres de personnes noyées qui tentaient d’atteindre Lampedusa et pour moi c’est tout simplement insupportable.

    Pour Lampedusa, c’est un énorme fardeau de douleur. Nous avons dû demander de l’aide par le biais de la préfecture aux maires de la province afin de donner une sépulture digne à onze personnes parce que la commune n’avait plus de place disponible.

    J’en ferai d’autres, mais je retourne à tous une question : jusqu’où faudra-t-il agrandir le cimetière de mon île ?

    Je ne comprends pas qu’une telle tragédie puisse être considérée comme normale, comme s’il était possible de ne pas être obsédé chaque jour par l’idée, par exemple, que onze personnes dont huit très jeunes femmes et deux garçons de 11 et 13 ans meurent tous ensemble pendant un voyage qui aurait dû être pour eux le début d’une nouvelle vie.

    Le nombre des réfugiés s’élevait à 115 ; 76 n’ont pas été sauvés mais le nombre de morts que restitue la mer est toujours plus élevé.

    Un sujet de honte et de déshonneur

    Je suis indignée par le sentiment d’habitude qui semble avoir envahi le monde, je suis scandalisée par le silence de l’Europe qui vient de recevoir le prix Nobel de la Paix, et qui est silencieuse face à une tragédie qui fait autant de victimes qu’une guerre.

    Je suis de plus en plus convaincue que la politique d’immigration européenne considère ce bilan de vies humaines comme un moyen de modérer le flux migratoire, quand ce n’est pas un moyen de dissuasion.

    Mais si le voyage en bateau est pour ces personnes la seule façon d’espérer, je crois que leur mort en mer doit être pour l’Europe un sujet de honte et de déshonneur. [...]

    Tout le monde doit savoir que c’est à Lampedusa et ses seuls habitants [...] que revient le devoir de traiter ces personnes avec dignité, et de rendre un peu de dignité à notre pays et à l’Europe entière.

    Si ces morts sont seulement les nôtres, alors je veux recevoir les télégrammes de condoléances après chaque noyé que l’on me « livre ».

    Comme s’il avait la peau blanche, comme s’il s’agissait d’un de nos enfants noyé pendant les vacances.

    Giusi Nicolini, maire de Lampedusa (Rue 89)
    “Le cours évolutif du progrès européen pendant ces trois cents dernières années pourrait se résumer à seulement quatre mots: égoïsme, massacres, impudeur et corruption.” Yan Fu
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