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Sarkozy a-t-il eu un compte en Suisse? Les auteurs de "French corruption" s'expliquent

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  • Sarkozy a-t-il eu un compte en Suisse? Les auteurs de "French corruption" s'expliquent

    Par Jean-Marie Pontaut et Pascal Ceaux, publié le 08/10/2013

    Dans leur livre à paraître mercredi (Stock), deux journalistes au Monde, font parler Didier Schuller, homme clef des "affaires" des Hauts de Seine, et laissent entendre que Nicolas Sarkozy aurait pu bénéficier d'un compte en Suisse. Alors que cette thèse est contestée par l'avocat de l'ex-président, les auteurs s'expliquent.

    Didier Schuller, homme clef des "affaires" des Hauts-de-Seine, parle dans French Corruption. Le livre laisse entendre que Nicolas Sarkozy aurait pu bénéficier d'un compte en Suisse.
    afp.com/Martin Bureau
    [Exclusif] Pourquoi avoir choisi de recueillir les confessions de Didier Schuller, l'un des protagonistes des scandales mêlant argent et politique dans les années 1990, qui, en vingt ans, a tout connu, l'ascension, l'exil, la prison puis l'oubli?

    Fabrice Lhomme: Le hasard est à l'origine de notre projet. En 2008, j'ai croisé Didier Schuller chez son avocat, que j'étais venu voir pour un autre dossier. J'avais connu Schuller dans les affaires des Hauts-de-Seine. J'ai pensé qu'il serait intéressant qu'il se raconte vraiment dans un livre, sans rien cacher de cette époque dont il savait presque tout. Je suis bien tombé, puisqu'il avait lui aussi cette envie. Nous avons commencé une série d'entretiens, mais j'ai senti qu'il mettait le pied sur le frein dès qu'il s'agissait d'aborder des faits récents.

    Gérard Davet: Il a fallu attendre le printemps 2012 pour qu'il aille plus loin. Après la défaite de Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle, j'ai constaté chez lui une véritable inflexion, comme s'il se libérait d'un poids, d'une forme de retenue. Nous avons passé un accord : il nous disait tout, mais nous, nous vérifiions soigneusement chaque information, et il ne relisait pas le livre avant publication.


    L'homme qui n'avait rien dit devant les juges est ainsi devenu celui qui dit tout à des journalistes. Comment ne pas douter de sa crédibilité?

    G. D.: Il était hors de question de ne se fier qu'à sa parole. Nous avons fait le tour des personnes qui l'avaient connu, y compris lors de sa fameuse période d'exil. Nous avons effectué un travail de recoupement, et recueilli des dizaines de témoignages qui corroboraient très souvent ses propos.

    F. L.: Nous sommes partis du principe qu'il fallait douter de tout ce qu'il nous disait. Sur beaucoup de points, c'était vérifiable. Bien sûr, il y a aussi des scènes ou des propos qu'on ne pourra jamais recouper. Ainsi, lorsque Schuller relate une conversation personnelle avec Patrick Balkany [le député et maire UMP de Levallois], il est le seul, avec ce dernier, à connaître la vérité, et Balkany pourra donc contester ce que nous écrivons. Au fil des entretiens et des questions, nous avons même tendu des pièges à Schuller, mais il n'a pas varié dans ses déclarations. Nous n'avons en fait jamais recueilli le moindre élément susceptible de remettre en question sa crédibilité.

    Vous dévoilez la probable existence d'un compte suisse de Nicolas Sarkozy. Comment avez-vous abouti à cette découverte explosive pour lui?

    F. L.: Ce n'est pas exactement ce que nous écrivons. Dans les Hauts-de-Seine, Didier Schuller a suivi toute l'ascension du maire de Neuilly, devenu ensuite ministre et président. Certes, il n'était pas au nombre de ses intimes, mais, si j'ose dire, il était intime avec ses intimes, Patrick Balkany et Thierry Gaubert, deux hommes qu'il connaît par coeur. Par leur intermédiaire, Didier Schuller a eu connaissance de ce que faisait ou ne faisait pas Sarkozy. Il lui est aussi arrivé de passer un week-end avec lui. En fait, nous sommes partis des liens éventuels entre le gestionnaire de fortune suisse Jacques Heyer et l'ex-président. Schuller affirme d'ailleurs que c'est Sarkozy qui lui a glissé le nom d'Heyer pour s'occuper de son propre argent en Suisse. En menant l'enquête, nous avons confirmé l'existence d'une société panaméenne baptisée Corum. En 1995, après la fuite de Didier Schuller aux îles Bahamas, un compte nommé Jungle, notamment approvisionné par Corum, accueille une partie de l'argent du fugitif pour lui assurer des moyens d'existence dans son exil. Or nous avons découvert que Corum avait été créée dès 1989 avant d'être désactivée et que de l'argent non identifié avait transité sur ce compte. Notre enquête démontre que des policiers et des magistrats ont acquis la conviction que Corum pourrait avoir appartenu à Nicolas Sarkozy. Le juge suisse de l'affaire Heyer que nous avons interrogé évoque ses soupçons: "Le nom de Sarkozy est apparu, c'est ce qu'on m'avait confié à l'époque, mais je n'ai pas pu aller plus loin", nous dit-il. Un policier français, dont nous avons recueilli le témoignage, abonde aussi dans ce sens.

    Avez-vous des éléments sur l'origine éventuelle de cet argent?

    G. D.: Un autre témoin, l'ancien *reporter Marc Francelet, nous a indiqué qu'Heyer était bien le gestionnaire de l'argent de Sarkozy. Il raconte avoir accompagné ce même Heyer une fois à la fin des années 1980 à la mairie de Neuilly, où le Suisse serait allé récupérer des grosses coupures auprès de Nicolas Sarkozy. Francelet affirme que le gestionnaire de fortune lui avait montré l'enveloppe contenant les billets.

    Les accusations portées à l'encontre de l'ancien chef de l'Etat sont très graves. Estimez-vous avoir des preuves suffisantes pour le mettre en cause? Avez-vous le numéro du compte supposé, le montant des sommes versées?

    F. L.: Encore une fois, nous n'écrivons pas que la société Corum bénéficiait à Sarkozy, puisque nous ne disposons pas de preuve absolue. Nous n'écrivons pas: "Nicolas Sarkozy a un compte en Suisse." En revanche, c'est une certitude, des policiers, des magistrats, des journalistes ont convergé à un moment sur une piste Sarkozy. C'est cette traque que nous décrivons. Vous savez, dans les années 1990, le dossier Heyer était un serpent de mer politico-financier. Nous avons voulu crever l'abcès du soupçon. Mais nous ne sommes pas pour autant totalement conclusifs.

    G. D.: Il aurait été abusif de dire: il a un compte. Mais encore une fois des juges, des policiers en sont persuadés. Nous avons enquêté sur l'enquête. Et montré à quel point, au passage, ces journalistes ou magistrats avaient le même espoir: faire tomber Sarkozy.


    Sur ce point, la crédibilité de vos deux principaux témoins, Didier Schuller et Marc Francelet, peut être mise en doute, puisque le premier n'avait rien dit de tel lorsqu'il avait été entendu par les juges et que le second pâtit d'une réputation sulfureuse. En outre, vous n'avez pas pu rencontrer Jacques Heyer. L'absence de preuve décisive ne risque-t-elle pas de vous nuire?

    G. D.: Marc Francelet, je n'ignore rien de sa réputation d'intermédiaire, lobbyiste, ayant eu des démêlés avec la justice. D'une certaine manière, ce pourrait être un témoin d'immoralité. *Cependant, tout ce qu'il nous dit est *corroboré par ce que nous savons déjà au moment où nous le rencontrons. Aucune source n'est parfaite. Quant à la scène de la remise d'argent, il nous la raconte à plusieurs reprises, à chaque fois de façon très précise. Il l'avait d'ailleurs déjà quasi fait dans un autre livre.

    F. L.: Nous avons aussi rassemblé d'autres éléments qui nous ont été livrés à condition de ne pas dévoiler l'identité de leur auteur. Au fil de l'enquête, nous avons acquis la conviction que les témoins étaient solides. Nous avons tous les deux une longue expérience des affaires sensibles, et l'habitude d'évaluer la crédibilité des personnes interrogées. L'idée n'est pas de se comporter en procureurs, de dire que la justice devrait enquêter, mais de restituer le fruit de nos investigations. J'insiste: lorsque nous n'avons pas de preuve irréfutable, nous nous refusons à conclure.

    Nous ne sommes absolument pas obsédés par Nicolas Sarkozy

    Après Le Contrat et Sarko m'a tuer, c'est le troisième livre que vous consacrez à l'ancien chef de l'Etat. Ne craignez-vous pas d'être accusés de faire une fixation?

    G. D.: Nous ne sommes absolument pas obsédés par Nicolas Sarkozy. Fabrice et moi réfutons l'idée qu'on cherche à le faire tomber. Dans deux des dossiers judiciaires qui le visent, les affaires Karachi et Bettencourt, au fur et à mesure de l'enquête, nous avons conclu à l'absence d'éléments justifiant son renvoi devant un tribunal. Nous l'avons écrit dans Le Monde, parmi les premiers. Mais comment ne pas s'intéresser à ce personnage qui a envahi la vie politique et a été omniprésent?

    D'autres figures de la vie politique sont évoquées. Vous parlez notamment des valises de billets de Jacques Chirac, d'une société-écran de Patrick Balkany au Liechtenstein... Jouez-vous l'air du "tous pourris"?

    F. L.: Nous avons eu du mal à arracher à Didier Schuller cette confidence sur Jacques Chirac, manipulant des espèces en sifflotant La Marseillaise. Jusqu'au bout, il a voulu protéger l'ancien président, pour lequel il a beaucoup de respect. Avec Balkany, ce n'est pas la même chose. Schuller a eu le sentiment que son ami le prenait pour un imbécile, lorsqu'il a décidé d'être candidat aux municipales à Clichy. C'était une erreur psychologique majeure de la part de Balkany. Du coup, pour la première fois, Schuller l'a accusé, documents à l'appui, d'avoir touché de l'argent d'entreprises sur des comptes à l'étranger. Pour ce qui est du "tous pourris" dont vous parlez, nous ne sommes pas du tout dans cette optique. De nombreux hommes politiques sont honnêtes, heureusement.

    Pensez-vous que votre enquête puisse avoir des suites judiciaires?

    G. D. et F. L.: Un procureur peut s'en saisir. Car les possibilités de vérification reviennent désormais à la justice.


    En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/actualite/soc...LWbPWeJ3QTM.99
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    les français ont raison de protéger leur patrimoine à l'étranger. vu le harcèlement fiscal dont ils font l'objet, on n'a plus le droit en France de parler d'évasion fiscal. il est normal d'épargner son patrimoine. ceux qui changent de nationalité ont aussi raison.

    il ne reste plus qu'une étape à franchir par l'Etat français. exproprier les français en les taxant à 100%. chiche!

    quand on arrive à un tel degré d'extorsion de la part du fisc, on est en droit de s'interroger sur la légitimité de l'Etat.

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