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Thigh Gap : nouveau fléau des adolescentes

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  • Thigh Gap : nouveau fléau des adolescentes

    Tout d’abord le Thigh Gap kézako ? Ce phénomène qui explose notamment sur les réseaux sociaux est un espace entre des cuisses qui, pieds et genoux serrés, ne se touchent pas. Pourtant les spécialistes sont clairs «avoir cet espace est en réalité quelque chose de très difficile à atteindre parce que c'est d'abord une question de structure osseuse que peu de femmes présentent». Et voilà ce que les jeunes femmes, obsédées par cet écart entre les cuisses, ne prennent pas en compte : qu’importe que vous soyez mince ou non, ce Thigh Gap dépend avant tout de votre morphologie, indiquent les nutritionnistes !
    Cette obsession, Dina, une jeune lycéenne âgée de 17 ans, en est touchée : «Je fais attention à ce que je mange, je compte même les calories», avoue-t-elle. Et continue : «D’ailleurs, je prie Dieu pour maigrir encore plus chaque jour», confie la lycéenne. Et Dina n’est pas la seule à être tourmentée par cette manie corporelle, puisque les spécialistes expliquent que les adolescentes sont sans doute les premières à en subir la pression parce qu'elles sont en pleine puberté. D’ailleurs, c’est généralement cette obsession de l’écart entre les cuisses qui conduit ces jeunes femmes vers un autre trouble alimentaire qui n’est autre que l'anorexie. D’autre part, la dépression est l’un des états négatifs qui découlent directement de cette maladie, selon les psychiatres.
    Selon le psychiatre Othman Lorabi, de nombreuses raisons peuvent expliquer les raisons pour lesquelles cette tendance prend de l’ampleur : «il faut avant tout signaler que depuis quelques décennies, la minceur est devenue un critère de beauté et est socialement ultra valorisée, y compris dans notre société, alors qu'il n'y a pas si longtemps, avoir des rondeurs pouvait signifier l'opulence. Ceci est d'autant plus vrai que le surpoids est identifié comme étant un facteur de risque de maladies métaboliques et cardiovasculaires. Avoir des formes devient alors synonyme de laisser-aller, de maladie, voire d’appartenance à un milieu socioéconomique défavorisé», explique-t-il avant de reprendre : «Parallèlement, la qualité des images véhiculée par les médias (surtout les magazines de mode et de beauté) qui n’hésitent pas à utiliser la retouche d’image, pour “embellir” la réalité, au risque parfois, de donner naissance à des corps dont l’anatomie est bonnement invraisemblable», explique Dr Lorabi. Finalement, le psychiatre indique que «dès lors qu’il s’agit pour une jeune femme de comparer son corps à celui des célébrités érigées au rang de stars, mais aux proportions rendues irréalistes par des moyens techniques, on peut aboutir à des conceptions erronées concernant la beauté, parfois même concernant la norme.

    Comment guérir ?</H4>Ce sont ces conceptions-là qui se retrouvent sur la nouvelle place publique qu’est le web 2.0 avec la naissance de multiples blogs reprenant ces nouveaux critères, ce qui ne manque certainement pas de faire écho dans une population de jeunes femmes souvent mal à l’aise dans leur corps», confie le psychiatre. Le Dr Lorabi Othman révèle que la prise en charge de cette jeune fille «est souvent longue et laborieuse. Dans les cas sérieux, une prise en charge en équipe multidisciplinaire (composée de psychiatres, réanimateurs, psychologues, etc.) peut être nécessaire», souligne-t-il, et continue. «Le plus souvent dans le cadre d’une hospitalisation dans une structure adaptée et rodée à ce genre d’exercice. Il s’agit très schématiquement, en fonction de la gravité du tableau, de prévenir et traiter toute anomalie pouvant menacer le pronostic vital à court terme, et d’initier un travail psychothérapeutique qui se poursuivra sur des mois voire des années. Plusieurs approches en psychothérapie sont utilisées, impliquant quelques fois les autres membres de la famille, mais qui ont toutes comme objectif commun de remettre le corps “à sa place”, de réapprendre à interagir avec les autres en société, et de reprendre confiance en soi».

    >«Un amaigrissement très important est totalement impossible»
    Que signifie cette nouvelle obsession minceur ?
    Le problème réside principalement dans le fait que pour espérer avoir une silhouette pareille, il faut compter sur un amaigrissement très important, avec un poids corporel de l’ordre de 40 kg, parfois moins. Sans compter qu'atteindre un tel objectif est souvent totalement impossible quelle que soit la perte de poids, car d'autres facteurs non modifiables comme la largeur du bassin ou l'alignement des os des membres inférieurs interviennent de manière déterminante. À ce moment-là, nous ne nous situons plus dans le cadre de l’obsession minceur, mais bel et bien dans le domaine des troubles des conduites alimentaires comme l’anorexie mentale, qui, outre l’amaigrissement important et la disparition des menstruations, se manifeste par de profondes perturbations de l’image du corps. Ainsi, le but recherché n’est plus de plaire face au regard d’autrui, mais plutôt d’exercer une maîtrise totale et absolue sur son corps. Cet hypercontrôle s’accompagne souvent d’un dégout de ce qui a trait au corps, la personne essayant en quelque sorte de s'affranchir des contraintes qui y sont liées telles que la faim ou la fatigue. Le résultat est que la personne qui développe ce trouble se trouve toujours trop grosse, quel que soit son poids, ce qui cause une grande souffrance morale, et conduit vers un amaigrissement toujours de plus en plus important.

    Ce phénomène est-il plus dangereux pour les adolescentes ?
    À bien des égards, oui. Sur le plan physique, l’adolescence est caractérisée par une croissance soutenue et par des changements induits par la puberté au niveau de certains attributs corporels. Tout cela a un coût énergétique et les apports caloriques journaliers pour une adolescente
    devraient être de l’ordre de 2 500 kcal/jour.
    Quand on voit que certaines adolescentes se restreignent à seulement quelques centaines de calories par jour, il est évident que cette insuffisance d’apport se traduise par une fatigabilité, une plus grande vulnérabilité aux infections, etc. Quand cette restriction alimentaire est obtenue à l’aide de stratégies telles que les vomissements après les repas ou encore la prise abusive de laxatifs, il existe un risque non négligeable de complications pouvant mener au décès. Plus indirectement encore, les carences causées par des régimes alimentaires extrêmes induisent des troubles comme l’anémie, ou encore l’ostéoporose, même à long terme. Sur le plan psychologique, cette période se caractérise par de profonds changements psychiques aussi, aboutissant à la construction de soi, de son identité et de l’image et des enjeux de son corps. Cette problématique fait que les adolescentes sont particulièrement atteintes ; mais en plus, avec des conséquences psychiques relatives à la profonde stigmatisation qu’elles peuvent vivre, y compris dans le microcosme adolescent, réalisant parfois d’authentiques tableaux dépressifs pouvant mener au suicide.

    Quel conseil donner à l’entourage ?
    Pour le phénomène du Thigh Gap, si une adolescente de votre entourage commence à en parler, il ne faut surtout pas s’alarmer au risque de créer chez elle opposition et fascination. Vouloir être belle est toujours la règle ; il est donc important d’être disponible et à l’écoute afin de discuter et essayer de souligner d’éventuelles idées reçues (et fausses) concernant la beauté, la sveltesse, etc. Il s’agit de prévenir l’installation de telles distorsions de la pensée par le biais de l’instauration d’un climat de confiance, sans être dans le jugement. Si l’on est confronté à une personne de notre entourage qui est traitée pour ce genre de problème, le maître mot est la patience, car si l’on est souvent frustrés de voir les choses s’améliorer lentement, l’action en l’absence de concertation avec l’équipe soignante peut être néfaste, même si elle est dictée par une authentique bonne volonté.





    Publié le : 8 Octobre 2013 - Lamiaâ Khalloufi, LE MATIN ma
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