Elena Ponomareva
Pourquoi les gens détestent les USA ? Selon Charles Austin Beard, « après la victoire sur le Japon en 1945, les USA ont commencé à mener une « guerre perpétuelle pour la paix perpétuelle ». Pour leur part, Ziauddin Sardar et Merryl Wyn Davies comptent 124 interventions étasuniennes dans différentes parties du monde dans la période comprise entre 1890 (l’opération militaire des USA en Argentine) et 2001 (le début des opérations en Afghanistan). L’objectif principal d’une « résolution définitive » de la question syrienne continue d’être la démonstration à la Russie et à tous les autres pays que les Etats Unis contrôlent le monde. Pourtant, pour quelles raisons Washington a attendu une « résolution définitive » de la question syrienne jusqu’à l’heure actuelle ? Pourquoi recourir à son schéma éprouvé et véritable de provocation ? Et pourquoi l’a-t-elle préparé si mal ? Décryptage de la stratégie du chaos en cours...
Durant la Grande Dépression, Franklin Delano Roosevelt, le 32ème président des Etats Unis et un des hommes d’état les plus éminents de la première moitié du XXème siècle, a dit que l’une de ses principales préoccupations était d’éviter que les banquiers et les hommes d’affaires se suicident. Cette préoccupation émouvante est devenue une énorme tragédie pour toute l’humanité : la Seconde Guerre Mondiale fut déclenchée principalement par des industriels et des financiers américains. Plus de 54 millions de personnes sont mortes durant cette guerre, et 118 millions furent blessées.
La Seconde Guerre Mondiale a résolu une bonne partie des problèmes de la constitution étasunienne, mais pas tous : l’Union Soviétique n’a pas seulement survécu, elle est aussi devenue une super puissance. Mais Roosevelt a réussi son objectif principal, ainsi qu’un petit bonus : les Etats Unis sont devenus un centre financier mondial. En juillet 1944, dans la petite localité de Bretton Woods, lors d’une conférence internationale des vainqueurs, on fonda des institutions telles que la Banque Internationale de Reconstruction et Développement (IBRD, et à partir de 1960 Banque Mondiale) et le Fond Monétaire International (FMI). À ce moment, on déclara le dollar des USA comme monnaie mondiale, aussi bonne que l’or. À ce moment, les Usa contrôlaient 70% des réserves mondiales d’or. À l’intérieur des USA, on comptait 129 millions de dollars en économie liquide (une quantité colossale même pour les standards actuels !)
Cet argent « gagné » par les banquiers et les industriels américains sur la souffrance et la mort de millions de personnes, fut un puissant stimulus pour la production de biens de consommation et la construction de capitaux, pour ne pas parler de la position internationale qu’acquirent alors les Etats Unis. Même Z. Brzezinski, un russophobe et ennemi idéologique de notre pays [Russie], a admis : « Paradoxalement, alors que la défaite de l’Allemagne nazie a élevé le statut global des USA, ces derniers n’ont pas joué un rôle décisif dans la déroute militaire de l’hitlérisme. Le crédit dans ce sens en revient à l’Union Soviétique staliniste ». De toute façon, c’est après la dernière guerre mondiale que furent posées les bases d’une hégémonie moderne des USA.
Depuis lors, les USA ont une grande et terrible règle, un unique modèle de comportement : la résolution de ses propres problèmes doit toujours être obtenue aux dépens d’autres pays et peuples. Tout au long de la période d’après-guerre, les USA ont eu recours à l’agression chaque fois qu’ils ont rencontré des problèmes économiques ou qu’il était nécessaire de dévier l’attention des mesures économiques impopulaires à l’intérieur du pays.
Par exemple,, la guerre de Corée fut une réaction à la récession économique de l’après-guerre en 1949. L’invasion du Liban se produit comme conséquence de la récession de 1957-1958. L’agression contre le Vietnam fut la réaction à la crise économique de 1967, et le « lancement » de Carter d’une seconde vague de la guerre froide fut une réaction à la chute [géopolitique] de 1979 [référence à la révolution islamique en Iran et au triomphe sandiniste au Nicaragua]. Ceci fut l’approche d’une certain « Keynésianisme militaire » que Reagan eut au Nicaragua et à la Grenade [île des caraïbes envahie par les USA en 1982].
Pour ne pas parler des interventions des USA/OTAN à grande échelle au 21ème siècle comme en Afghanistan, en Irak et en Lybie. Beaucoup d’érudits et d’écrivains ont également remarqué la nature agressive de la politique extérieure des USA comme une réaction à des problèmes internes. Par exemple, Charles Austin Beard (1874-1948), l’historien le plus influant de la première moitié du vingtième siècle, et un des fondateurs de l’école d’historiographie économique américaine, auteur de quatre volumes de « L’émergence de la civilisation [nord]américaine », croit qu’après la victoire sur le Japon en 1945, les USA ont commencé à mener une « guerre perpétuelle pour la paix perpétuelle ».
En utilisant Beard comme point de départ, l’éminent écrivain libéral étasunien Gore Vidal rassemble plusieurs interventions militaires et autres opérations menées à terme par les USA jusque 2001 dans plusieurs pages de son livre « Comment nous avons réussi à être autant détestés ». L’auteur, « par compassion pour les lecteurs », n’a pas inclus les opérations militaires menées à terme pas la CIA dans plusieurs pays, comme par exemple au Guatemala (1953) ou en Iran (1953), quand Mossadegh fut renversé, ou au Chili, quand Allende fut renversé, etc. Mais le plus important, comme Vidal le fait remarquer, c’est que « dans ces nombreuses centaines de guerres contre le communisme, le terrorisme, les drogues, entre Pearl Harbor et le 11 septembre 2001, nous avions l’habitude de partir en guerre, donner le premier coup ; mais désormais nous sommes les gentils, nous en avons le droit ».
De la même manière, dans leur livre « Pourquoi les gens détestent les USA ? », Ziauddin Sardar et Merryl Wyn Davies comptent 124 interventions étasuniennes dans différentes parties du monde dans la période comprise entre 1890 (l’opération militaire des USA en Argentine) et 2001 (le début des opérations en Afghanistan). Et, comme les auteurs le signalent, les provocations ont toujours occupé une place de choix dans la politique interventionniste des USA. Exemples ? Partout et par tous les moyens.
En 1898, une explosion fut organisée sur le bateau « Maine » [à la Havane], et les espagnols furent accusés. Et le résultat fut une déclaration de guerre des USA à l’Espagne.
Le 7 mai 1915, les USA mirent le Lusitania en ligne de feu des sous-marins allemands. Avec son nom peint sur l’extérieur et aucun drapeau de quelque pays que ce soit, il entra dans une zone désignée par le gouvernement allemand comme « zone de guerre sous-marine ». Sous ces conditions de guerre, le Lusitania fut torpillé par un sous-marin allemand et fut coulé. Près de 1.200 personnes furent tuées parmi les 1.958 qui étaient à bord. Cet incident fut utilisé comme pression informative sur l’opinion publique de beaucoup de pays et les attitudes changèrent drastiquement envers l’Allemagne.
En 1941, Roosevelt était bien informé des préparatifs de l’attaque de Pearl harbor, mais ne fit rien, car il avait besoin d’une raison pour entrer en guerre.
En 1964, l’incident de Tonkin servit de prétexte pour commencer la guerre du Vietnam.
L’explosion des Tours Jumelles le 11 septembre 2001 devint un prétexte pour une intervention militaire en Afghanistan.
Pourquoi les gens détestent les USA ? Selon Charles Austin Beard, « après la victoire sur le Japon en 1945, les USA ont commencé à mener une « guerre perpétuelle pour la paix perpétuelle ». Pour leur part, Ziauddin Sardar et Merryl Wyn Davies comptent 124 interventions étasuniennes dans différentes parties du monde dans la période comprise entre 1890 (l’opération militaire des USA en Argentine) et 2001 (le début des opérations en Afghanistan). L’objectif principal d’une « résolution définitive » de la question syrienne continue d’être la démonstration à la Russie et à tous les autres pays que les Etats Unis contrôlent le monde. Pourtant, pour quelles raisons Washington a attendu une « résolution définitive » de la question syrienne jusqu’à l’heure actuelle ? Pourquoi recourir à son schéma éprouvé et véritable de provocation ? Et pourquoi l’a-t-elle préparé si mal ? Décryptage de la stratégie du chaos en cours...
Durant la Grande Dépression, Franklin Delano Roosevelt, le 32ème président des Etats Unis et un des hommes d’état les plus éminents de la première moitié du XXème siècle, a dit que l’une de ses principales préoccupations était d’éviter que les banquiers et les hommes d’affaires se suicident. Cette préoccupation émouvante est devenue une énorme tragédie pour toute l’humanité : la Seconde Guerre Mondiale fut déclenchée principalement par des industriels et des financiers américains. Plus de 54 millions de personnes sont mortes durant cette guerre, et 118 millions furent blessées.
La Seconde Guerre Mondiale a résolu une bonne partie des problèmes de la constitution étasunienne, mais pas tous : l’Union Soviétique n’a pas seulement survécu, elle est aussi devenue une super puissance. Mais Roosevelt a réussi son objectif principal, ainsi qu’un petit bonus : les Etats Unis sont devenus un centre financier mondial. En juillet 1944, dans la petite localité de Bretton Woods, lors d’une conférence internationale des vainqueurs, on fonda des institutions telles que la Banque Internationale de Reconstruction et Développement (IBRD, et à partir de 1960 Banque Mondiale) et le Fond Monétaire International (FMI). À ce moment, on déclara le dollar des USA comme monnaie mondiale, aussi bonne que l’or. À ce moment, les Usa contrôlaient 70% des réserves mondiales d’or. À l’intérieur des USA, on comptait 129 millions de dollars en économie liquide (une quantité colossale même pour les standards actuels !)
Cet argent « gagné » par les banquiers et les industriels américains sur la souffrance et la mort de millions de personnes, fut un puissant stimulus pour la production de biens de consommation et la construction de capitaux, pour ne pas parler de la position internationale qu’acquirent alors les Etats Unis. Même Z. Brzezinski, un russophobe et ennemi idéologique de notre pays [Russie], a admis : « Paradoxalement, alors que la défaite de l’Allemagne nazie a élevé le statut global des USA, ces derniers n’ont pas joué un rôle décisif dans la déroute militaire de l’hitlérisme. Le crédit dans ce sens en revient à l’Union Soviétique staliniste ». De toute façon, c’est après la dernière guerre mondiale que furent posées les bases d’une hégémonie moderne des USA.
Depuis lors, les USA ont une grande et terrible règle, un unique modèle de comportement : la résolution de ses propres problèmes doit toujours être obtenue aux dépens d’autres pays et peuples. Tout au long de la période d’après-guerre, les USA ont eu recours à l’agression chaque fois qu’ils ont rencontré des problèmes économiques ou qu’il était nécessaire de dévier l’attention des mesures économiques impopulaires à l’intérieur du pays.
Par exemple,, la guerre de Corée fut une réaction à la récession économique de l’après-guerre en 1949. L’invasion du Liban se produit comme conséquence de la récession de 1957-1958. L’agression contre le Vietnam fut la réaction à la crise économique de 1967, et le « lancement » de Carter d’une seconde vague de la guerre froide fut une réaction à la chute [géopolitique] de 1979 [référence à la révolution islamique en Iran et au triomphe sandiniste au Nicaragua]. Ceci fut l’approche d’une certain « Keynésianisme militaire » que Reagan eut au Nicaragua et à la Grenade [île des caraïbes envahie par les USA en 1982].
Pour ne pas parler des interventions des USA/OTAN à grande échelle au 21ème siècle comme en Afghanistan, en Irak et en Lybie. Beaucoup d’érudits et d’écrivains ont également remarqué la nature agressive de la politique extérieure des USA comme une réaction à des problèmes internes. Par exemple, Charles Austin Beard (1874-1948), l’historien le plus influant de la première moitié du vingtième siècle, et un des fondateurs de l’école d’historiographie économique américaine, auteur de quatre volumes de « L’émergence de la civilisation [nord]américaine », croit qu’après la victoire sur le Japon en 1945, les USA ont commencé à mener une « guerre perpétuelle pour la paix perpétuelle ».
En utilisant Beard comme point de départ, l’éminent écrivain libéral étasunien Gore Vidal rassemble plusieurs interventions militaires et autres opérations menées à terme par les USA jusque 2001 dans plusieurs pages de son livre « Comment nous avons réussi à être autant détestés ». L’auteur, « par compassion pour les lecteurs », n’a pas inclus les opérations militaires menées à terme pas la CIA dans plusieurs pays, comme par exemple au Guatemala (1953) ou en Iran (1953), quand Mossadegh fut renversé, ou au Chili, quand Allende fut renversé, etc. Mais le plus important, comme Vidal le fait remarquer, c’est que « dans ces nombreuses centaines de guerres contre le communisme, le terrorisme, les drogues, entre Pearl Harbor et le 11 septembre 2001, nous avions l’habitude de partir en guerre, donner le premier coup ; mais désormais nous sommes les gentils, nous en avons le droit ».
De la même manière, dans leur livre « Pourquoi les gens détestent les USA ? », Ziauddin Sardar et Merryl Wyn Davies comptent 124 interventions étasuniennes dans différentes parties du monde dans la période comprise entre 1890 (l’opération militaire des USA en Argentine) et 2001 (le début des opérations en Afghanistan). Et, comme les auteurs le signalent, les provocations ont toujours occupé une place de choix dans la politique interventionniste des USA. Exemples ? Partout et par tous les moyens.
En 1898, une explosion fut organisée sur le bateau « Maine » [à la Havane], et les espagnols furent accusés. Et le résultat fut une déclaration de guerre des USA à l’Espagne.
Le 7 mai 1915, les USA mirent le Lusitania en ligne de feu des sous-marins allemands. Avec son nom peint sur l’extérieur et aucun drapeau de quelque pays que ce soit, il entra dans une zone désignée par le gouvernement allemand comme « zone de guerre sous-marine ». Sous ces conditions de guerre, le Lusitania fut torpillé par un sous-marin allemand et fut coulé. Près de 1.200 personnes furent tuées parmi les 1.958 qui étaient à bord. Cet incident fut utilisé comme pression informative sur l’opinion publique de beaucoup de pays et les attitudes changèrent drastiquement envers l’Allemagne.
En 1941, Roosevelt était bien informé des préparatifs de l’attaque de Pearl harbor, mais ne fit rien, car il avait besoin d’une raison pour entrer en guerre.
En 1964, l’incident de Tonkin servit de prétexte pour commencer la guerre du Vietnam.
L’explosion des Tours Jumelles le 11 septembre 2001 devint un prétexte pour une intervention militaire en Afghanistan.
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