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La Chine, premier importateur de pétrole du monde

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  • La Chine, premier importateur de pétrole du monde

    Le port de Ningbo, en Chine (est). La croissance de l'économie chinoise s'est traduite par une forte hausse de sa consommation d'énergie.
    La Chine est devenue, au cours du mois de septembre, le premier importateur mondial de pétrole, devant les Etats-Unis. Si cette information, annoncée mercredi par l'Agence américaine d'information sur l'Énergie (EIA), était attendue, elle n'en est pas moins symbolique du basculement en cours dans le monde de l'énergie.
    Les importations nettes chinoises (la différence entre la consommation et la production intérieures) ont ainsi représenté 6,3 millions de barils par jour (mbj) en septembre, contre 6,24 mbj pour les États-Unis, selon les données de cette agence dépendant du ministère américain de l'énergie.

    CROISEMENT DES COURBES

    Ce croisement des courbes s'explique notamment par la "solide croissance" de la deuxième économie mondiale. Mais aussi par l'augmentation de la production américaine. Outre-Atlantique, elle ne cesse d'augmenter avec le fort développement des pétroles non-conventionnels (oil shale) présents en grande quantité dans les Rocheuses et le Dakota du Nord, provoquant une nouvelle ruée vers l'or noir.

    Avec les puits traditionnels (Texas, etc) et l'exploitation offshore du golfe du Mexique, la production pétrolière des États-Unis devrait augmenter de 28% entre 2011 à 2014 pour atteindre 13 millions de barils par jour. Dans le même temps, la consommation américaine a tendance à stagner sous la barre des 19 millions de barils, loin de son pic historique de 2005 (20,8 millions de barils).

    Rien de tel en Chine. Le pays est devenu importateur net de brut en 1993, alors qu'il était encore exportateur net en 1985. Sa dépendance énergétique globale (pétrole, gaz, charbon) s'accroît à mesure que ses besoins augmentent, notamment pour ses transports et sa production d'électricité. En 2002, ses importations quotidiennes n'étaient encore que de 1,4 million de barils de pétrole par jour, elles atteignent aujourd'hui 6,3 millions de barils (contre 6,2 pour les Etats-Unis), alors que certains experts, il y a dix ans, ne pensaient pas que Pékin atteindrait ce niveau avant 2020.

    CONSÉQUENCES GÉOPOLITIQUES

    L'EIA prévoit que "cette tendance continuera en 2014". Poussée par la forte progression de son parc automobile, la demande quotidienne en carburants liquides de la Chine devrait augmenter de 13% entre 2011 et 2014, pour atteindre plus de 11 millions de barils par jour.

    La Chine est déjà le premier consommateur d'énergie au monde (depuis 2010), même si, par habitant, elle reste loin derrière les Etats-Unis (quatre fois plus) ou certains Etats du Golfe arabo-persique. Les Chinois sont aussi, depuis 2008, les premiers émetteurs de CO2 de la planète, suivis par les Américains et les Indiens. En revanche, les États-Unis restent le premier consommateur de pétrole (19,8%), loin devant la Chine (11,7%), selon le rapport annuel sur l'énergie de BP (BP statistical review of world energy).

    Cette nouvelle donne n'est pas sans conséquences géopolitiques. Pékin est de plus en plus dépendant, notamment des monarchies pétrolières et gazières du Golfe et des pays d'Afrique de l'Ouest (Nigéria, Angola...).

    Outre la sécurisation de ses approvisionnements, qui passe notamment par l'achat d'actifs pétroliers partout où ils se présentent et le renforcement de ses compagnies (CNPC, Cnooc, Sinopec...), la Chine veille aussi sur ses routes pétrolières : elle renforce sa marine de guerre et investit dans les ports jalonnant les routes maritimes qui relient le continent africain et le golfe à la Chine (le fameux "collier de perles").

    A l'inverse, les Etats-Unis sentent l'étau se désserrer depuis quelques années, en particulier vis-à-vis de leur allié historique, l'Arabie saoudite, qui ne lui fournit plus qu'une petite partie de son pétrole. En mars 2012, quelques mois avant sa réélection, le président Barak Obama avait annoncé sa volonté d'atteindre, à terme, l'indépendance énergétique, notamment grâce au fort développement du gaz et du pétrole de schiste.

    Mais la prudence s'impose : n'avait-on pas prédit que les énormes ressources au large du Texas et de la Louisiane offrirait cette indépendance aux Etats-Unis ?

    Jean-Michel Bezat
    Journaliste au Monde
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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