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Munro devient la première Canadienne à recevoir le Nobel de littérature

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  • Munro devient la première Canadienne à recevoir le Nobel de littérature

    10 octobre 2013 11h02 | Catherine Lalonde, Le Devoir



    L'Académie suédoise la qualifie de «souveraine de l'art de la nouvelle contemporaine».
    La Canadienne Alice Munro est la lauréate du Prix Nobel de littérature cette année. L'écrivaine ontarienne de 82 ans est la première récipiendaire d'origine canadienne de ce prestigieux prix.

    La Canadienne Alice Munro est la lauréate du Prix Nobel de littérature cette année. L'écrivaine ontarienne de 82 ans, maître de la nouvelle, est la première récipiendaire d'origine canadienne de ce prestigieux prix. Elle devient ainsi la treizième femme à remporter le Nobel de littérature, et rejoint les Doris Lessing, Elfriede Jelinek, Toni Morrison et Herta Mueller, la dernière femme à avoir remporté ce prix en 2009.

    L'annonce de la lauréate a eu lieu jeudi à Stockholm en Suède. En 112 ans, c'est la première fois que le prestigieux prix est remis à un nouvelliste.

    L'Académie suédoise la qualifie de «souveraine de l'art de la nouvelle contemporaine». Elle affirme que Mme Munro, aussi appelée la «Tchekhov canadienne» par certains critiques, «est appréciée pour son art subtil, empreint d'un style clair et de réalisme psychologique». L'Académie souligne aussi que «ses histoires se déroulent généralement dans des petites villes, où le combat des gens pour une existence décente aboutit souvent à des problèmes relationnels et des conflits moraux».

    Pressentie à plusieurs reprises pour le Nobel de littérature, Alice Munro a déclaré à La Presse canadienne être «terriblement surprise» de sa nomination, et en est «honorée et reconnaissante», tout en étant particulièrement heureuse que ce prix attire l'attention sur la littérature canadienne. En 1976, Saul Below, né à Lachine, a été littéralement le premier canadien à remporter le Nobel de littérature, mais ayant migré aux États-Unis à l'âge de neuf ans, il est reconnu comme auteur américain.

    Née le 10 juillet 1931 à Wingham, en Ontario, Alice Munro a grandi dans une campagne de l'ouest de l'Ontario. Sa mère était institutrice, son père élevait des renards et des volailles. Alice Munro a commencé à écrire des histoires dès l'adolescence, et décidé dès lors de devenir écrivaine. Après avoir entamé des études de journalisme et d'anglais à l'université Western Ontario, qui ont été interrompues à l'occasion de son mariage en 1951, elle s'établit alors avec son mari à Victoria en Colombie-Britannique, où le couple ouvre une librairie.

    Elle a publié en 1950, encore étudiante, sa première nouvelle, The Dimension of a Shadow. Dance of the Happy Shades, premier recueil de nouvelles paru en 1968, lui vaut le prix littéraire du gouverneur général du Canada. En 1971 elle a fait paraître une suite d'histoires intitulées Lives of Girls and Women, un livre nommé roman d'apprentissage par la critique.

    On retrouve parmi ses oeuvres Who Do You Think You Are? (1978), The Moons of Jupiter (1982; Les lunes de Jupiter, 1989), Runaway (2004; Fugitives, 2008), The View from Castle Rock (2006; Du côté de Castle Rock, 2009) et Too Much Happiness (2009; Trop de bonheur, 2013). Sur cet opus, paru en français dans une traduction de Jacqueline Huet et Jean-Pierre Carasso, notre critique Gilles Archambault disait en ces pages qu'on «n'a pas tort d'évoquer Tchekhov à propos d'Alice Munro. Comme lui, elle sait animer plusieurs personnages et les décrire au tournant d'une phrase ou d'une réplique en apparence inoffensive. C'est ainsi que les personnages les plus frustes nous deviennent proches.»
    Son recueil Hateship, Friendship, Courtship, Loveship, Marriage (2001; Un peu, beaucoup, pas du tout, 2004) est le point de départ du film Away from Her (Loin d'elle) en 2006, réalisé par Sarah Polley, qui recevra deux nominations aux Oscars.

    Alice Munro a publié régulièrement des fictions dans The New Yorker et The Atlantic Monthly, ce qui lui a permis d'accroître peu à peu son lectorat.

    Ce qui pourrait être son dernier recueil, intitulé Dear Life, est sorti en 2012: Alice Munro a dit, à sa sortie, vouloir suivre l'exemple de Philip Roth et prendre sa retraite.

    Maître du réalisme, Munro maîtrise les nuances culturelles, sait dépeindre les différences régionales — plusieurs textes sont sis dans le comté de Huron, en Ontario — et arrive à aborder les classes sociales et leurs limites avec une dextérité et une précision rare. «Il n'y a pas de sujets trop petits», a-t-elle déjà dit en entrevue. Ses textes adoptent souvent une trame en spirale, qui transforme et ramène au fil du récit un thème central. C'est l'emploi d'un narrateur qui dévoile le sens du récit et la façon de traiter le réalisme et les travers des personnages lui a valu d'être qualifié de Tchekhov américaine par l'auteure Cynthia Ozick. Et sa discrétion, comme sa tendance à se tenir loin de la scène littéraire, médiatique et des débats publics font d'elle, selon certains observateurs, une «contre-figure» à Margaret Atwood.

    Alice Munro vit aujourd'hui à Clinton, près des lieux de son enfance dans le sud-ouest de l'Ontario.

    Munro a reçu, au cours de sa carrière, de nombreux prix et distinctions, dont des prix littéraires du Gouverneur général (1968, 1978, 1986), deux prix Giller (1998, 2004), des prix littéraires Trillium, et le prestigieux Man Booker International pour l'ensemble de sa carrière en 2009. Elle révélait, quelque temps après avoir remporté ce prix, avoir vaincu un cancer, maladie dont elle affligeait un de ses personnages dans une nouvelle publiée en 2008 dans The New Yorker.

    Alice Munro recevra officiellement son prix à Stockholm le 10 décembre prochain, ainsi qu'une bourse de 1,24 million de dollars.
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