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Pourquoi l'accord monétaire entre la BCE et la Chine est important

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  • Pourquoi l'accord monétaire entre la BCE et la Chine est important

    La BCE a convenu d'un accord de swap monétaire avec la Banque populaire de Chine pour un montant de 45 milliards d'euros. Une pierre dans le jardin de Washington ?

    Un nouveau coup de canif dans la domination mondiale du dollar ? La BCE et la Banque Populaire de Chine (BPC), la banque centrale de l'Empire du Milieu, ont annoncé jeudi avoir passé un accord d'échange de lignes monétaires (currency swap lines) pour un montant de 350 milliards de yuans et 45 milliards d'euros sur une période de 3 ans.

    Disposer de yuans et d'euros

    De quoi s'agit-il ? Ces accords passés entre banques centrales permettent aux institutions respectives de fournir à leurs banques des devises émises par l'autre partie contractante. Autrement dit, il s'agit de s'assurer que les banques chinoises puissent disposer facilement de liquidités en euros, tandis que les banques de la zone euro pourront disposer aisément de yuans auprès de la BCE.

    Libéralisation en cours..

    Cet accord permet de faciliter le commerce et les investissements entre les deux régions économiques. Ceci est particulièrement vrai en ce qui concerne les entreprises européennes, car, malgré une libéralisation croissante, l'accès aux yuans est souvent complexe et coûteux.

    Le cours de la monnaie chinoise, quoique nettement libéralisée depuis 2010, reste toujours sous contrôle. La BPC fixe chaque jour un cours-pivot de la « [/B]monnaie du peuple » (renminbi) et le cours réel peut évoluer légèrement par rapport à ce cours (par rapport au dollar, l'évolution quotidienne tolérée est de 1 %).

    Un yuan encore en retard

    Mais les flux de capitaux entre la Chine et le reste du monde restent sous contrôle. Pour les entreprises européennes, faire du commerce avec la Chine demeure difficile et passe souvent par des implantations à Hong Kong ou Singapour afin de pouvoir disposer d'un accès aux yuans.

    Le rapatriement des bénéfices réalisés en yuans est également souvent complexe. Du coup, l'usage du yuan dans les transactions internationales demeure encore loin de la place que pourrait lui donner l'importance de la Chine dans le commerce international. Selon la société Swift, le yuan n'est que la douzième monnaie de facturation au monde, derrière des monnaies comme le baht thaïlandais ou les couronnes norvégienne et suédoise.

    Internationalisation du yuan

    Pékin entend cependant modifier la donne et devenir de moins en moins dépendant du dollar. Le gouvernement chinois a donc entamé en 2008 un mouvement d'internationalisation du yuan parallèlement à l'avancée vers une plus grande libéralisation du taux de change. Des accords de swaps comparables avec celui passé entre la BCE et la PBC ont ainsi été conclus depuis 5 ans.

    Outre les pays proches (Taïwan, Japon, Russie, Indonésie) ou un peu plus lointains (Argentine, Biélorussie), la Chine a passé en juin un accord de swap avec le Royaume-Uni. D'autres mesures visant à faciliter l'accès au yuan ont été prises, et, le 1er janvier, la nouvelle zone économique de Shanghai devrait bénéficier d'une libéralisation accrue des taux de change.

    Une remise en question de la suprématie du dollar ?

    Ceci remettra-t-il en cause la suprématie du dollar ? Certes, l'euro est déjà la principale monnaie de facturation du commerce mondial, selon Swift. Mais le dollar conserve largement son avance en tant que monnaie de réserve, celle préférée par les Etats et les banques centrales. La raison en est simple : la puissance politique des Etats-Unis apporte une garantie qui n'existe pas pour l'euro. Pour le yuan, en revanche, cette garantie existe.

    Mais le régime de Pékin inspire-t-il suffisamment confiance pour que les investisseurs internationaux investissent sur les marchés en renminbi et conservent leurs liquidités dans cette monnaie ? Rien n'est moins sûr. En 2009, le président de la Banque Mondiale, Robert Zoellick, avait cependant prévenu que le yuan pouvait menacer la suprématie du dollar d'ici « 10-15 ans. »

    La guerre des places financières européennes

    Dans ce contexte, la BCE défend aussi avec cet accord les places financières de la zone euro et la première d'entre elles, Francfort. Il s'agit de savoir quelle sera la place européenne qui servira de « hub » pour les transactions entre la Chine et l'Europe une fois que le yuan deviendra une des principales monnaies du commerce mondial. Londres avait pris les devant avec l'accord de swap de juin dernier.

    Francfort rattrape son retard aujourd'hui et peut se prévaloir des relations commerciales intenses entre la Chine et l'Allemagne. L'association de la place allemande, Frankfurt Main Finance, s'est du reste jeudi ouvertement félicitée de cet accord et a fait valoir son ambition de devenir la place de référence pour les transactions en yuans en Europe.

    Mais la Suisse est en embuscade et a passé en juillet un accord de libre-échange avec la Chine qui fait de la place de Zurich le point de chute idéal pour les échanges monétaires entre le vieux continent. Bref, avec cet accord, la BCE entend entrer dans le futur jeu complexe de la réorganisation du paysage monétaire mondial.

    source: latribune
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