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Irak : le juteux business de la reconstruction

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  • Irak : le juteux business de la reconstruction

    Le Parisien Boris Cassel | Publié le 12.10.2013,

    Ce coup de ciseaux vaut des millions.

    En sectionnant jeudi midi le ruban bleu-blanc-rouge du pavillon français de la Foire internationale de Bagdad, Nicole Bricq, la ministre du Commerce extérieur, a lancé cinq jours d’intenses négociations commerciales pour les 22 PME et grands groupes (Sanofi, Orange etc.) tricolores qui l’accompagnent.

    Ambition affichée : doubler en trois ans les exportations françaises dans cet Irak en pleine reconstruction et encore marqué par l’intervention américaine en 2003.
    « Avec 500 Mds€ d’investissements prévus, il s’agit du plus grand marché solvable de reconstruction au monde », a souligné la ministre.

    Evoquant les attentes d’un « pays ami », Nicole Bricq s’est déjà félicitée des premières retombées de cette visite : un contrat très prometteur dans le ferroviaire , la vente de radars aériens pour Thales ou d’équipements électriques pour un montant total de 250 M€.

    Le made in France reconnu

    Sur les stands du pavillon français, tous les commerciaux polyglottes connaissent ces chiffres : 8% de croissance par an et environ 100 Mds€ que Bagdad dit vouloir investir dans de grands projets dans les prochaines années. Car le big business, ici, c’est le pétrole. « Le gouvernement irakien vise une production de 9 millions de barils par jour en 2020. C’est considérable, cela représente 10% de la production mondiale. Il y aura forcément des opportunités », lâche Alain Przybysz, le représentant local de Total. Avec plusieurs commerciaux déployés dans le pays, le pétrolier français entend bien sûr être de la partie.

    Modernisation du stade de football de Nasseria, mise en œuvre de plusieurs cimenteries pour Lafarge… D’autres entreprises françaises ont réussi à damer le pion pour une partie de ces contrats aux entreprises américaines, anglaises, allemandes ou encore japonaises. Dans cette guerre économique, le made in France est visiblement synonyme de qualité. Mais les prouesses technologiques ne font pas tout.

    En petit comité, les connaisseurs évoquent la face noire des affaires irakiennes. « Les marges sont très, très élevées ici. Mais pour les grands contrats, tous les dossiers passent par une commission anticorruption composée de fonctionnaires. Vous imaginez bien qu’elle n’a d’anti que le nom… » signale un expatrié français. Et d’ajouter : « N’oubliez pas que l’Irak est l’un des pays les plus corrompus au monde. » Les sociétés étrangères doivent donc composer avec les bakchichs et un Etat omniprésent. « Une fois livrée la marchandise, il faut avoir les reins solides car pour obtenir le paiement des autorités, c’est parfois assez compliqué… » raconte un expatrié.

    Les PME françaises, qui travaillent notamment dans l’agroalimentaire, ont d’autres problèmes. « Nos marges sont moins importantes car nos acheteurs, les agriculteurs irakiens, sont assez pauvres. Ce que l’on vient chercher ici, c’est du volume », explique Benoît Lainé, de la société Forges de Niaux, qui produit des machines de labour dans l’Ariège. Les questions de sécurité sont également plus difficiles à gérer pour elles que pour les grands groupes. La plupart préfèrent officier depuis les pays voisins, voire depuis Dubaï.

    Le projet fou de TGV Bagdad-Bassora

    Un mini-palmier en or. Offert mercredi soir à Nicole Bricq, la ministre française du Commerce extérieur, par le ministre irakien des Transports, ce cadeau diplomatique résume la situation : l’Irak pourrait bien faire la fortune d’Alstom. Mercredi soir, le géant français du transport a signé, sous l’œil bienveillant de ces deux ministres, ce qui s’annonce comme l’un des plus gros contrats de l’histoire des trains à grande vitesse. « C’est une ligne à grande vitesse de 700 km de long, où les trains circuleront à 250 km/h. Elle reliera Bagdad à Bassora (NDLR : la grande ville chiite du sud du pays), en desservant des villes telles que Kerbala et Nadjaf », explique Gian Luca Erbacci, un des cadres dirigeants d’Alstom.

    Alstom vise aussi le métro aérien

    Mais un peu de patience : cette ligne ne devrait pas sortir de terre avant plusieurs années, voire une décennie. Les conditions climatiques n’aideront pas à poser des rails dans le désert et la situation sécuritaire du pays peut également venir jouer les trouble-fête. Mais toutes ces difficultés en valent sans doute la peine : le marché total devrait atteindre les 9 Mds€.

    « Si tout se passe bien, Alstom devrait récupérer 5 ou 6 Mds€. C’est l’un des plus gros marchés au monde », souffle un cadre de l’entreprise. Seule certitude, pour l’instant, la société française n’est chargée que de la première partie du contrat. Facturée environ 150 M€, sa contribution consiste dans un premier temps à dessiner l’ensemble des plans de cette future liaison. « Nous allons concevoir aussi bien les lignes que les gares, la signalisation et même les rames qu’il faudra adapter aux besoins locaux, notamment la climatisation », rapporte Gian Luca Erbacci. Autre succès récent pour Alstom, celui du métro aérien de Bagdad. Là aussi, l’entreprise est chargée des études. Autant dire que, lorsque le gouvernement irakien lancera les appels d’offres, Alstom sera en pole position…
    Ce que vous faites de bien et de mal, vous le faites à vous
    Mahomet
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