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G20 : tensions entre les pays émergents et les Etats-Unis

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  • G20 : tensions entre les pays émergents et les Etats-Unis

    Les ministres des finances et directeurs des banques centrales au G20 Finances, le 11 octobre 2013 à Washington.
    Pendant que les Etats-Unis dansent au bord de l'abîme, le monde entier se ronge les sangs. Le communiqué du G20 Finances, rendu public vendredi 11 octobre à Washington, alors que la Maison blanche et les républicains n'avaient toujours pas trouvé d'issue à la crise budgétaire, en porte témoignage : "Il est urgent, dit-il, que les Etats-Unis s'attellent à la résolution de leurs problèmes budgétaires". Les sherpas des différents pays du G20, qui passent la nuit à rédiger les communiqués et pinaillent parfois des heures pour déplacer une virgule, n'ont pas pour habitude d'épingler un pays membre, surtout lorsqu'il s'agit de la première puissance économique du monde.
    S'ils l'ont fait vendredi, c'est probablement à la fois pour marquer leur inquiétude et pour donner un coup de pouce à l'administration Obama. En faisant comprendre aux républicains américains que l'impasse budgétaire, si elle se prolonge, ne manquera pas d'avoir des effets non seulement sur l'économie américaine mais sur celle de l'ensemble du monde. Le message avait été également martelé lors de la séance formelle d'ouverture des assemblées générales du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale.

    La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, avait exhorté les Etats-Unis à faire preuve de responsabilité, tandis que le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, avait rappelé combien la seule menace d'un précédent "shutdown" en 2011 avait fragilisé les économies des pays émergents.

    Jeudi soir, lors du traditionnel dîner des ministres des finances et des banquiers centraux du G20, les conversations ont souvent été plus directes. Certains pays émergents, qui n'ont pas été les derniers à souffrir de l'annonce en mai d'un possible durcissement de la politique monétaire américaine, sont tombés à bras raccourcis sur les Etats-Unis, en faisant remarquer qu'il y avait urgence à mettre fin au "shutdown et à trouver un accord sur le relèvement du plafonds de la dette américaine, que l'absence de plan crédible de consolidation budgétaire au Japon et aux Etats-Unis était un problème.

    Se sentant pris à partie, le président de la Fed, Ben Bernanke, est intervenu pour dire que les politiques monétaires non conventionnelles avaient des effets positifs non seulement sur l'économie américaine, mais aussi sur l'économie mondiale, et que les pays émergents devaient balayer devant leurs portes. Les sorties de capitaux dont certains ont souffert ont révélé des fragilités structurelles qu'il faut traiter, a-t-il fait valoir. On était alors assez loin de la langue de bois.

    Interrogé vendredi après-midi au sujet des blocages américains, le ministre russe des finances Anton Siluanov a fait observer que le gouvernement fédéral faisait "tout ce qu'il peut" pour résoudre la crise. Il s'est également refusé à porter un jugement sur la crédililité des Etats-Unis. "Les Etats-Unis restent en effet la première économique mondiale et tout ce qui les concerne a un effet sur l'ensemble du monde", a-t-il admis, rappelant au passage que les réserves de change de la Russie étaient constituées à 45 % de bons du Trésor américains.

    Pour le reste, le G20, une institution qui représente 85 % de l'économie mondiale et 75 % de la population de la planète, a réaffirmé son engagement en faveur d'une croissance robuste et riche en emplois, sa volonté de faire progresser la régulation financière, son souci de stratégies d'investissement de long terme. La question de la mise sur pied d'une banque des "Brics" devrait faire l'objet d'une décision finale en 2014 sous présidence australienne, a précisé le ministre russe. Pour les pays émergents, ce serait un moyen de se protéger des turbulences liées au changement attendu de la politique monétaire américaine, à un horizon que l'on ne connaît pas.

    Claire Guélaud
    Journaliste au Monde
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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