Des plus beaux poèmes d'amour de la langue française.
Quand le ruisseau de la fontaine
S' éclaircit et la marjolaine
Au joyeux soleil du printemps
Et que du rossignol le chant
S’élève et module et s'affine
Sur la branche de l'aubépine,
Il faut que j'entonne le mien.
Amour de la terre lointaine
Pour vous tout mon corps est dolent
Car ne fut plus gente chrétienne.
Heureux pour qui elle est parlant.
De désir mon cœur est tiré
Vers cette dame qu'entre tous j'aime.
Pour elle ai toujours soupiré
Mais ne veux pas que l'on me plaigne,
Car de la douleur naît la joie.
Lorsque les jours sont longs en mai,
Le doux chant des oiseaux me plaît
Et quand peu à peu il s’éteint
D'un amour lointain me souvient.
Je marche alors tète baissée
Et non plus que saison glacée
Me plaît alors le chant d'oiseau
Ou le gazouillis du ruisseau.
Je le tiendrai pour vrai Seigneur
Par qui verrai l'amour lointain,
Mais malgré l'espoir de tel heur
J'ai mal, car il est très lointain.
Ah! que je ne suis pèlerin
Là-bas pour porter le bourdon
Et recevoir le meilleur don
D'être contemplé par ses yeux.
Jamais d'amour ne jouirai
Sinon de cet amour lointain.
Car femme ne connais meilleur
Ni plus gracieuse en cette heure
De nulle part, ni près ni loin
Pour elle et pour lui rendre soin
Je consens à être captif
Là-bas au pays sarrasin.
Il dit vrai celui qui m'appelle
Le désireux d'amour lointain,
Car nulle autre joie me ne révèle
Que jouir de l'amour lointain,
Mais tout mes vœux sont inutiles
Et je suis voué à ce sort
D'aimer toujours sans être aimé
Jaufré Rudel le troubadour [1113]
Quand le ruisseau de la fontaine
S' éclaircit et la marjolaine
Au joyeux soleil du printemps
Et que du rossignol le chant
S’élève et module et s'affine
Sur la branche de l'aubépine,
Il faut que j'entonne le mien.
Amour de la terre lointaine
Pour vous tout mon corps est dolent
Car ne fut plus gente chrétienne.
Heureux pour qui elle est parlant.
De désir mon cœur est tiré
Vers cette dame qu'entre tous j'aime.
Pour elle ai toujours soupiré
Mais ne veux pas que l'on me plaigne,
Car de la douleur naît la joie.
Lorsque les jours sont longs en mai,
Le doux chant des oiseaux me plaît
Et quand peu à peu il s’éteint
D'un amour lointain me souvient.
Je marche alors tète baissée
Et non plus que saison glacée
Me plaît alors le chant d'oiseau
Ou le gazouillis du ruisseau.
Je le tiendrai pour vrai Seigneur
Par qui verrai l'amour lointain,
Mais malgré l'espoir de tel heur
J'ai mal, car il est très lointain.
Ah! que je ne suis pèlerin
Là-bas pour porter le bourdon
Et recevoir le meilleur don
D'être contemplé par ses yeux.
Jamais d'amour ne jouirai
Sinon de cet amour lointain.
Car femme ne connais meilleur
Ni plus gracieuse en cette heure
De nulle part, ni près ni loin
Pour elle et pour lui rendre soin
Je consens à être captif
Là-bas au pays sarrasin.
Il dit vrai celui qui m'appelle
Le désireux d'amour lointain,
Car nulle autre joie me ne révèle
Que jouir de l'amour lointain,
Mais tout mes vœux sont inutiles
Et je suis voué à ce sort
D'aimer toujours sans être aimé
Jaufré Rudel le troubadour [1113]
Commentaire