Après la biométrie, L'Express et le cabinet BearingPoint vous proposent un nouvel exemple d'innovation inversée: les smart cities. Un concept de ville qui apparaît comme une "nécessité" pour les pays émergents, selon Jean-Michel Huet.
Les pays matures confrontés au siècle dernier à un exode rural massif, ont rationalisé et optimisé leur tissu urbain. Après la ville, ses banlieues d'habitation et ses zones industrielles spécialisées, les pays développés ont construit des technopoles, puis des pôles de compétitivité, pour allier recherche, formation et entreprises.
La prochaine étape, avérée déjà dans certains pays, est la Smart City. Intégrant une utilisation généralisée des nouvelles technologies, cette dernière désigne un concept de ville disposant d'une infrastructure moderne adressant à la fois les enjeux d'urbanisation, de développement durable, de technologie et d'expansion économique.
Les pays matures risquent de perdre leur monopole
Si les pays matures ont été à la pointe de l'urbanisation d'hier, ils risquent de perdre leur monopole. Statistiquement, la smart city de demain a de fortes chances de ne pas se situer sur leur sol, mais plutôt sur celui des pays émergents. En 2030, les villes de ces pays rassembleront 46% de la population mondiale, contre 12% pour les villes des pays matures.
Déjà, des smart cities se sont élevées, fleurons des pays émergents. Comment créer les conditions pour attirer et encourager les entrepreneurs et les idées, c'est tout l'enjeu de la course à l'innovation qui se joue entre smart cities du monde ancien et du monde émergent.
"En Europe, le concept a déjà fait des émules"
Dans certains pays émergents comme la Chine, le rêve est déjà réalité, Shanghai apparaissant comme la ville connectée par excellence, smart city tentaculaire. D'autres smart cities, en construction, nourrissent toutes les convoitises technologiques et les rêves les plus fous.
Ainsi en est-il par exemple de Masdar City, smart city dont la construction est prévue non loin d'Abu Dhabi, qui accueillera, selon les plans, en 2025, 40 000 habitants et 1500 entreprises, spécialisées dans les technologies et produits verts. De même, New Songdo City, près de Séoul, est considéré aujourd'hui comme l'un des projets les plus ambitieux de smart cities. Elle accueillera près de 65 000 habitants.
Shanghai, smart city tentaculaire
En Europe, le concept a déjà fait des émules. Les centres historiques des villes européennes ont fait l'objet de programmes de réhabilitation et de modernisation importants dans les années 1990 et 2000, entre Antigone, Montpellier et le Grand Lyon.
Désormais, avec la réimportation du concept de smart city en Europe, il s'agit de revisiter les infrastructures existantes et de générer une coordination d'acteurs publics et privés pour parvenir à revitaliser et réorganiser, voire penser autrement les villes "anciennes". L'exemple d'Amsterdam Smart City témoigne d'une telle tendance.
"Pour les pays émergents, il ne s'agit pas seulement d'un défi mais d'une nécessité"
Devenir une smart city est un défi aux multiples facettes: performance économique et fiscale, qualité de vie des habitants, utilisation durable des ressources, bonne gouvernance. La prospérité des villes de demain dépendra de la manière dont elles parviendront à répondre à ce défi, et le jeu en vaut la chandelle. D'ici 20 ans, une smart city de cinq millions d'habitants est susceptible de générer 15 milliards de dollars de revenus et d'avoir une croissance de 9,5%.
Pour les pays émergents, face à une urbanisation galopante et massive, il ne s'agit pas seulement d'un défi mais d'une nécessité. Il s'agit de développer un réseau d'infrastructures (transport, utilities et éducation) pour permettre l'adéquation en temps réel de l'accroissement de la population des villes et des activités économiques.
Devenir une smart city est un défi aux multiples facettes
Des investissements sans précédents devront être consacrés aux infrastructures des smart cities des pays émergents. Ainsi, selon ABI Research, près de 8,1 milliards de dollars ont été dédiés au marché des TICs dans les smart cities en 2010, ce chiffre devrait s'élever à 39,5 en 2016.
Dès lors, et compte tenu de ses potentialités, le marché des smart cities émergentes devient un débouché naturel pour l'innovation née initialement dans les pays développés, mais aussi un terrain d'expérimentation nouveau et incontournable, sur une échelle encore inégalée.
Face aux besoins des smart cities émergentes, de nouvelles solutions techniques et technologiques devront être inventées, qui, par ricochet, se répercuteront sur l'équipement des villes de l'ancien monde. Le temps s'accélère, et les innovations se croisent et s'inversent.
"Devenir une smart city coûte cher"
L'innovation peut être encouragée, mais elle ne part pas de zéro. Devenir une smart city coûte cher: ce sont près de 60 billions de dollars qui seront consacrés par le gouvernement saoudien au développement de quatre smart cities d'ici 2010.
Parallèlement, dans le cadre de la construction de smart cities, couvrant la "smart water", la "smart transportation", et le "smart everything", la complexité des écosystèmes de services digitaux et le besoin d'orchestration des parties prenantes vont croissant.
La mise en place de partenariats est une des clés de réussite
Dans ce cadre, la mise en place de partenariats est une des clés de réussite des smart cities émergentes. La construction de smart city ex nihilo s'avèrera être une gageure, à moins que des partenariats puissants ne soient trouvés entre l'ancien et le nouveau monde, pour alimenter la pompe à innovation.
Il est opportun de rappeler que les dix plus grandes entreprises spécialisées dans les infrastructures, issues des pays matures, sont parmi les entreprises les plus actives dans les programmes de smart cities des pays émergents. C'est un équilibre à trouver.
Jean-Michel Huet: directeur associé du cabinet BearingPoint.
Diane de Pompignan: manager chez BearingPoint.
L'Express
Les pays matures confrontés au siècle dernier à un exode rural massif, ont rationalisé et optimisé leur tissu urbain. Après la ville, ses banlieues d'habitation et ses zones industrielles spécialisées, les pays développés ont construit des technopoles, puis des pôles de compétitivité, pour allier recherche, formation et entreprises.
La prochaine étape, avérée déjà dans certains pays, est la Smart City. Intégrant une utilisation généralisée des nouvelles technologies, cette dernière désigne un concept de ville disposant d'une infrastructure moderne adressant à la fois les enjeux d'urbanisation, de développement durable, de technologie et d'expansion économique.
Les pays matures risquent de perdre leur monopole
Si les pays matures ont été à la pointe de l'urbanisation d'hier, ils risquent de perdre leur monopole. Statistiquement, la smart city de demain a de fortes chances de ne pas se situer sur leur sol, mais plutôt sur celui des pays émergents. En 2030, les villes de ces pays rassembleront 46% de la population mondiale, contre 12% pour les villes des pays matures.
Déjà, des smart cities se sont élevées, fleurons des pays émergents. Comment créer les conditions pour attirer et encourager les entrepreneurs et les idées, c'est tout l'enjeu de la course à l'innovation qui se joue entre smart cities du monde ancien et du monde émergent.
"En Europe, le concept a déjà fait des émules"
Dans certains pays émergents comme la Chine, le rêve est déjà réalité, Shanghai apparaissant comme la ville connectée par excellence, smart city tentaculaire. D'autres smart cities, en construction, nourrissent toutes les convoitises technologiques et les rêves les plus fous.
Ainsi en est-il par exemple de Masdar City, smart city dont la construction est prévue non loin d'Abu Dhabi, qui accueillera, selon les plans, en 2025, 40 000 habitants et 1500 entreprises, spécialisées dans les technologies et produits verts. De même, New Songdo City, près de Séoul, est considéré aujourd'hui comme l'un des projets les plus ambitieux de smart cities. Elle accueillera près de 65 000 habitants.
Shanghai, smart city tentaculaire
En Europe, le concept a déjà fait des émules. Les centres historiques des villes européennes ont fait l'objet de programmes de réhabilitation et de modernisation importants dans les années 1990 et 2000, entre Antigone, Montpellier et le Grand Lyon.
Désormais, avec la réimportation du concept de smart city en Europe, il s'agit de revisiter les infrastructures existantes et de générer une coordination d'acteurs publics et privés pour parvenir à revitaliser et réorganiser, voire penser autrement les villes "anciennes". L'exemple d'Amsterdam Smart City témoigne d'une telle tendance.
"Pour les pays émergents, il ne s'agit pas seulement d'un défi mais d'une nécessité"
Devenir une smart city est un défi aux multiples facettes: performance économique et fiscale, qualité de vie des habitants, utilisation durable des ressources, bonne gouvernance. La prospérité des villes de demain dépendra de la manière dont elles parviendront à répondre à ce défi, et le jeu en vaut la chandelle. D'ici 20 ans, une smart city de cinq millions d'habitants est susceptible de générer 15 milliards de dollars de revenus et d'avoir une croissance de 9,5%.
Pour les pays émergents, face à une urbanisation galopante et massive, il ne s'agit pas seulement d'un défi mais d'une nécessité. Il s'agit de développer un réseau d'infrastructures (transport, utilities et éducation) pour permettre l'adéquation en temps réel de l'accroissement de la population des villes et des activités économiques.
Devenir une smart city est un défi aux multiples facettes
Des investissements sans précédents devront être consacrés aux infrastructures des smart cities des pays émergents. Ainsi, selon ABI Research, près de 8,1 milliards de dollars ont été dédiés au marché des TICs dans les smart cities en 2010, ce chiffre devrait s'élever à 39,5 en 2016.
Dès lors, et compte tenu de ses potentialités, le marché des smart cities émergentes devient un débouché naturel pour l'innovation née initialement dans les pays développés, mais aussi un terrain d'expérimentation nouveau et incontournable, sur une échelle encore inégalée.
Face aux besoins des smart cities émergentes, de nouvelles solutions techniques et technologiques devront être inventées, qui, par ricochet, se répercuteront sur l'équipement des villes de l'ancien monde. Le temps s'accélère, et les innovations se croisent et s'inversent.
"Devenir une smart city coûte cher"
L'innovation peut être encouragée, mais elle ne part pas de zéro. Devenir une smart city coûte cher: ce sont près de 60 billions de dollars qui seront consacrés par le gouvernement saoudien au développement de quatre smart cities d'ici 2010.
Parallèlement, dans le cadre de la construction de smart cities, couvrant la "smart water", la "smart transportation", et le "smart everything", la complexité des écosystèmes de services digitaux et le besoin d'orchestration des parties prenantes vont croissant.
La mise en place de partenariats est une des clés de réussite
Dans ce cadre, la mise en place de partenariats est une des clés de réussite des smart cities émergentes. La construction de smart city ex nihilo s'avèrera être une gageure, à moins que des partenariats puissants ne soient trouvés entre l'ancien et le nouveau monde, pour alimenter la pompe à innovation.
Il est opportun de rappeler que les dix plus grandes entreprises spécialisées dans les infrastructures, issues des pays matures, sont parmi les entreprises les plus actives dans les programmes de smart cities des pays émergents. C'est un équilibre à trouver.
Jean-Michel Huet: directeur associé du cabinet BearingPoint.
Diane de Pompignan: manager chez BearingPoint.
L'Express
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