Par Ali al-Gattani à Benghazi pour Magharebia – 17/10/2013
Alors que la Libye est frappée de plein fouet par des attentats terroristes et des assassinats quotidiens, de nombreuses personnes demandent aux autorités de remettre rapidement en place une armée professionnelle.
Magharebia a rencontré le colonel Ahmed Bani pour parler de la situation et de la manière dont le pays peut assurer la sécurité de ses frontières, rétablir l'ordre et protéger ses citoyens. Spécialiste militaire et ancien porte-parole de la Défense pour le Conseil national de transition, le colonel Bani a une vision très précise des défis pour la sécurité de la Libye.
Magharebia : Pourquoi tant de retard dans la reconstruction d'une armée libyenne ?
[AFP/Leon Neal] "Même une armée très nombreuse ne parviendra pas à sécuriser nos frontières, du fait de leur immensité. Nous devons donc construire notre armée sur des critères de qualité plutôt que de quantité", estime le spécialiste militaire Ahmed Bani.
Colonel Ahmed Bani : Le terme de reconstruction ne s'applique pas à ce qui est en train de se passer aujourd'hui en Libye. Il existait une armée libyenne qui était fragmentée ; nous ne pouvons donc pas parler de reconstruction. Le terme correct doit être la restructuration des cartes de l'armée libyenne. Ce qui a naturellement provoqué ce retard est la difficile situation que connaît la Libye à tous les niveaux, de l'armée à la police en passant par la branche judiciaire, l'économie et les services de santé.
Magharebia : Comment l'armée libyenne peut-elle être "restructurée" ?
Bani : Sur la base des technologies modernes, et sur la qualité plus que sur la quantité. Techniquement, nous devrions nous concentrer sur les forces aériennes et bénéficier de la leçon que la Libye a tirée de la Résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies. Cette mise en œuvre fut entièrement fondée sur la force aérienne ; nous devons construire une défense aérienne forte.
Magharebia : Comment la Libye peut-elle sécuriser ses frontières ?
Bani : Même une armée très nombreuse ne parviendra pas à sécuriser nos frontières, du fait de leur immensité. Nous devons donc construire notre armée sur des critères de qualité plutôt que de quantité. Nous devons utiliser des appareils de haute technologie volant à haute altitude et des centres opérationnels sur le terrain. Un avion peut couvrir de vastes régions s'il coordonne ses efforts avec de tels centres opérationnels. Sécuriser les frontières sera alors facile !
Magharebia : Quel sera le statut des membres des brigades al-Kadhafi dans la future armée libyenne ?
Bani : Lorsque l'ancien régime avait ressenti la menace grandissante de l'armée, notamment durant les années 1980 et 1990, il avait commencé à compter sur la loyauté personnelle de ses soldats. Ces brigades avaient donc été instaurées sur la base de leur loyauté envers l'ancien régime. Je doute qu'elles changent de camp. Ces tueurs n'ont pas leur place au sein de l'armée libyenne, bien que j'ai vu certains d'entre eux fuir les convois de Kadhafi lorsqu'ils furent attaqués le 19 mars 2011 devant Benghazi. Ceux-ci seront les bienvenus, mais ceux qui ont tué des Libyens n'ont aucune place parmi nous.
Magharebia : Quid des rebelles civils qui ont combattu Kadhafi et des boucliers composés de civils ?
Bani : Ce qui détermine la capacité d'une personne à rejoindre l'armée, c'est son désir couplé à sa maîtrise du combat et à son expérience du terrain. Nous ne pouvons recruter des faibles. Ces jeunes révolutionnaires se sont battus férocement et ne manquent ni de courage, ni de l'expérience du combat dans le désert et dans la guérilla urbaine, dans les rues ou dans les montagnes, comme cela s'est produit dans les montagnes de Nafousa. Ils sont les bienvenus dans l'armée et, selon les critères militaires, ils participeront à la mise en place d'une armée forte.
Magharebia : Durant le régime de Kadhafi, le service militaire était obligatoire pour les citoyens. Êtes-vous favorable à son retour ?
Bani : Kadhafi ne s'était pas aperçu que ses manipulations se retourneraient contre lui. Durant la révolution du 17 février, nous avons bénéficié de l'expérience d'un certain nombre de jeunes formés dans les chars, les mortiers, l'artillerie, les roquettes et les canons de 14,5 et 23 mm. Le service national n'avait été mis en place que pour recenser les jeunes et garder un œil sur eux.
Le service militaire est un service national très apprécié, et je suis favorable à son retour. Je pense que les jeunes accepteront d'honorer le sang des martyrs. Nous devons tous apprendre à porter les armes.
Magharebia : Comment expliquez-vous les derniers assassinats visant des officiers de l'armée ?
Bani : La plupart de ces martyrs étaient des nationalistes. Récemment, le colonel Abdullah Barasi, pilote de l'Armée de l'air spécialisé dans le pilotage des Antonov, a été abattu. Il était un patriote très travailleur, qui avait rejoint la révolution dès le départ. Il faisait partie des pilotes qui avaient joué un rôle dans les opérations de transport vers la ville de Misrata durant la révolution, en dépit des risques que de tels déplacements comportaient. Il avait également volé vers le Jebel Nafousa. Son assassinat m'a surpris. Ceux qui se trouvent derrière ce meurtre ne sont pas des patriotes libres.
Alors que la Libye est frappée de plein fouet par des attentats terroristes et des assassinats quotidiens, de nombreuses personnes demandent aux autorités de remettre rapidement en place une armée professionnelle.
Magharebia a rencontré le colonel Ahmed Bani pour parler de la situation et de la manière dont le pays peut assurer la sécurité de ses frontières, rétablir l'ordre et protéger ses citoyens. Spécialiste militaire et ancien porte-parole de la Défense pour le Conseil national de transition, le colonel Bani a une vision très précise des défis pour la sécurité de la Libye.
Magharebia : Pourquoi tant de retard dans la reconstruction d'une armée libyenne ?
[AFP/Leon Neal] "Même une armée très nombreuse ne parviendra pas à sécuriser nos frontières, du fait de leur immensité. Nous devons donc construire notre armée sur des critères de qualité plutôt que de quantité", estime le spécialiste militaire Ahmed Bani.
Colonel Ahmed Bani : Le terme de reconstruction ne s'applique pas à ce qui est en train de se passer aujourd'hui en Libye. Il existait une armée libyenne qui était fragmentée ; nous ne pouvons donc pas parler de reconstruction. Le terme correct doit être la restructuration des cartes de l'armée libyenne. Ce qui a naturellement provoqué ce retard est la difficile situation que connaît la Libye à tous les niveaux, de l'armée à la police en passant par la branche judiciaire, l'économie et les services de santé.
Magharebia : Comment l'armée libyenne peut-elle être "restructurée" ?
Bani : Sur la base des technologies modernes, et sur la qualité plus que sur la quantité. Techniquement, nous devrions nous concentrer sur les forces aériennes et bénéficier de la leçon que la Libye a tirée de la Résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies. Cette mise en œuvre fut entièrement fondée sur la force aérienne ; nous devons construire une défense aérienne forte.
Magharebia : Comment la Libye peut-elle sécuriser ses frontières ?
Bani : Même une armée très nombreuse ne parviendra pas à sécuriser nos frontières, du fait de leur immensité. Nous devons donc construire notre armée sur des critères de qualité plutôt que de quantité. Nous devons utiliser des appareils de haute technologie volant à haute altitude et des centres opérationnels sur le terrain. Un avion peut couvrir de vastes régions s'il coordonne ses efforts avec de tels centres opérationnels. Sécuriser les frontières sera alors facile !
Magharebia : Quel sera le statut des membres des brigades al-Kadhafi dans la future armée libyenne ?
Bani : Lorsque l'ancien régime avait ressenti la menace grandissante de l'armée, notamment durant les années 1980 et 1990, il avait commencé à compter sur la loyauté personnelle de ses soldats. Ces brigades avaient donc été instaurées sur la base de leur loyauté envers l'ancien régime. Je doute qu'elles changent de camp. Ces tueurs n'ont pas leur place au sein de l'armée libyenne, bien que j'ai vu certains d'entre eux fuir les convois de Kadhafi lorsqu'ils furent attaqués le 19 mars 2011 devant Benghazi. Ceux-ci seront les bienvenus, mais ceux qui ont tué des Libyens n'ont aucune place parmi nous.
Magharebia : Quid des rebelles civils qui ont combattu Kadhafi et des boucliers composés de civils ?
Bani : Ce qui détermine la capacité d'une personne à rejoindre l'armée, c'est son désir couplé à sa maîtrise du combat et à son expérience du terrain. Nous ne pouvons recruter des faibles. Ces jeunes révolutionnaires se sont battus férocement et ne manquent ni de courage, ni de l'expérience du combat dans le désert et dans la guérilla urbaine, dans les rues ou dans les montagnes, comme cela s'est produit dans les montagnes de Nafousa. Ils sont les bienvenus dans l'armée et, selon les critères militaires, ils participeront à la mise en place d'une armée forte.
Magharebia : Durant le régime de Kadhafi, le service militaire était obligatoire pour les citoyens. Êtes-vous favorable à son retour ?
Bani : Kadhafi ne s'était pas aperçu que ses manipulations se retourneraient contre lui. Durant la révolution du 17 février, nous avons bénéficié de l'expérience d'un certain nombre de jeunes formés dans les chars, les mortiers, l'artillerie, les roquettes et les canons de 14,5 et 23 mm. Le service national n'avait été mis en place que pour recenser les jeunes et garder un œil sur eux.
Le service militaire est un service national très apprécié, et je suis favorable à son retour. Je pense que les jeunes accepteront d'honorer le sang des martyrs. Nous devons tous apprendre à porter les armes.
Magharebia : Comment expliquez-vous les derniers assassinats visant des officiers de l'armée ?
Bani : La plupart de ces martyrs étaient des nationalistes. Récemment, le colonel Abdullah Barasi, pilote de l'Armée de l'air spécialisé dans le pilotage des Antonov, a été abattu. Il était un patriote très travailleur, qui avait rejoint la révolution dès le départ. Il faisait partie des pilotes qui avaient joué un rôle dans les opérations de transport vers la ville de Misrata durant la révolution, en dépit des risques que de tels déplacements comportaient. Il avait également volé vers le Jebel Nafousa. Son assassinat m'a surpris. Ceux qui se trouvent derrière ce meurtre ne sont pas des patriotes libres.
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