Le dormeur du val
C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit
C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit
Sans doute le poème de Rimbaud le plus connu,
le plus lu, le plus commenté et le plus souvent interprété.
Et le poème se suffit à lui-même.
Ici, en dialogue avec Gabriel Fauré
et où la voix, paraphrasant Léo Ferré,
devient cet archet qui frotte les mots
de cet instrument qu'est le texte
et dont le luthier est le poète.
Avec en mémoire
l'autoportrait L'homme blessé de Gustave Courbet,
qui, à l'image de l'écriture,
est une sorte d'agonie confondue au sommeil.
« La littérature est une blessure
par où jaillit l'indispensable divorce entre les mots et les choses.
Par cette plaie, nous pouvons perdre tout notre sang ».
Carlos Fuentes, Diane ou La chasseresse solitaire, Gallimard, 1999.
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