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Comme un mirage devenu réalité. Sur les rives du golfe Persique, en un éclair (trois ans de travaux), Abu Dhabi vient de se doter d’une plate-forme industrielle et portuaire géante. Ce projet inauguré le 12/12/2012, c’est d’abord Khalifa Port, complexe maritime gagné sur la mer. Celui-ci, prévu pour 12 millions de tonnes et 2,5 millions de conteneurs, a déjà l’objectif de tripler sa taille d’ici à vingt ans. Pour faire bonne mesure, les autorités ont adjoint au port la Khalifa industrial zone Abu Dhabi (Kizad), une zone franche industrielle de 56 km2 et, à terme, 400 km2 ! Exemption de taxe, foncier avantageux, électricité à prix cassé…
Tout est fait pour draguer les investisseurs mondiaux (français notamment) de la métallurgie, de l’agroalimentaire ou de l’aéronautique. Coût de ces infrastructures : 7,2 milliards de dollars pour la seule phase 1. Une goutte d’eau au vu de la fortune d’Abu Dhabi, le plus riche des sept émirats. Planté sur les septièmes réserves d’or noir du monde, il affiche 130 milliards de dollars de PIB (il a triplé en dix ans) pour 2,1 millions d’habitants, dont 400 000 seuls "vrais" Émiratis. Son fonds souverain Adia pèse au moins 500 milliards de dollars.
Dans une région où, derrière l’impassible visage des cheikhs en keffieh, l’extravagance est la norme, Abu Dhabi et sa famille régnante Al Nahyane (Cheikh Khalifa, le patriarche donne son nom à tous les projets) se conforment à la règle. On ne compte plus les "exploits" de ce confetti : son grand prix de F1, ses quatre centrales nucléaires achetées à Séoul, l’écocité Masdar ou le parc à thème Ferrari. Chargé de facto de la défense des Émirats arabes unis, Abu Dhabi (où François Hollande est passé en janvier) fait aussi danser les grands avionneurs, Dassault en tête, pour renouveler ses chasseurs.
Derrière cette débauche de projets, il y a "Vision 2030", plan stratégique qui vise 5 à 6% de croissance par an et une diversification du pétrole. Mais aussi une rivalité certaine entre les voisins du Golfe ou même au sein des Émirats. Ainsi Khalifa Port a été planté à 80 km de Jebel Ali, le port à conteneur géant de Dubai ! Et Abu Dhabi, voilà quelques semaines, a annoncé, à la surprise générale, la création d’une vaste cité financière en zone franche. Une autre pierre dans le jardin de Dubai et de la famille Al Maktoum qu’Abu Dhabi sauva de la banqueroute en 2010 (en souvenir la tour géante de Dubai se nomme Khalifa !) et qui a depuis recouvré son statut de centre financier pour toute la région.
Mais il n’y a pas qu’au sein des Émirats qu’Abu Dhabi se distingue. Alors que le Qatar, "nouveau riche" aux ambitions tentaculaires, soutient à grands frais les Frères musulmans dans tout le monde arabe, Abu Dhabi les met en prison.
Pierre-Olivier Rouaud
L'Usine Nouvelle
Tout est fait pour draguer les investisseurs mondiaux (français notamment) de la métallurgie, de l’agroalimentaire ou de l’aéronautique. Coût de ces infrastructures : 7,2 milliards de dollars pour la seule phase 1. Une goutte d’eau au vu de la fortune d’Abu Dhabi, le plus riche des sept émirats. Planté sur les septièmes réserves d’or noir du monde, il affiche 130 milliards de dollars de PIB (il a triplé en dix ans) pour 2,1 millions d’habitants, dont 400 000 seuls "vrais" Émiratis. Son fonds souverain Adia pèse au moins 500 milliards de dollars.
Dans une région où, derrière l’impassible visage des cheikhs en keffieh, l’extravagance est la norme, Abu Dhabi et sa famille régnante Al Nahyane (Cheikh Khalifa, le patriarche donne son nom à tous les projets) se conforment à la règle. On ne compte plus les "exploits" de ce confetti : son grand prix de F1, ses quatre centrales nucléaires achetées à Séoul, l’écocité Masdar ou le parc à thème Ferrari. Chargé de facto de la défense des Émirats arabes unis, Abu Dhabi (où François Hollande est passé en janvier) fait aussi danser les grands avionneurs, Dassault en tête, pour renouveler ses chasseurs.
Derrière cette débauche de projets, il y a "Vision 2030", plan stratégique qui vise 5 à 6% de croissance par an et une diversification du pétrole. Mais aussi une rivalité certaine entre les voisins du Golfe ou même au sein des Émirats. Ainsi Khalifa Port a été planté à 80 km de Jebel Ali, le port à conteneur géant de Dubai ! Et Abu Dhabi, voilà quelques semaines, a annoncé, à la surprise générale, la création d’une vaste cité financière en zone franche. Une autre pierre dans le jardin de Dubai et de la famille Al Maktoum qu’Abu Dhabi sauva de la banqueroute en 2010 (en souvenir la tour géante de Dubai se nomme Khalifa !) et qui a depuis recouvré son statut de centre financier pour toute la région.
Mais il n’y a pas qu’au sein des Émirats qu’Abu Dhabi se distingue. Alors que le Qatar, "nouveau riche" aux ambitions tentaculaires, soutient à grands frais les Frères musulmans dans tout le monde arabe, Abu Dhabi les met en prison.
Pierre-Olivier Rouaud
L'Usine Nouvelle