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Brahim Mokhtar, ministre de la Coopération sahraoui : « L’indépendance nationale est notre seul objectif »

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  • Brahim Mokhtar, ministre de la Coopération sahraoui : « L’indépendance nationale est notre seul objectif »

    Écrit par Mariam Ali Marina



    Dans quinze jours, soit le 6 novembre prochain, trente-huit ans se seront écoulés depuis que le territoire du Sahara occidental fut occupé par les forces marocaines. Depuis cette date, des milliers de Sahraouis vivant dans les territoires occupés ou dans les camps de refugiés de Tindouf sont dans l’attente d’un règlement juste de leur cause. Pour le ministre sahraoui de la Coopération, et dans un contexte où l’on annonce une nouvelle tournée de l’envoyé spécial des Nations unies pour le Sahara occidental, Christopher Ross, dans la région, cette issue ne peut être que celle d’un référendum pour l’autodétermination. Entretien.

    Reporters : Le 6 novembre 1975 correspond au début de l’invasion marocaine des territoires du Sahara occidental. Trente-huit ans après, quelle est la situation du peuple sahraoui ?

    Brahim Mokhtar : En effet, le 6 novembre 1975 rappelle malheureusement le début du mal du peuple sahraoui au lendemain de la marche verte ordonnée par Hassan II, alors roi du Maroc, un assoiffé de pouvoir et d’expansionnisme, et après que l’Espagne ait trahi, vendu les Sahraouis au Maroc et à la Mauritanie. Cette date est gravée dans la mémoire du peuple sahraoui, car ce fut également le transfert d’un colonialisme européen vers un autre type de colonialisme arabo-musulman africain. Dès lors, nous n’avons cessé de défendre notre droit à la décolonisation. La lutte de tous les Sahraouis a contraint la Mauritanie à signer avec le Front Polisario un accord de paix le 5 août 1979 à Alger. Cette lutte a été par la suite dirigée vers le Maroc colonialiste que nous avons battu. La guerre entre les deux parties aura duré seize ans. En 1991, l’ONU, qui croyait que le moment pour la paix était venu, nous a sommés de cesser le feu. Elle pensait aussi qu’une solution pacifique serait trouvée à travers un référendum juste, équitable et transparent…


    Mais, depuis cette date, rien de concret n’est palpable. Sur le terrain, la Minurso est un mécanisme onusien qui n’arrive toujours pas à organiser ce référendum, encore moins protéger les populations des territoires occupés…

    Exact. Nul besoin de rappeler que l’objectif principal et pour lequel la Minurso - La Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental - a été créée est celui, comme son nom l’indique, de l’organisation d’un référendum au Sahara occidental et rien d’autre. L’ONU croyait pouvoir organiser ce référendum en février 1992, malheureusement, la faiblesse des Nations unies, le manque d’intérêt quant aux souffrances des Sahraouis par les grandes nations, mais surtout les manoeuvres marocaines ont fait que la tenue de ce référendum a été retardée à maintes reprises. Il y a eu un processus de négociations entamé depuis dix ans déjà, mais lui non plus n’a pas abouti. Aujourd’hui, le processus de négociations est quasiment bloqué à cause de l’intransigeance du Maroc, pays soutenu par la France qui fait tout pour que son enfant gâté sorte gagnant de cette entreprise coloniale. C’est la France qui a d’ailleurs bloqué toutes les résolutions qui devaient obliger le Maroc à accepter et mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité. C’est aussi la France qui a bloqué, en avril dernier, une résolution du même Conseil de sécurité portant sur la création, au sein de la Minurso, d’un mécanisme de protection des droits de l’Homme dans les territoires occupés. Autrement dit, le combat des Sahraouis n’est pas seulement orienté contre l’occupant direct qu’est le Maroc, mais aussi contre son allié, la France, et surtout contre le mutisme de l’Espagne officielle.

    Pourquoi la France agit-elle de la sorte ?

    Il existe un jeu malsain d’intérêts entre les deux pays. Ce n’est d’ailleurs plus un secret pour personne.

    Vous avez précédemment dit que le processus des négociations était bloqué. Est-ce à dire que le Polisario ne s’assoira plus autour d’une même table avec le Maroc ?

    La récente résolution 20/99 du Conseil de sécurité de l’ONU avait demandé à Christopher Ross d’entreprendre encore une fois des efforts pour la mise en œuvre des résolutions onusiennes pour un référendum au Sahara occidental. Cependant, depuis avril 2013, nous n’avons constaté aucune évolution. Nous attendons de voir les résultats de la visite qu’effectue en ce mois d’octobre l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental pour décider de la suite à donner à notre lutte pour le recouvrement de l’indépendance nationale. Mais d’ici là, nous pouvons affirmer une fois de plus que les populations sahraouies sont frustrées. La direction du Polisario subit d’énormes pressions de la base qui tient à mettre un terme à une occupation illégale de ses terres, ainsi qu’à notre collaboration avec l’ONU. Notre jeunesse, particulièrement, pense que les Nations unies n’ont pas les capacités de résoudre le problème. Elle estime aussi que le moment est venu pour une deuxième lutte pour la libération du Sahara occidental.

    Insinuez-vous que la reprise des armes n’est pas exclue ?

    Tout dépendra des Nations unies. Si l’ONU nous envoie des signes positifs indiquant qu’elle est en mesure de mettre en application ses propres résolutions, nous sommes toujours pour une solution pacifique permettant, sans condition aucune, au peuple sahraoui de s’autodéterminer à travers un référendum libre et juste supervisé par les Nations unies et l’Union africaine. Dans le cas contraire, tous les Sahraouis, à leur tête le Front Polisario, ne resteront pas les bras croisés. L’indépendance nationale est notre seul objectif. Seul un Etat sahraoui libre est la solution. Pour y parvenir, nous userons de tous les moyens possibles, y compris le recours une deuxième fois à la lutte armée. Notre patience a atteint son summum. 22 ans après le cessez-le-feu, qui n’a rien apporté de plus que des souffrances, nous estimons légitime de reprendre le chemin des armes. Nous sommes à la limite. Aucun peuple vivant dans des conditions aussi difficiles que les Sahraouis n’aurait attendu toute cette période. Un cessez-le-feu plus long qu’une guerre (1976-1991), c’est du jamais vu.

    Un blocus médiatique est imposé sur les territoires occupés et les Sahraouis sont soumis quotidiennement à toutes sortes d’intimidations et toutes formes de violences. Selon les rapports qui vous parviennent, quelle est la situation des droits de l’Homme de l’autre côté du mur ?

    La situation s’est beaucoup détériorée au cours de l’année 2013 et ce n’est pas nous qui le disons. Des rapports de différentes ONG rendus publics l’attestent bel et bien. Le Maroc renforce sa présence avec plus d’éléments de police et de militaires. Il n’y a plus de place dans les prisons... Les militants de la cause sahraouie qu’ils soient femmes, hommes ou enfants y sont jetés quotidiennement. C’est une situation purement coloniale d’un Maroc qui est en train de compter ces derniers instants d’occupation des territoires sahraouis, car aucune pratique inhumaine n’a dissuadé les Sahraouis à renoncer. Bien au contraire, chaque fois que les violations se multiplient et que les atteintes aux droits humains s’amplifient, la résistance, elle, redouble. Le message est clair : le Sahara occidental n’est et ne sera jamais marocain. Il est inéluctable que, tôt ou tard, le Maroc finira par s’asseoir, malgré lui, à la table des négociations sous la pression de ce qui se passe justement dans les territoires occupés.

    Justement, on ne peut évoquer les violations des droits humains dans les territoires occupés sans revenir sur ce qui s’était passé un certain 8 novembre 2010 à Gdeim Izik. Certains des animateurs avaient été condamnés à de lourdes peines par des tribunaux militaires. Avez-vous des informations concernant les disparus ?

    Difficile d’avancer un chiffre exact, mais ce qui est par contre certain, c’est qu’il y en a eu beaucoup. La sauvagerie avec laquelle avait été démantelé ce camp renseigne sur l’atrocité de l’occupant marocain et de ses forces de sécurité.

    Le Maroc accuse souvent le Polisario d’être une organisation terroriste…

    Cela ne nous surprend nullement. Le Maroc, pour dénigrer notre image, est prêt à tout. Mais, le contraire a été souvent démontré par les Américains, certains pays du voisinage et surtout par cette même France qui soutient le Maroc dans sa politique colonialiste. Le Polisario est, au contraire, partie prenante dans la lutte des pays du Sahel dans leur lutte contre le terrorisme, dont l’un des groupes, le Mujao (Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest) en l’occurrence, est une pure création des services secrets marocains. Nous avons maintes fois apporté des preuves concrètes quant à ce lien direct existant entre les deux parties. Le Mujao a été créé, entre autres, pour ternir l’image du Polisario. L’enlèvement des trois coopérants étrangers dans les camps de réfugiés en octobre 2010 en est une preuve formelle.

    On assiste ces derniers temps à l’ouverture de la cause sahraouie sur le monde. Cependant, chose déplorable, la presse arabe semble s’intéresser à autre chose que les maux des Sahraouis. Pourquoi, selon vous ?

    A mon avis, c’est parce que les Arabes n’ont aucun rôle à jouer dans la politique mondiale. D’autre part, la plus grande majorité de ces pays est dirigée par des monarques qui ne cachent souvent pas leur affinité avec le royaume marocain. Cette solidarité entre les Palais a fait que la presse arabe ne s’intéresse pas au conflit au Sahara occidental.

    L’Algérie, elle aussi, n’échappe pas à la propagande marocaine…

    Les Marocains sont jaloux de la puissance de l’Algérie et de son rôle prédominant sur les scènes régionale et internationale. Mais surtout, le Maroc n’admet pas le fait que l’Algérie s’est de tout temps montrée solidaire avec les Sahraouis. C’est dire que les Algériens ne s’étonnent pas des campagnes de dénigrement de la part d’un Maroc connu pour avoir toujours nagé en eaux troubles.

    Les Marocains ne cessent de faire le lien entre le soutien de l’Algérie à la cause sahraouie et la fermeture des frontières terrestres entre les deux pays. Un commentaire à ce propos…

    Je dirais tout simplement que le Maroc a tort. La fermeture des frontières n’a rien à voir avec le conflit du Sahara occidental du moment qu’elles ont été fermées que depuis 1994, alors que l’occupation illégale des territoires sahraouis date de près de quarante ans. L’Algérie a procédé à la fermeture des frontières pour des raisons évidentes que le Maroc connait très bien. Il tente juste de créer la confusion. Mais le « baratin » marocain n’est plus un secret pour quiconque.

    REPORTERS.DZ
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    c'est donc un refus de toutes négociations, ross en predra note

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    • #3
      Brahim Mokhtar, ministre de la Coopération sahraoui : « L’indépendance nationale est notre seul objectif »
      A tindouf Inchallah ........ ceci dit , il ne faut pas mettre tous ces œufs dans le même panier
      " Je me rend souvent dans les Mosquées, Ou l'ombre est propice au sommeil " O.Khayaâm

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