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Octobre 1942 : quand les alliés se sont donnés rendez vous à Cherchell

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  • Octobre 1942 : quand les alliés se sont donnés rendez vous à Cherchell

    Silence. Les secteurs du tourisme, de la culture et même les autorités locales ne veulent pas promouvoir leurs activités dans la partie Ouest de la wilaya de Tipasa. En effet ; à la sortie Ouest de Messelmoune précisément ; une zone rurale dans laquelle avait été érigée une ferme au bord de la mer, que cet évènement planétaire occulté par nos responsables avait eu lieu.



    Pourtant l’exploitation intelligente de la journée du 22 octobre peut donner une autre image positive de notre pays d’une part et d’autre part rendre service aux jeunes de cette région pour révéler leurs talents. La création de richesses, des emplois et la consolidation des liens avec les touristes américains et européens. Cette maison avait abrité dans le secret absolu sous l’ère de Vichy, une réunion secrète américano-anglaise, en présence des résistants français. Cette rencontre présidée par l’Adjoint du Général Eisenhower avait abouti à la libération de l’Afrique, de l’Europe et du monde du nazisme. Un fait marquant.

    Tout avait été préparé en Algérie pour libérer le monde du joug nazi. Pourquoi n’a-t-on pas choisi un autre lieu dans un autre pays ? Or ; 71 années après, cet évènement est totalement ignoré par nos décideurs. Des algériens avaient aussi préparé les repas durant cette mission des officiers militaires américains et anglais dans cette ferme.

    A présent, cet abri historique est à l’abandon en dépit de son classement. Les passagers ignares ne se gênent pas pour le transformer en un dépotoir, un lieu de débauche hélas, même les excréments humains sont exposés. Ce monument chargé d’histoire devra être enseigné aux jeunes algériens, afin qu’ils sachent que des hommes avaient décidé de se rendre en Algérie pour se retrouver dans ce lieu, afin de décider de l’avenir du monde et de réfléchir sur l’anéantissement des troupes nazies.

    Bref ; le 19 octobre 1942 dans le détroit de Gibraltar ; le lieutenant anglais, Norman Limbury Auchinleck Jewell (29 ans), Commandant du petit sous-marin « Seraph », avait été convoqué par le major Général américain Mark Wayne Clark par le biais du capitaine anglais Fawkes. Une importante conférence anglo-américaine allait se tenir à la Résidence du Gouverneur à Gibraltar. La préparation d’une mission secrète qui doit avoir lieu dans une ferme située au bord de la plage de Messelmoune (Algérie), à l’Ouest d’Alger (110 kms environ), tel est l’objet de cette réunion.

    Le capitaine anglais Fawkes a immédiatement répondu, « le projet est parfaitement réalisable » dit-il au Général américain. Le Général Clarck était l’adjoint du Général Dwight Eisenhower, Commandant en Chef des forces terrestres, navales et aériennes de la coalition contre les armées nazies. « Nous sommes le 19, pouvez-vous me mettre à terre pour le 21 ou le 22 ? », demande le Général américain Clarck. « Si nous pouvions partir ce soir répond le lieutenant Jewell, nous pourrions arriver le 22 », dira le Commandant du sous-marin. Robert Murphy, le chargé des intérêts américains auprès de l’Algérie colonisée est prévenu immédiatement de cet arrangement.

    Après un dîner, la conférence historique de la Résidence s’achève donc au foyer Depot-Ship à Gibraltar. Un groupe de commandos anglais monte à bord du Seraph. Sa mission consiste à accompagner et assurer la protection des responsables militaires américains dirigés par le Général Clark, afin de les amener du sous- marin « Seraph » vers la plage de Messelmoune et assurer leur retour vers le sous-marin, après la réunion secrète.

    Même à bord, l’objet de la réunion était jalousement gardé. « Nous reconnaîtrons la maison en Algérie, car à sa gauche quand nous la regardons de la mer, on va apercevoir une grande colline en pain de sucre (colline de Hadjret-Ennous, ndlr) et un petit oued se jette dans la mer, exactement au-dessous explique le Général Clarck. Les habitants de cette maison auront une puissante lumière blanche qu’ils dirigeront uniquement du côté de la mer. Certains d’entres eux se retrouveront sur la plage pour nous accueillir », précise le longiligne Général américain.

    Il y avait 5 américains et 3 commandos anglais à répartir sur les 4 embarcations démontables. Les militaires enmission avaient prévu toutes les solutions pour échapper aux éventuelles situations catastrophiques qui peuvent les surprendre au cours de cettepérilleuses mission secrète.

    A l’aide de ses jumelles, le Général Clarck déclare, « vous êtes tombé tout droit dessus, c’est bien travaillé », dira-t-il au lieutenant Jewell. Celui-ci est décédé à l’âge de 90 ans en 2004, faut-il le préciser. Le général américain Clarck décide de quitter le sous-marin en tenue militaire. « Nous irons à terre en tant qu’officiers américains pas autrement dit-il, cela aidera les gens que nous devons rencontrer à se souvenir de ce que nous sommes et de ce que nous représentons. Il ne faut pas qu’ils oublient un seul instant que nous sommes américains et que derrière nous, il y a des milliers d’autres américains », précisera le Général américain, avec son calme, en dépit de la complexité de la mission.

    A 02h00 environ, dans la nuit du 20 au 21 octobre 1942, les américains, malgré leurs fortes corpulences, s’enfoncent dans leurs kayaks respectifs, selon le plan d’action établi, afin de rejoindre le rivage et pouvoir enfin tenir la réunion secrète avec le groupe de résistants français. En plus de la présence des anglais, des américains, des français, il y avait quelques ouvriers algériens qui travaillaient dans cette ferme. « Les arabes étaient aimables et souriants » selon les témoignages des commandos anglais. Jacques Tessier est le propriétaire de la ferme.

    Le 22 octobre 1942, vers 04h00 du matin, les américains escortés par les commandos anglais regagnent le « Seraph », malgré une mer houleuse. La mission est accomplie. Sur la plaque commémorative à l’entrée de cette ferme, il est écrit : « Ici commence la route de la libération de la France, de l’Europe et du monde du joug nazi ». Le résultat de cette réunion secrète ne s’est pas fait attendre. Le débarquement des troupes alliées en Afrique du nord avait commencé dans la nuit du samedi 7 novembre au dimanche 08 novembre 1942 à Alger, à travers l’opération « Torch ».

    Cette opération minutieusement préparée donc par les américains et les anglais dans la ferme de Messelmoune (Tipasa) marque le 1er succès des alliés durant la 2ème guerre mondiale. L’Afrique du Nord entière passe ensuite aux mains des forces militaires américano-anglaises avec le soutien de la résistance française. L’opération « Torch » selon les historiens, avait permis aux alliés d’ouvrir la voie pour les futurs débarquements en Sicile (Italie) et en France d’une part mais d’autre part, elle aura été à l’origine de l’éviction et la défaite des troupes nazies qui se trouvaient dans le continent africain. La wilaya de Tipasa à travers son chef de l’exécutif commençait à s’intéresser à ce lieu historique à partir du mois d’octobre 2004.

    Des légers travaux d’aménagement avaient été engagés à partir de 2005. Le recasement des 55 familles qui occupaient illicitement dans l’exiguïté la vieille bâtisse délabrée avait eu lieu le 15 février 2007. Khalida Toumi, Ministre de la Culture s’était rendue sur les lieux en 2008. Son département ministériel a classé le ferme « Stigès » sur la liste des monuments historiques nationaux. Une importante enveloppe financière avait été allouée par les pouvoirs publics pour entamer les travaux de réhabilitation et de confortement de cet endroit qui avait regroupé la réunion secrète américano anglo-française le 22 octobre 1942.

    Hélas ; les choses ne semblent pas bouger depuis des années. Le 05 décembre 1999, l’ex. Ambassadeur U.S, Cameron Hume se rend jusqu’à la ferme pour effectuer une visite touristique. En septembre 2012 au musée de Cherchell, l’actuel ambassadeur U.S. son excellence Henry Ensher affirme, « nous travaillons en étroite collaboration avec les autorités algériennes pour intervenir dans le secteur culturel dit-il, d’ailleurs nous considérons que cette ferme historique qui avait abrité la réunion secrète présidée par notre compatriote, le Général Clarck au mois d’octobre 1942, comme étant un lieu qui renferme une partie de notre passé historique », conclut-il. Cette vieille bâtisse n’est plus fréquentée.

    Cet ancien refuge historique n’arrive plus à résister aux agressions de la nature (érosion, ndlr) et des hommes incultes. Nous avons du mal à penser que nos voisins, marocains et tunisiens, auraient agi de la même façon que nos décideurs. Le développement culturel et touristique ne concerne pas uniquement les grandes villes en Algérie. Il concerne l’ensemble du pays.



    M'hamed Houaoura

    el watan 23/10/13
    dz(0000/1111)dz
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