TSA - jeudi, 24 octobre 2013 14:11
3G, Bourse, investissements… Entretien avec Saad Dama, PDG de Mobilis
Propos recueillis par Hamid Guemache
Quels sont les investissements consentis par Mobilis pour le déploiement du réseau 3G ? Nous avons un plan d’investissement de 142 milliards de dinars, soit près de deux milliards de dollars, entre 2012 et 2018. En 2012, nous avons investi 306 millions de dollars et durant les neuf premiers mois de cette année, nous avons investi plus de 260 millions de dollars.
Ces investissements sont destinés à moderniser, à renouveler et à densifier notre réseau. Nous avons opté pour des équipements multistandards qui s’adaptent à la 3G et à la 4G, et aux évolutions futures. Une partie de nos investissements est destinée au déploiement du réseau 3G. Mobilis est le premier investisseur dans le secteur des télécoms. Nos investissements ont été opérés sur nos fonds propres, sans oublier la ressource humaine qui demeure la richesse principale de l'entreprise où des efforts considérables ont été consentis en matière de formation. A titre d'exemple, pour les neuf mois de l'année en cours plus de 2096 employés ont bénéficié d'un programme de formation global de pas moins de 816 jours.
La 3G va-t-elle concurrencer l’internet fixe ADSL ?
Pour garantir une qualité de service de l’internet mobile semblable à un bon réseau fixe, il faut multiplier par quatre les investissements dans la partie radio. C’est-à-dire au lieu d’installer une seule BTS, il en faudra quatre ! En plus, la fréquence choisie pour la 3G est faite pour une utilisation externe pour les Smartphones, c’est-à-dire en dehors de la maison et du bureau.
Mais les Algériens attendent la 3G pour une utilisation domestique sur les tablettes et les PC…
Effectivement, il y a une attente importante. Nous envisageons des solutions techniques pour amplifier le débit à l’intérieur des maisons et des bureaux, en attendant le lancement d’une fréquence destinée à une utilisation future en indoor (NDLR : à l’intérieur de la maison). Mais soyons clairs : l’internet mobile ne pourra pas remplacer l’internet d'un bon réseau fixe.
Ne fallait-il pas opter directement pour la 4G ?
Non. Pour plusieurs raisons. D'abord la 4G : pour quelle utilisation ? Pour quel utilisateur et à quel prix ? Partant du fait que l'objectif majeur des pouvoirs publics est la démocratisation de l'utilisation des TIC le plus tôt possible par les Algériens, la 3G est la plus adaptée pour le marché algérien pour satisfaire ce besoin immédiat pour la majorité des citoyens. La 3G est une technologie mature, ce n’est pas le cas pour la 4G qui est, en plus, plus couteuse.
Pour la 4G le client devra acquérir un terminal dont le coût avoisine au minimum les 400 USD. Par contre, pour la 3G les coûts des terminaux sont beaucoup plus accessible.
Le débat 3G/4G a été alimenté par des" pseudos experts" pour servir des intérêts d'équipementiers télécoms en perte de vitesse au niveau mondial et qui n'ont aucune chance d'entrée dans le marché algérien . Ce qui est intéressant est que ces mêmes "pseudos experts auto-proclamés" applaudissent aujourd'hui le choix de la 3G.
Comment le marché algérien du mobile va-t-il évoluer ?
Le marché du mobile va doubler dans les deux ou les trois prochaines années grâce à la 3G. Son chiffre d’affaires, actuellement de quatre milliards de dollars, va atteindre les 8 milliards de dollars. Le marché algérien va suivre ce qui se passe dans le monde. Les opérateurs vont continuer à avoir des revenus quasiment sur la voix jusqu’à 2016. Après, le basculement va s’opérer au profit de l’internet haut débit et les contenus.
Sachant qu'actuellement ce sont les OTT (Operator Over the Top) qui tirent plus de profit que les opérateurs licenciés détenteurs de réseaux mobiles.
À ce sujet, nous espérons que les discussions engagées depuis un certain moment sur cette question aboutiront à un meilleur partage des revenus.
Nous réclamons toutefois une concurrence saine entre les opérateurs. Nous dénonçons d’ailleurs les campagnes organisées et orchestrées par la direction RH de l’un de nos concurrents, qui a réagi à notre classement en haut du podium des opérateurs 3G, qui n'a pas trouvé mieux que d'essayer de débaucher nos cadres.
L’ethnique et la déontologie sont bafoués d’autant que cette campagne a été lancée juste après les résultats de l’appel d’offres pour la vente de licences 3G où Mobilis est arrivé premier. Il est plus judicieux pour cet opérateur d'investir plus sur la formation et acquérir plus d'expertise.
Une campagne similaire avait été orchestrée en 2011 envers les cadres de notre structure marketing.
De plus, des démarches à l'encontre de l’un de nos distributeurs exclusifs en 2012 pour le recruter avec une proposition malsaine se résumant à un ticket d'entrée gratuit de plusieurs dizaines de millions de dinars.
Il y a aussi des campagnes de presse contre Mobilis et qui sont orchestrées par ce même concurrent . Je dénonce les pratiques déloyales, Mobilis ne se laissera pas faire ! Mobilis se réserve le droit de recourir aux voies légales pour imposer une concurrence saine. Le marché en a besoin, les clients en ont besoin aussi.
Combien Mobilis compte-t-il d’abonnés ?
Au mois de septembre 2013, nous avions dépassé le cap des 12 millions d’abonnés. Nous avons recruté plus de 1,5 million d’abonnés entre septembre 2012 et septembre 2013. Notre chiffre d’affaires a progressé de 27% durant les neuf premiers mois de 2013, avec un résultat brute d'exploitation ( avant impôt et amortissement) de 15,6 milliards de Dinars.
Que va apporter la 3G à Mobilis ?
La 3G représente pour nous un tournant technologique et une chance pour se repositionner sur le marché. Mobilis est déjà numéro 1 dans le post-payé et nous visons le leadership du marché dans les trois prochaines années. Mais il nous faut les mêmes armes que nos concurrents !
Le gouvernement refuse de dépénaliser l’acte de gestion réclamé par de nombreux gestionnaires publics…
Nous souhaitons avoir les mêmes armes que nos concurrents pour faire du marketing, de la communication, lancer de nouvelles offres aux abonnés. Les réseaux mobiles sont techniquement identiques. La différence entre les opérateurs se fait au niveau du marketing et des offres et service à valeur ajoutée. On aimerait avoir de la souplesse qui est primordiale à notre secteur d'activité où la notion "Time to market" est vitale.
Malgré les quelques améliorations apportées récemment aux procédures pour les entreprises publiques, ses cadres doivent être soutenus et réconfortés, ce qui va permettre de libérer les initiatives, oh combien nécessaires pour une activité purement commerciale où la prise de risque reste un acte de gestion.
Il faut mettre en place un contrôle adapté à l’entreprise qui évolue dans un marché concurrentiel vu les enjeux économiques et l'impact sur l'économie nationale.
Êtes-vous pour la portabilité des numéros ?
Nous sommes favorables. La portabilité des numéros va nous obliger à améliorer notre relation avec le client pour le fidéliser. Pour la concurrence, c’est une bonne chose. Mais il y a des préalables. D’abord, il faut maitriser le problème d’identification des numéros. En plus, chez nous, le numéro n’est pas personnel. Il n’est pas la propriété de l’opérateur. Il est attribué par l’ARPT. Après, comment gérer techniquement la portabilité des numéros. Il faudrait créer une société externe aux opérateurs. Et nous sommes encore loin !
Est-ce que Mobilis s’intéresse à l’international ?
Nous avons l’ambition d’aller à l’international. Mais on doit avoir la souplesse nécessaire pour y aller, notamment dans les pays voisins, où nous pouvons déployer et gérer des réseaux de téléphonie mobile. Même la communauté algérienne à l’étranger nous intéresse.
Mobilis fait partie des dix entreprises publiques qui seront introduites en bourse. Avez-vous des détails ?
Mobils sera introduit en bourse. La décision politique a été prise par le gouvernement. Maintenant, il y a des étapes à suivre, notamment l’évaluation de la société qui est d’ailleurs la plus importante. Il n’y a pas de date limite pour cette introduction, nous attendons la notification officielle de la part des autorités boursières. Le seuil minimum du capital à mettre en bourse est de 20%. C’est une bonne décision qui va permettre aux Algériens de profiter de la rentabilité d’une entreprise nationale.
Si vous permettez, j'aimerais dire un dernier mot. Je tiens tout d'abord à souhaiter une bonne fête à tous les journalistes et toute la corporation des médias algériens à l'occasion de la journée nationale de la presse fêtée ce 22 octobre.
A cette occasion Mobilis est fier d'avoir lancé le Prix Mobilis pour la Presse Algérienne, pour lequel les trophées seront décernés la semaine prochaine lors d'une grande fête qui réunira la famille des médias algériens.
Aussi, je renouvelle mes vifs remerciements à tous les clients de Mobilis qui de par leurs confiance et fidélité permettent à l'opérateur national d'être partout avec les Algériens.
3G, Bourse, investissements… Entretien avec Saad Dama, PDG de Mobilis
Propos recueillis par Hamid Guemache
Quels sont les investissements consentis par Mobilis pour le déploiement du réseau 3G ? Nous avons un plan d’investissement de 142 milliards de dinars, soit près de deux milliards de dollars, entre 2012 et 2018. En 2012, nous avons investi 306 millions de dollars et durant les neuf premiers mois de cette année, nous avons investi plus de 260 millions de dollars.
Ces investissements sont destinés à moderniser, à renouveler et à densifier notre réseau. Nous avons opté pour des équipements multistandards qui s’adaptent à la 3G et à la 4G, et aux évolutions futures. Une partie de nos investissements est destinée au déploiement du réseau 3G. Mobilis est le premier investisseur dans le secteur des télécoms. Nos investissements ont été opérés sur nos fonds propres, sans oublier la ressource humaine qui demeure la richesse principale de l'entreprise où des efforts considérables ont été consentis en matière de formation. A titre d'exemple, pour les neuf mois de l'année en cours plus de 2096 employés ont bénéficié d'un programme de formation global de pas moins de 816 jours.
La 3G va-t-elle concurrencer l’internet fixe ADSL ?
Pour garantir une qualité de service de l’internet mobile semblable à un bon réseau fixe, il faut multiplier par quatre les investissements dans la partie radio. C’est-à-dire au lieu d’installer une seule BTS, il en faudra quatre ! En plus, la fréquence choisie pour la 3G est faite pour une utilisation externe pour les Smartphones, c’est-à-dire en dehors de la maison et du bureau.
Mais les Algériens attendent la 3G pour une utilisation domestique sur les tablettes et les PC…
Effectivement, il y a une attente importante. Nous envisageons des solutions techniques pour amplifier le débit à l’intérieur des maisons et des bureaux, en attendant le lancement d’une fréquence destinée à une utilisation future en indoor (NDLR : à l’intérieur de la maison). Mais soyons clairs : l’internet mobile ne pourra pas remplacer l’internet d'un bon réseau fixe.
Ne fallait-il pas opter directement pour la 4G ?
Non. Pour plusieurs raisons. D'abord la 4G : pour quelle utilisation ? Pour quel utilisateur et à quel prix ? Partant du fait que l'objectif majeur des pouvoirs publics est la démocratisation de l'utilisation des TIC le plus tôt possible par les Algériens, la 3G est la plus adaptée pour le marché algérien pour satisfaire ce besoin immédiat pour la majorité des citoyens. La 3G est une technologie mature, ce n’est pas le cas pour la 4G qui est, en plus, plus couteuse.
Pour la 4G le client devra acquérir un terminal dont le coût avoisine au minimum les 400 USD. Par contre, pour la 3G les coûts des terminaux sont beaucoup plus accessible.
Le débat 3G/4G a été alimenté par des" pseudos experts" pour servir des intérêts d'équipementiers télécoms en perte de vitesse au niveau mondial et qui n'ont aucune chance d'entrée dans le marché algérien . Ce qui est intéressant est que ces mêmes "pseudos experts auto-proclamés" applaudissent aujourd'hui le choix de la 3G.
Comment le marché algérien du mobile va-t-il évoluer ?
Le marché du mobile va doubler dans les deux ou les trois prochaines années grâce à la 3G. Son chiffre d’affaires, actuellement de quatre milliards de dollars, va atteindre les 8 milliards de dollars. Le marché algérien va suivre ce qui se passe dans le monde. Les opérateurs vont continuer à avoir des revenus quasiment sur la voix jusqu’à 2016. Après, le basculement va s’opérer au profit de l’internet haut débit et les contenus.
Sachant qu'actuellement ce sont les OTT (Operator Over the Top) qui tirent plus de profit que les opérateurs licenciés détenteurs de réseaux mobiles.
À ce sujet, nous espérons que les discussions engagées depuis un certain moment sur cette question aboutiront à un meilleur partage des revenus.
Nous réclamons toutefois une concurrence saine entre les opérateurs. Nous dénonçons d’ailleurs les campagnes organisées et orchestrées par la direction RH de l’un de nos concurrents, qui a réagi à notre classement en haut du podium des opérateurs 3G, qui n'a pas trouvé mieux que d'essayer de débaucher nos cadres.
L’ethnique et la déontologie sont bafoués d’autant que cette campagne a été lancée juste après les résultats de l’appel d’offres pour la vente de licences 3G où Mobilis est arrivé premier. Il est plus judicieux pour cet opérateur d'investir plus sur la formation et acquérir plus d'expertise.
Une campagne similaire avait été orchestrée en 2011 envers les cadres de notre structure marketing.
De plus, des démarches à l'encontre de l’un de nos distributeurs exclusifs en 2012 pour le recruter avec une proposition malsaine se résumant à un ticket d'entrée gratuit de plusieurs dizaines de millions de dinars.
Il y a aussi des campagnes de presse contre Mobilis et qui sont orchestrées par ce même concurrent . Je dénonce les pratiques déloyales, Mobilis ne se laissera pas faire ! Mobilis se réserve le droit de recourir aux voies légales pour imposer une concurrence saine. Le marché en a besoin, les clients en ont besoin aussi.
Combien Mobilis compte-t-il d’abonnés ?
Au mois de septembre 2013, nous avions dépassé le cap des 12 millions d’abonnés. Nous avons recruté plus de 1,5 million d’abonnés entre septembre 2012 et septembre 2013. Notre chiffre d’affaires a progressé de 27% durant les neuf premiers mois de 2013, avec un résultat brute d'exploitation ( avant impôt et amortissement) de 15,6 milliards de Dinars.
Que va apporter la 3G à Mobilis ?
La 3G représente pour nous un tournant technologique et une chance pour se repositionner sur le marché. Mobilis est déjà numéro 1 dans le post-payé et nous visons le leadership du marché dans les trois prochaines années. Mais il nous faut les mêmes armes que nos concurrents !
Le gouvernement refuse de dépénaliser l’acte de gestion réclamé par de nombreux gestionnaires publics…
Nous souhaitons avoir les mêmes armes que nos concurrents pour faire du marketing, de la communication, lancer de nouvelles offres aux abonnés. Les réseaux mobiles sont techniquement identiques. La différence entre les opérateurs se fait au niveau du marketing et des offres et service à valeur ajoutée. On aimerait avoir de la souplesse qui est primordiale à notre secteur d'activité où la notion "Time to market" est vitale.
Malgré les quelques améliorations apportées récemment aux procédures pour les entreprises publiques, ses cadres doivent être soutenus et réconfortés, ce qui va permettre de libérer les initiatives, oh combien nécessaires pour une activité purement commerciale où la prise de risque reste un acte de gestion.
Il faut mettre en place un contrôle adapté à l’entreprise qui évolue dans un marché concurrentiel vu les enjeux économiques et l'impact sur l'économie nationale.
Êtes-vous pour la portabilité des numéros ?
Nous sommes favorables. La portabilité des numéros va nous obliger à améliorer notre relation avec le client pour le fidéliser. Pour la concurrence, c’est une bonne chose. Mais il y a des préalables. D’abord, il faut maitriser le problème d’identification des numéros. En plus, chez nous, le numéro n’est pas personnel. Il n’est pas la propriété de l’opérateur. Il est attribué par l’ARPT. Après, comment gérer techniquement la portabilité des numéros. Il faudrait créer une société externe aux opérateurs. Et nous sommes encore loin !
Est-ce que Mobilis s’intéresse à l’international ?
Nous avons l’ambition d’aller à l’international. Mais on doit avoir la souplesse nécessaire pour y aller, notamment dans les pays voisins, où nous pouvons déployer et gérer des réseaux de téléphonie mobile. Même la communauté algérienne à l’étranger nous intéresse.
Mobilis fait partie des dix entreprises publiques qui seront introduites en bourse. Avez-vous des détails ?
Mobils sera introduit en bourse. La décision politique a été prise par le gouvernement. Maintenant, il y a des étapes à suivre, notamment l’évaluation de la société qui est d’ailleurs la plus importante. Il n’y a pas de date limite pour cette introduction, nous attendons la notification officielle de la part des autorités boursières. Le seuil minimum du capital à mettre en bourse est de 20%. C’est une bonne décision qui va permettre aux Algériens de profiter de la rentabilité d’une entreprise nationale.
Si vous permettez, j'aimerais dire un dernier mot. Je tiens tout d'abord à souhaiter une bonne fête à tous les journalistes et toute la corporation des médias algériens à l'occasion de la journée nationale de la presse fêtée ce 22 octobre.
A cette occasion Mobilis est fier d'avoir lancé le Prix Mobilis pour la Presse Algérienne, pour lequel les trophées seront décernés la semaine prochaine lors d'une grande fête qui réunira la famille des médias algériens.
Aussi, je renouvelle mes vifs remerciements à tous les clients de Mobilis qui de par leurs confiance et fidélité permettent à l'opérateur national d'être partout avec les Algériens.
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