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Espionnage de la NSA : la diplomatie française était sur écoute aux Etats-Unis

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    Espionnage de la NSA : la diplomatie française était sur écoute aux Etats-Unis

    Le Monde.fr | 22.10.2013

    Washington espionne aussi les ambassades françaises. Les documents dévoilés par l'ex-consultant de l'Agence nationale de sécurité (NSA) américaine Edward Snowden n'ont pas seulement levé le voile sur l'ampleur de l'espionnage électronique des Etats-Unis à travers le monde. Certaines pièces montrent que les services secrets américains ont développé des programmes très novateurs pour mener des missions d'espionnage plus traditionnelles.

    Des notes internes obtenues par Le Monde détaillent l'utilisation généralisée par la NSA de techniques de mouchards électroniques pour espionner les intérêts diplomatiques français à l'ONU à New York, ainsi qu'à Washington.
    Il s'agit d'une note de deux pages datée du 10 septembre 2010. Un document technique interne classé "top secret", destiné aux opérateurs de la NSA qui utilisent au quotidien les outils d'interception de la puissante agence américaine. Il permet d'aider les techniciens à ne pas se perdre dans les méandres de codes et d'acronymes en usage dans la plus importante agence de renseignement du pays. Mais derrière de simples alignements de chiffres et de sigles apparemment inoffensifs, se dissimule, en réalité, le cœur de la guerre électronique.

    On y découvre la preuve de l'existence du programme Genie, l'un des plus en vogue au sein de la NSA : la pose d'implants espions, à distance, dans des ordinateurs. Sur le territoire américain, ce mode d'interception est dénommé "US-3136" ; pour les cibles à l'extérieur du pays, "US-3137". La note mentionne la surveillance de l'ambassade de France à Washington, qui apparaît sous le nom de code "Wabash", et celle visant la représentation française à l'ONU, sous celui de "Blackfoot".

    Le document précise les techniques employées pour espionner les communications des diplomates français : "Highlands" pour le piratage des ordinateurs grâce aux mouchards implantés à distance ; "Vagrant" pour le captage d'informations à partir des écrans ; et enfin PBX, qui revient à s'inviter aux discussions de la diplomatie française comme si l'on participait à une conférence téléphonique – comme évoqué par le Spiegel. Les techniques développées sont, pour certaines, connues des autres services étrangers, mais comme l'ensemble des principaux services secrets dans le monde, la NSA crée aussi ses propres outils qui n'existent nulle part ailleurs.

    IMPLANTS-ESPIONS ET SURVEILLANCE DES COMMUNICATIONS CHIFFRÉES

    Les rapports du budget américain, en 2011, qui comprend notamment une part du financement de la NSA, indiquaient que 652 millions de dollars (477 millions d'euros) avaient été consacrés au seul projet des "implants espions". La même année, on apprend que des "dizaines de millions d'ordinateurs" sont ainsi attaqués et que le projet est d'étendre ce chiffre à plusieurs millions par l'intermédiaire du programme Turbine. Le service phare de la NSA pour ces projets est le Tailored Access Operation, chargé des opérations offensives. Selon le Washington Post, le programme Genie contrôlerait, à distance, d'ici à la fin 2013, 85 000 implants espions dans des ordinateurs à travers le monde.

    Un document, daté du mois d'août 2010, éclaire plus précisément les centres d'intérêt des Etats-Unis au travers de cet espionnage à distance. Emanant de la direction du renseignement électronique de la NSA, il assure que les informations confidentielles ainsi dérobées à des chancelleries étrangères, et notamment à la France, ont joué un grand rôle pour obtenir le vote, le 9 juin 2010, d'une résolution au Conseil de sécurité de l'ONU infligeant de nouvelles sanctions à l'Iran pour non-respect de ses obligations sur son programme nucléaire.

    Cette résolution était vivement défendue par Washington, qui craignait alors l'opposition des pays émergents. La Russie et la Chine soutenaient ce texte à l'ONU. En revanche, le Brésil et la Turquie étaient contre, arguant qu'ils proposaient, en liaison avec Téhéran, une alternative à ces sanctions. Le Liban, dont le gouvernement comprenait des membres du Hezbollah, soutenus par l'Iran, préférait s'abstenir.

    Pour tenter de comprendre les motivations de la NSA, on peut imaginer que la France a pu, un temps, inquiéter les Etats-Unis après avoir fait part, le 18 mai 2010, de "sa reconnaissance" et du "plein soutien de la France au président Lula pour les efforts qu'il a accomplis" en faveur d'un accord avec l'Iran. Mais ces déclarations françaises semblaient surtout motivées par des considérations commerciales franco-brésiliennes liées à la vente d'avions de chasse Rafale. "Washington savait pertinemment que nous étions alignés sur leur position, nous avions rencontré des délégations du Trésor américain à Paris sur le contenu des sanctions. Je ne vois pas ce qu'ils ont pu apprendre de nouveau", rapporte un diplomate associé aux discussions. Paris votera d'ailleurs pour cette résolution à l'ONU.
    Cela n'empêche pas la NSA de qualifier, dans cette note, l'opération d'espionnage contre la représentation française à l'ONU "de succès silencieux qui a aidé à façonner la politique étrangère des Etats-Unis". Pour vanter ses mérites, l'agence de renseignement cite Susan Rice, alors ambassadrice américaine auprès des Nations unies, à propos du travail réalisé par la NSA : "Cela m'a aidée à connaître (…) la vérité, à révéler les positions sur les sanctions et nous a permis de conserver un train d'avance dans les négociations."

    Par Jacques Follorou



    Dernière modification par choucha, 29 octobre 2013, 04h41.
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