Il est l’un des précurseurs de l’idée d’indépendance de l’Algérie
Amar Imache, le père fondateur de l’étoile nord-africaine
Par : Mohamed Imache
Cette contribution se veut un rappel de quelques dates phares qui ont jalonné son combat mené avec les ouvriers algériens en France pour l’enracinement de l’idée de l’émancipation politique de l’Algérie par rapport à la France coloniale.
à la veille de la Première Guerre mondiale, Amar Imache, âgé d’un peu plus de 18 ans, émigre en France. C’est là qu’il mènera le combat pour l’Indépendance de l’Algérie. Un combat qui s’étalera sur plus de trois décennies jusqu’en 1947, date de son retour en Algérie. Durant les années 1920, l’essentiel de son temps est entièrement consacré à un travail de conscientisation et de mobilisation des ouvriers algériens. L’aboutissement est un immense succès : près de 100 000 ouvriers algériens se rassemblent à Paris le 7 décembre 1924 et créent la première organisation sociopolitique dénommée le Cona : Congrès des ouvriers nord-africains. En 1926, ce congrès se transforme en parti politique : l’étoile nord-africaine qui revendique l’Indépendance de l’Algérie. L’approche des festivités du centenaire de la colonisation renforce la détermination des Algériens à soutenir le combat de l’ENA en organisant des rassemblements et des manifestations un peu partout en France. La riposte des autorités françaises est brutale : l’étoile nord-africaine, créée en juin 1926, est dissoute en novembre 1929. Les autorités fêtent dans un enthousiasme délirant le triomphe de la colonisation et “la soumission définitive des indigènes”. Seule parmi les organisations, personnalités ou groupements politiques algériens, la voix de l’étoile nord-africaine, depuis Paris, tente de franchir la Méditerranée.
Elle conteste la légitimité du droit d’occupation de la France et clame la volonté de ses militants de lutter pour l’Indépendance.
Quant à la Voix des humbles, le journal des instituteurs dont le titre se suffit comme programme, elle sollicite moins d’injustice et l’assimilation (…). Les représentants algériens de la “nahda” (renaissance islamique) s’avèrent d’une prudence notoire et leurs écrits développent, sur le plan politique, une théorie ambiguë. “Nous sommes une entité musulmane algérienne faisant partie du domaine colonial français (…)”.
(…) Benbadis constate que “le peuple algérien est un peuple faible et insuffisamment évolué. Il éprouve la nécessité vitale d’être sous l’aile protectrice d’une nation juste, forte et civilisée. De telles qualités, il les trouve en la France”. (…) De leur côté, “les élus musulmans” loyalistes réclament “respectueusement”, “dans le cadre des lois françaises” et dans “l’intérêt de la patrie commune, la France”, l’atténuation de certaines mesures frappant l’indigène (...). Faut-il rappeler les démonstrations de loyalisme que l’administration fit faire à ses serviteurs indigènes qui, lors de l’inauguration du monument du centenaire à Sidi-Ferruch, sont venus s’agenouiller devant leurs maîtres pour les remercier d’en avoir fait leurs valets ? (…) Quant au Bachagha, porte-parole des grandes familles et représentant des élus (…) aux délégations financières, il se pâme : “Honneur et gloire à toi ô ! France bien aimée ! Honneur et gloire à toi, la plus jolie des nations. Tu vins avec le flambeau de la civilisation, éclairer un peuple plongé dans les ténèbres depuis des siècles (…).” Loin de cet amalgame de requêtes respectueuses, de sollicitations timorées de discours laudatifs et de propos serviles, la position tranchée de l’étoile sur l’Indépendance de l’Algérie paraît comme la seule note d’espoir dans l’avenir de grisaille qui se profile à l’horizon de l’émigration. D’ailleurs, la répression n’a pas attendu les fastes du centenaire pour s’abattre sur l’association. Le 29 novembre 1929, un jugement du tribunal de la Seine prononce sa dissolution. Elle se réorganise aussitôt sous la dénomination de : Glorieuse étoile nord-africaine.
La Glorieuse étoile nord-africaine mène, à partir de 1933, une remarquable offensive politique contre le colonialisme français qui veut maintenir les Algériens dans un éternel et infamant statut d’indigènes.
Mais elle doit en même temps se méfier des visées hégémoniques du Parti communiste français qui ne désespère pas de parvenir à contrôler et à canaliser l’émigration algérienne afin de la subordonner à ses fins stratégiques et politiques. Durant la même période, commencent à se manifester concrètement les velléités idéologiques de Chekib Arslan par ses tentatives à réorienter la politique de l’étoile nord-africaine sur la voie de l’idéologie arabo-islamique via les ulémas assimilationnistes.
Tant d’adversités et d’épreuves ne peuvent venir à bout des militants nationalistes de l’ENA, résolument déterminés à approfondir et à réaffirmer la doctrine du parti, à savoir l’Indépendance totale de l’Algérie. Une Algérie puisant ses références à partir des valeurs ancestrales des coutumes et traditions berbères. Ces références explicites à des caractéristiques socioculturelles authentiques, que tente d’intégrer Amar Imache au programme politique du Mouvement national, provoquent, une nouvelle fois, l’inquiétude des autorités coloniales. Mais cela suscite en même temps défiance et suspicion chez ses adversaires politiques lesquels afficheront ouvertement leur opposition à cette voie. La conjoncture historique leur sera favorable : des sanctions, beaucoup plus sévères cette fois-ci, s’abattent sur l’étoile nord-africaine. Elle est dissoute en novembre 1934 et ses principaux dirigeants emprisonnés. Amar Imache et ses compagnons sont condamnés chacun à 6 mois de prison et 2 000 F d’amende. Ils se présentent au tribunal sous l’inculpation d’avoir reconstitué et dirigé une organisation “dissoute” et “incitation de militaires à la désobéissance dans un but de propagande anarchiste”.
Amar Imache, le père fondateur de l’étoile nord-africaine
Par : Mohamed Imache
Cette contribution se veut un rappel de quelques dates phares qui ont jalonné son combat mené avec les ouvriers algériens en France pour l’enracinement de l’idée de l’émancipation politique de l’Algérie par rapport à la France coloniale.
à la veille de la Première Guerre mondiale, Amar Imache, âgé d’un peu plus de 18 ans, émigre en France. C’est là qu’il mènera le combat pour l’Indépendance de l’Algérie. Un combat qui s’étalera sur plus de trois décennies jusqu’en 1947, date de son retour en Algérie. Durant les années 1920, l’essentiel de son temps est entièrement consacré à un travail de conscientisation et de mobilisation des ouvriers algériens. L’aboutissement est un immense succès : près de 100 000 ouvriers algériens se rassemblent à Paris le 7 décembre 1924 et créent la première organisation sociopolitique dénommée le Cona : Congrès des ouvriers nord-africains. En 1926, ce congrès se transforme en parti politique : l’étoile nord-africaine qui revendique l’Indépendance de l’Algérie. L’approche des festivités du centenaire de la colonisation renforce la détermination des Algériens à soutenir le combat de l’ENA en organisant des rassemblements et des manifestations un peu partout en France. La riposte des autorités françaises est brutale : l’étoile nord-africaine, créée en juin 1926, est dissoute en novembre 1929. Les autorités fêtent dans un enthousiasme délirant le triomphe de la colonisation et “la soumission définitive des indigènes”. Seule parmi les organisations, personnalités ou groupements politiques algériens, la voix de l’étoile nord-africaine, depuis Paris, tente de franchir la Méditerranée.
Elle conteste la légitimité du droit d’occupation de la France et clame la volonté de ses militants de lutter pour l’Indépendance.
Quant à la Voix des humbles, le journal des instituteurs dont le titre se suffit comme programme, elle sollicite moins d’injustice et l’assimilation (…). Les représentants algériens de la “nahda” (renaissance islamique) s’avèrent d’une prudence notoire et leurs écrits développent, sur le plan politique, une théorie ambiguë. “Nous sommes une entité musulmane algérienne faisant partie du domaine colonial français (…)”.
(…) Benbadis constate que “le peuple algérien est un peuple faible et insuffisamment évolué. Il éprouve la nécessité vitale d’être sous l’aile protectrice d’une nation juste, forte et civilisée. De telles qualités, il les trouve en la France”. (…) De leur côté, “les élus musulmans” loyalistes réclament “respectueusement”, “dans le cadre des lois françaises” et dans “l’intérêt de la patrie commune, la France”, l’atténuation de certaines mesures frappant l’indigène (...). Faut-il rappeler les démonstrations de loyalisme que l’administration fit faire à ses serviteurs indigènes qui, lors de l’inauguration du monument du centenaire à Sidi-Ferruch, sont venus s’agenouiller devant leurs maîtres pour les remercier d’en avoir fait leurs valets ? (…) Quant au Bachagha, porte-parole des grandes familles et représentant des élus (…) aux délégations financières, il se pâme : “Honneur et gloire à toi ô ! France bien aimée ! Honneur et gloire à toi, la plus jolie des nations. Tu vins avec le flambeau de la civilisation, éclairer un peuple plongé dans les ténèbres depuis des siècles (…).” Loin de cet amalgame de requêtes respectueuses, de sollicitations timorées de discours laudatifs et de propos serviles, la position tranchée de l’étoile sur l’Indépendance de l’Algérie paraît comme la seule note d’espoir dans l’avenir de grisaille qui se profile à l’horizon de l’émigration. D’ailleurs, la répression n’a pas attendu les fastes du centenaire pour s’abattre sur l’association. Le 29 novembre 1929, un jugement du tribunal de la Seine prononce sa dissolution. Elle se réorganise aussitôt sous la dénomination de : Glorieuse étoile nord-africaine.
La Glorieuse étoile nord-africaine mène, à partir de 1933, une remarquable offensive politique contre le colonialisme français qui veut maintenir les Algériens dans un éternel et infamant statut d’indigènes.
Mais elle doit en même temps se méfier des visées hégémoniques du Parti communiste français qui ne désespère pas de parvenir à contrôler et à canaliser l’émigration algérienne afin de la subordonner à ses fins stratégiques et politiques. Durant la même période, commencent à se manifester concrètement les velléités idéologiques de Chekib Arslan par ses tentatives à réorienter la politique de l’étoile nord-africaine sur la voie de l’idéologie arabo-islamique via les ulémas assimilationnistes.
Tant d’adversités et d’épreuves ne peuvent venir à bout des militants nationalistes de l’ENA, résolument déterminés à approfondir et à réaffirmer la doctrine du parti, à savoir l’Indépendance totale de l’Algérie. Une Algérie puisant ses références à partir des valeurs ancestrales des coutumes et traditions berbères. Ces références explicites à des caractéristiques socioculturelles authentiques, que tente d’intégrer Amar Imache au programme politique du Mouvement national, provoquent, une nouvelle fois, l’inquiétude des autorités coloniales. Mais cela suscite en même temps défiance et suspicion chez ses adversaires politiques lesquels afficheront ouvertement leur opposition à cette voie. La conjoncture historique leur sera favorable : des sanctions, beaucoup plus sévères cette fois-ci, s’abattent sur l’étoile nord-africaine. Elle est dissoute en novembre 1934 et ses principaux dirigeants emprisonnés. Amar Imache et ses compagnons sont condamnés chacun à 6 mois de prison et 2 000 F d’amende. Ils se présentent au tribunal sous l’inculpation d’avoir reconstitué et dirigé une organisation “dissoute” et “incitation de militaires à la désobéissance dans un but de propagande anarchiste”.
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