À la veille de son enlèvement et de son assassinat, il présidait le comité préparatoire de la Conférence de la Tricontinentale qui devait réunir à la Havane, en janvier 1966, les représentants des mouvements de libération des peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine. Figure intellectuelle et politique du mouvement anticolonialiste et opposant au roi Hassan II du Maroc, Mehdi Ben Barka est assassiné le 29 octobre 1965 près de Paris. Son corps n’a jamais été retrouvé.
Le 29 octobre 1965
Ce ven*dredi-là, à 12h15, Mehdi Ben Barka a rendez-vous devant la bras*se*rie Lipp, 151 Boulevard Saint-Germain à Paris, avec le cinéaste Georges Franju qui envi*sage de réa*li*ser un film sur la déco*lo*ni*sa*tion inti*tulé “Basta !”. Il s’agit en réa*lité d’un piège, monté par le jour*na*liste Philippe Bernier et un pro*duc*teur de cinéma ancien repris de jus*tice, Georges Figon, lié aux milieux intel*lec*tuels pari*siens mais aussi à une bande de truands recru*tée par les ser*vi*ces secrets maro*cains. Et voici que deux poli*ciers de la bri*gade mon*daine, Louis Souchon et Roger Voitot, exhi*bant leur carte de police, invi*tent Ben Barka à monter à bord d’une voi*ture où se trouve également Antoine Lopez, un agent du SDECE (les ser*vi*ces du contre-espion*nage fran*çais de l’époque). Il est conduit à Fontenay le Vicomte (Essonne) dans la villa de Georges Boucheseiche, truand du gang des trac*tions avant. Dès lors, on perd sa trace. Nul ne le reverra vivant.
Ben Barka, militant de la cause pour la libération des peuples du tiers-monde
Né en 1920 à Rabat dans une famille de petits fonc*tion*nai*res, Mehdi Ben Barka a fait des études de mathé*ma*ti*ques à Alger et réus*sit à deve*nir ensei*gnant en mathé*ma*ti*ques. Il ensei*gnera notam*ment au Collège Royal du Maroc, où il dis*pen*sera sa science au futur roi Hassan II.
Parallèlement, il s’engage en poli*ti*que contre le « pro*tec*to*rat » fran*çais sur le Maroc. Dès 1943, il par*ti*cipe à la créa*tion du parti de l’indé*pen*dance. En 1945, il est l’un des res*pon*sa*ble de l’Istiqlal, le parti natio*na*liste qui a mené le Maroc à l’indé*pen*dance. En 1955, il par*ti*cipe aux négo*cia*tions qui abou*ti*ront au retour du roi Mohammed V que les auto*ri*tés fran*çaise avait exilé à Madagacar et, en 1956, à la fin du pro*tec*to*rat. De 1956 à 1959, Mehdi Ben Barka est pré*si*dent de l’Assemblée consul*ta*tive du Maroc.
Représentant de l’aile gauche d’un parti qu’il juge trop conser*va*teur, il pro*vo*que une scis*sion et fonde en 1959 l’Union natio*nale des forces popu*lai*res du Maroc, de ten*dance socia*liste, et se place dans l’oppo*si*tion au régime de Hassan II : il dénon*çait « ce régime médié*val qui ten*drait à res*sus*ci*ter les struc*tu*res médié*va*les de la société maro*caine ».
En novem*bre 1962, Mehdi Ben Barka doit échapper à un atten*tat mené contre lui par deux offi*ciers du roi Mohammed V, notam*ment le géné*ral Mohammed Oufkir. Lorsque Hassan II décrête l’Etat de Siège le 16 juillet 1963, Mehdi Ben Barka s’enfuit du Maroc pour ral*lier l’Algérie. En automne 1963, Mehdi Ben Barka dénonce le conflit fron*ta*lier qui oppose le Maroc et l’Algérie et se met du côté des Algériens qu’il consi*dère aggres*sés par le royaume maro*cain. Le royaume du Maroc le condamne ainsi à mort par contu*mace en novem*bre 1963.
C’est à Alger d’abord qu’il s’exile où durant les quel*que six mois passés en 1964, il s’emploie à donner une pers*pec*tive mon*diale à une conver*gence des luttes de libé*ra*tion natio*nale. Son ins*pi*ra*tion pro*vient de Frantz Fanon, mais aussi du Discours sur le colo*nia*lisme d’Aimé Césaire, de Portrait du colo*ni*sa*teur (1957) et Portrait du colo*nisé d’Albert Memmi. Elle s’est nour*rie dans les échanges avec la pensée contes*ta*trice face à la puis*sance impé*riale bri*tan*ni*que en Afrique de Jomo Kenyatta, Kwame Nkrumah et Julius Nyerere. Il désire créer une publi*ca*tion anti*co*lo*nia*liste « La Revue afri*caine », ainsi qu’un centre de docu*men*ta*tion sur les mou*ve*ments de libé*ra*tion natio*nale.
La capi*tale algé*rienne était deve*nue le foyer intel*lec*tuel de la contes*ta*tion révo*lu*tion*naire inter*na*tio*nale. On y retrou*vait les diri*geants des mou*ve*ments de libé*ra*tion et, en pre*mier lieu, après les trou*bles en Angola (1961), en Guinée-Bissau (1963) et au Mozambique (1964), les exilés des colo*nies por*tu*gai*ses. Métis et mino*ri*tai*res, les intel*lec*tuels du Cap Vert, notam*ment Amilcar Cabral, fai*saient écho aux cou*rants libé*ra*teurs venus du conti*nent amé*ri*cain. L’une des figu*res les plus puis*san*tes du mou*ve*ment noir aux Etats-Unis, Malcolm X, séjour*nait à Alger en 1964 ; Ernesto Che Guevara, avant d’aller au contact des maquis du Congo, y passe également au prin*temps 1965.
Puis Le Caire en Egypte l’accueille, suivi de Rome, Genève et La Havane à Cuba, villes où il est notam*ment chargé d’orga*ni*ser avec d’autres la par*ti*ci*pa*tion des mou*ve*ments de luttes révo*lu*tion*nai*res du tiers monde à la Conférence Tricontinentale (Asie, Afrique et Amérique latine) qui doit se réunir à La Havane en jan*vier 1966.
Hassan II, le roi du Maroc, commanditaire du rapt de Ben Barka
Le géné*ral Mohamed Oufkir, minis*tre maro*cain de l’Intérieur, Ahmed Dlimi, direc*teur de la sûreté natio*nale maro*caine, et un cer*tain Chtouki, chef des bri*ga*des spé*cia*les maro*cai*nes, se trou*vaient à Paris à cette date-là, le 29 octo*bre 1965. C’est d’ailleurs Oufkir qui a tor*turé Ben Barka et Georges Figon affir*mera avoir vu Oufkir tuer Ben Barka avec un poi*gnard dans la villa d’un des hommes de main, Boucheseiche, qui a affirmé que Mehdi Ben Barka, une fois son cada*vre ramené au Maroc, fut dis*sout dans une bai*gnoire emplie d’acide.
Le roi Hassan II refuse que son minis*tre de l’Intérieur, Oufkir, com*pa*raisse devant la jus*tice fran*çaise. Le roi Hassan II, pro*ba*ble com*man*di*taire du rapt ne sera jamais mis en cause. La jus*tice fran*çaise condamna par contu*mace les exé*cu*tants maro*cains, qui ne furent jamais inquié*tés par la jus*tice du Maroc. Le géné*ral Oufkir a trouvé une mort camou*flée en sui*cide en 1972 et le colo*nel Dlimi, ancien direc*teur de la sûreté du Maroc, a été assas*siné en 1983.
Le 5 octo*bre 2005, le minis*tre de la Justice auprès du nou*veau roi du Maroc, Mohammed VI, dési*gne un juge d’ins*truc*tion pour faire le point sur l’affaire. L’ins*truc*tion est tou*jours en cours, même s’il ne fait désor*mais pres*que aucun doute que le crime a été ordonné au plus haut niveau de l’Etat maro*cain par le roi Hassan II lui-même et exé*cuté à Paris par des truands et des bar*bou*zes avec la com*pli*cité des ser*vi*ces de la République fran*çaise.
De Gaulle, président français, complice de l’assassinat de Ben Barka
Le 29 octobre 1965
Ce ven*dredi-là, à 12h15, Mehdi Ben Barka a rendez-vous devant la bras*se*rie Lipp, 151 Boulevard Saint-Germain à Paris, avec le cinéaste Georges Franju qui envi*sage de réa*li*ser un film sur la déco*lo*ni*sa*tion inti*tulé “Basta !”. Il s’agit en réa*lité d’un piège, monté par le jour*na*liste Philippe Bernier et un pro*duc*teur de cinéma ancien repris de jus*tice, Georges Figon, lié aux milieux intel*lec*tuels pari*siens mais aussi à une bande de truands recru*tée par les ser*vi*ces secrets maro*cains. Et voici que deux poli*ciers de la bri*gade mon*daine, Louis Souchon et Roger Voitot, exhi*bant leur carte de police, invi*tent Ben Barka à monter à bord d’une voi*ture où se trouve également Antoine Lopez, un agent du SDECE (les ser*vi*ces du contre-espion*nage fran*çais de l’époque). Il est conduit à Fontenay le Vicomte (Essonne) dans la villa de Georges Boucheseiche, truand du gang des trac*tions avant. Dès lors, on perd sa trace. Nul ne le reverra vivant.
Ben Barka, militant de la cause pour la libération des peuples du tiers-monde
Né en 1920 à Rabat dans une famille de petits fonc*tion*nai*res, Mehdi Ben Barka a fait des études de mathé*ma*ti*ques à Alger et réus*sit à deve*nir ensei*gnant en mathé*ma*ti*ques. Il ensei*gnera notam*ment au Collège Royal du Maroc, où il dis*pen*sera sa science au futur roi Hassan II.
Parallèlement, il s’engage en poli*ti*que contre le « pro*tec*to*rat » fran*çais sur le Maroc. Dès 1943, il par*ti*cipe à la créa*tion du parti de l’indé*pen*dance. En 1945, il est l’un des res*pon*sa*ble de l’Istiqlal, le parti natio*na*liste qui a mené le Maroc à l’indé*pen*dance. En 1955, il par*ti*cipe aux négo*cia*tions qui abou*ti*ront au retour du roi Mohammed V que les auto*ri*tés fran*çaise avait exilé à Madagacar et, en 1956, à la fin du pro*tec*to*rat. De 1956 à 1959, Mehdi Ben Barka est pré*si*dent de l’Assemblée consul*ta*tive du Maroc.
Représentant de l’aile gauche d’un parti qu’il juge trop conser*va*teur, il pro*vo*que une scis*sion et fonde en 1959 l’Union natio*nale des forces popu*lai*res du Maroc, de ten*dance socia*liste, et se place dans l’oppo*si*tion au régime de Hassan II : il dénon*çait « ce régime médié*val qui ten*drait à res*sus*ci*ter les struc*tu*res médié*va*les de la société maro*caine ».
En novem*bre 1962, Mehdi Ben Barka doit échapper à un atten*tat mené contre lui par deux offi*ciers du roi Mohammed V, notam*ment le géné*ral Mohammed Oufkir. Lorsque Hassan II décrête l’Etat de Siège le 16 juillet 1963, Mehdi Ben Barka s’enfuit du Maroc pour ral*lier l’Algérie. En automne 1963, Mehdi Ben Barka dénonce le conflit fron*ta*lier qui oppose le Maroc et l’Algérie et se met du côté des Algériens qu’il consi*dère aggres*sés par le royaume maro*cain. Le royaume du Maroc le condamne ainsi à mort par contu*mace en novem*bre 1963.
C’est à Alger d’abord qu’il s’exile où durant les quel*que six mois passés en 1964, il s’emploie à donner une pers*pec*tive mon*diale à une conver*gence des luttes de libé*ra*tion natio*nale. Son ins*pi*ra*tion pro*vient de Frantz Fanon, mais aussi du Discours sur le colo*nia*lisme d’Aimé Césaire, de Portrait du colo*ni*sa*teur (1957) et Portrait du colo*nisé d’Albert Memmi. Elle s’est nour*rie dans les échanges avec la pensée contes*ta*trice face à la puis*sance impé*riale bri*tan*ni*que en Afrique de Jomo Kenyatta, Kwame Nkrumah et Julius Nyerere. Il désire créer une publi*ca*tion anti*co*lo*nia*liste « La Revue afri*caine », ainsi qu’un centre de docu*men*ta*tion sur les mou*ve*ments de libé*ra*tion natio*nale.
La capi*tale algé*rienne était deve*nue le foyer intel*lec*tuel de la contes*ta*tion révo*lu*tion*naire inter*na*tio*nale. On y retrou*vait les diri*geants des mou*ve*ments de libé*ra*tion et, en pre*mier lieu, après les trou*bles en Angola (1961), en Guinée-Bissau (1963) et au Mozambique (1964), les exilés des colo*nies por*tu*gai*ses. Métis et mino*ri*tai*res, les intel*lec*tuels du Cap Vert, notam*ment Amilcar Cabral, fai*saient écho aux cou*rants libé*ra*teurs venus du conti*nent amé*ri*cain. L’une des figu*res les plus puis*san*tes du mou*ve*ment noir aux Etats-Unis, Malcolm X, séjour*nait à Alger en 1964 ; Ernesto Che Guevara, avant d’aller au contact des maquis du Congo, y passe également au prin*temps 1965.
Puis Le Caire en Egypte l’accueille, suivi de Rome, Genève et La Havane à Cuba, villes où il est notam*ment chargé d’orga*ni*ser avec d’autres la par*ti*ci*pa*tion des mou*ve*ments de luttes révo*lu*tion*nai*res du tiers monde à la Conférence Tricontinentale (Asie, Afrique et Amérique latine) qui doit se réunir à La Havane en jan*vier 1966.
Hassan II, le roi du Maroc, commanditaire du rapt de Ben Barka
Le géné*ral Mohamed Oufkir, minis*tre maro*cain de l’Intérieur, Ahmed Dlimi, direc*teur de la sûreté natio*nale maro*caine, et un cer*tain Chtouki, chef des bri*ga*des spé*cia*les maro*cai*nes, se trou*vaient à Paris à cette date-là, le 29 octo*bre 1965. C’est d’ailleurs Oufkir qui a tor*turé Ben Barka et Georges Figon affir*mera avoir vu Oufkir tuer Ben Barka avec un poi*gnard dans la villa d’un des hommes de main, Boucheseiche, qui a affirmé que Mehdi Ben Barka, une fois son cada*vre ramené au Maroc, fut dis*sout dans une bai*gnoire emplie d’acide.
Le roi Hassan II refuse que son minis*tre de l’Intérieur, Oufkir, com*pa*raisse devant la jus*tice fran*çaise. Le roi Hassan II, pro*ba*ble com*man*di*taire du rapt ne sera jamais mis en cause. La jus*tice fran*çaise condamna par contu*mace les exé*cu*tants maro*cains, qui ne furent jamais inquié*tés par la jus*tice du Maroc. Le géné*ral Oufkir a trouvé une mort camou*flée en sui*cide en 1972 et le colo*nel Dlimi, ancien direc*teur de la sûreté du Maroc, a été assas*siné en 1983.
Le 5 octo*bre 2005, le minis*tre de la Justice auprès du nou*veau roi du Maroc, Mohammed VI, dési*gne un juge d’ins*truc*tion pour faire le point sur l’affaire. L’ins*truc*tion est tou*jours en cours, même s’il ne fait désor*mais pres*que aucun doute que le crime a été ordonné au plus haut niveau de l’Etat maro*cain par le roi Hassan II lui-même et exé*cuté à Paris par des truands et des bar*bou*zes avec la com*pli*cité des ser*vi*ces de la République fran*çaise.
De Gaulle, président français, complice de l’assassinat de Ben Barka
Commentaire