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"Dans Gravity, tout est d'une telle véracité..."

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  • "Dans Gravity, tout est d'une telle véracité..."

    Seule femme française dans l’espace, Claudie Haigneré confie à Sciences et Avenir avoir revécu des sensations qu’elle avait ressenties lors de ses deux vols.


    LE TEMOIGNAGE de l'ancienne astronaute Claudie Haigneré a été recueilli pour Sciences et Avenir par notre journaliste Sylvie Rouat. Il est extrait de l'article "Gravity : entre science et fiction" que vous pouvez retrouver dans Sciences et Avenir 801, actuellement en kiosque (voir aussi en fin d'article).

    « Difficile d’atterrir après un tel film ! Pendant 90 minutes, le temps d’un tour de Terre en orbite, j’ai eu l’impression de revivre les sensations éprouvées lors de mes deux vols dans l’espace, en 1996 à bord de la station russe Mir et en 2001 à bord de l’ISS. Les déplacements des corps, les positions, les objets qui volent… Tout est d’une telle véracité. Et puis ces images de la Terre ! Je me souviens de ces moments éblouissants du passage du jour à la nuit — le terminateur —, des lumières des villes qui dessinent les contours des continents.

    Pourtant, je ne me suis pas forcément identifiée au personnage joué par Sandra Bullock, même si j’étais, comme elle dans le film, une astronaute scientifique. D’abord parce que je n’ai pas fait de sortie extravéhiculaire. Ensuite parce qu’on est scientifique uniquement au moment de la sélection. Une fois à l’entraînement, on est un membre d’équipage à part entière, on suit les mêmes exercices que les autres en simulateur car on doit pouvoir endosser tous les rôles. Lors de ma deuxième mission, par exemple, je devais être capable d’assister le commandant et j’ai eu, à ce titre, une formation de pilote d’évacuation de Soyouz. Je suis la seule femme à l’avoir fait. À l’écran, lorsque l’héroïne est dans le Soyouz, j’ai d’ailleurs retrouvé les inscriptions russes sur l’écran de contrôle et le manuel de commande que je connais si bien. Mais, à l’inverse de Sandra Bullock, face à la difficulté qu’elle rencontre à démarrer le vaisseau,
    je pense que j’aurais baissé les bras ! A priori, je n’aurais jamais pensé à ruser, à tromper l’ordinateur de bord. Mais qui sait ?
    "Nous avons même appris à tirer pour nous défendre contre les ours, car on ne maîtrise pas toujours son lieu d’atterrissage"

    Nous sommes entraînés à toutes les situations d’urgence : dépressurisation, incendie, etc. Et même aux atterrissages incongrus : nous sommes ainsi allés en mer Noire pour nous exercer à sortir de la capsule dans l’eau, nous avons même appris à tirer pour nous défendre contre les ours, car on ne maîtrise pas toujours son lieu d’atterrissage ! Ce que l’on découvre en orbite n’est jamais exactement identique à ce que l’on voit dans les simulateurs. Ainsi, l’ouverture et la fermeture d’une écoutille sur Mir étaient beaucoup plus difficiles qu’à l’exercice car la station avait vieilli. Il y a également beaucoup de désordre accumulé dans les stations. Ainsi, alors que dans le simulateur, on apprend une suite de gestes précis pour retirer un câble, par exemple, s’il y a du bazar et qu’on est en situation de danger, on y va « à l’arrache », c’est la vie ou la mort. Sur Mir, d’ailleurs, il y a eu des débuts d’incendies et des accidents de dépressurisation. Quant aux débris, dans la réalité, ils sont constitués de petits outils perdus lors de sorties ou d’écailles de peinture qui viennent frapper à 28 000 km/h.

    Les hublots sont couverts d’impacts. Si l’on détecte un débris isolé, on peut modifier légèrement la trajectoire de l’ISS. Il est déjà arrivé, au passage d’un gros débris, que l’équipage soit obligé de se réfugier dans le vaisseau Soyouz, prêt à revenir sur Terre. Soyouz est un vrai canot de sauvetage, un refuge, notamment lors des éruptions solaires. Ce film est un beau message de vie. Il ne faut jamais lâcher, s’acharner à trouver une solution, allier l’intelligence à la technique. Tant que la vie est là, il y a toujours espoir d’aller plus loin. »



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