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Mustapha Ikhlef, secrétaire général de l’ONM de BÉjaÏa : « L’acheminement des armes, un défi aux colons »

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  • Mustapha Ikhlef, secrétaire général de l’ONM de BÉjaÏa : « L’acheminement des armes, un défi aux colons »

    Le secrétaire général de l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM) de la wilaya de Béjaïa, El-Hadj Ikhlef Mustapha, parle des opérations d’acheminement des armes vers l’Algérie à partir de la Tunisie.

    Une tâche délicate et très complexe qui enregistre des accrochages et des pertes humaines dans les rangs des moudjahidine. El-Hadj Ikhlef, qui avait
    un oncle responsable de la trésorerie dans la zone II, région IV, section 4, était chargé de remplir les bons des cotisations et de transmettre les lettres à certains commerçants pour qu’ils viennent en aide à la Révolution. Il a rejoint le maquis en 1958. À cette époque, l’armée coloniale avait établi une liste de chefs de village qu’elle venait chercher, et en cas d’absence, leurs maisons étaient totalement brûlées pour intimider les populations les poussant à ne pas soutenir la Révolution. Cette adhésion massive des populations est intervenue après la tenue du congrès de la Soummam qui a édifié des lois sur la Révolution et une stratégie pour l’indépendance. Selon les témoignages de M. Ikhlef, «les armes sont ramenées de Tunisie, 28 compagnies ont été envoyées à Tunis pour ramener les armes, ces dernières étaient transportées à dos de mulets et chaque moudjahid portait deux armes, une pour lui et l’autre pour un compagnon. En 1957, avec la ligne Morice, le passage était plus difficile pour les moudjahidine qui devaient couper les fils électriques. De Tunisie à la Wilaya III, on avait plusieurs accrochages avec l’ennemi, il y avait plusieurs morts durant le trajet.» Il cite également la ligne Challe en 1958, où du côté d’Oum Tebboul (dans la wilaya d’El-Tarf), ainsi qu’à Bouchegouf dans les Aurès, une compagnie dirigée par Rabah Afertas a été entièrement décimée. Le nombre de morts dans les accrochages des acheminements d’armes dépassait celui des morts à l’intérieur du pays. Le SG de l’ONM de Béjaïa nous dit avoir participé à l’acheminement, en 1959, des armes. Il a traversé les lignes Challe et Morice. Il ajoute : «En 1960, alors qu’on était très jeune, au retour on est passé par le PC du bataillon du défunt Chadli, là nous avons reçu une formation de trois mois puis on est retourné à la Wilaya III pour poursuivre la Révolution.» Ikhlef se souvient de beaucoup de ses compagnons de lutte qui sont tombés sur les champs des batailles. Il dit : «Certes, c’était notre devoir primordial de libérer notre pays du joug colonial, notre volonté farouche et l’amour du pays ont fait que malgré l’armement de l’ennemi, nous avions su et pu faire subir des pertes humaines importantes aux troupes françaises.»
    M. Laouer

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    Émotion et mémoire
    Abdelkader Belaoued, membre du bureau de l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM) de Béjaïa, originaire de Toudja, raconte, avec beaucoup d’émotion, ses années de lutte contre le colonialisme français, lors des différentes batailles qui ont eu lieu dans la zone 3 de la vallée de la Soummam. Il souligne, à cet effet, que durant 1956 à 1962, les moudjahidine qui combattaient l’ennemi ont également sensibilisé les populations de la Soummam qui ont marqué leur fidélité et leur engagement indéfectible aux moudjahidine. Il se souvient de toutes les étapes de cette guerre libératrice qui a fait un million et demi de martyrs. Belaoud dit : «En 1957, c’était l’année de la formation des compagnies militaires de régions. Nous avons engagé des opérations dans la Région 4 de la Soummam avec des fusils de chasse. Durant cette année, 120 éléments de la compagnie ont reçu leurs armes automatiques récupérées sur les parachutistes français. La ville de Béjaïa a été la zone autonome qui a secondé celle d’Alger dans les opérations spectaculaires. La zone de Béjaïa a été créée par Abdelkader Mezzai, créateur de commandos et décédé en 1959.» Il poursuit : «J’ai participé à plusieurs batailles, et la majorité des militaires de la Région 4 ont été armés lors des attaques sur le GMC français. Lors de la bataille du village Bouhatem à Toudja, notre groupe se composait de 11 éléments et nous avons tendu une embuscade à un convoi militaire français qui transportait également 11 militaires français chargés de faire des reportages et filmer les postes avancés pour remonter le moral de leur troupes. C’étaient les services psychologiques avec leur propagande militaire. Cette attaque planifiée par Zane Boualem a eu lieu entre deux casernes. Nous avons attaqué à bout portant, le convoi ennemi à l’aide d’une pièce 24 de mat 49 avec un chargeur de 32 cartouches. Une fois le convoi immobilisé par les tirs de feu, nous avons pris d’assaut le convoi. Sur les onze militaires ennemis, dix sont morts sur le coup et un seul a été blessé ; il s’agit d’un Arabe mobilisé dans les troupes françaises. Nous avons récupéré des armes. Le moudjahid Belaoud, qui a rejoint la Révolution en janvier 1957 comme moussabel dans l’organisation civile, a été affecté à la Région 4. Il raconte la bataille de Bouchibane à Ifri Ouzellaguen, lieu où s’est tenu le congrès de la Soummam en août 1956 : «L’ennemi a eu des échos sur notre présence dans ce village, il a bouclé toutes les issues, les parachutistes étaient mobilisés avec des cordes pour nous attacher vivants, des hangars étaient préparés pour nous interner dedans. Nous n’avions pas d’autre choix que d’affronter l’ennemi et mourir les armes à la main. Face à l’ennemi avec l’artillerie, l’aviation et les combats à l’assaut, nous avons perdu beaucoup de nos djounoud, mais nous avons pu le repousser de la population ; et c’était pour l’ennemi une défaite. Notre force réside dans la volonté d’affronter coûte que coûte cet arsenal de guerre ennemi. Nous nous sommes armés en opérant par des embuscades meurtrières.» En juin 1959, les forces de l’OTAN et l’opération Jumelles de la Wilaya III font 8.000 morts dans les rangs des moudjahidine. Seulement 4.000 resteront vivants pour poursuivre la Révolution. Belaoud dit encore : « Après le plan de Constantine qui consistait en une pacification, le colon voulait gagner l’estime des populations et commençait à leur augmenter le ravitaillement. Mais les populations consacraient la plus grande partie de cette nourriture pour les moudjahidine au détriment de leurs enfants. La bougie s’est rallumée de nouveau par des actions sur le terrain et en zone urbaine. Première cible, le café Rouget qui faisait office de bar, qui est attaqué par le groupe de Hocine Allouache et qui a fait plusieurs morts dans les rangs ennemis. Ensuite, c’est au tour d’une autre attaque menée par Ahcene Dehas sur la place publique du centre de Béjaïa où devait se tenir un meeting des militaires français pour fêter le 14 juillet et où la population algérienne a refusé d’assister sur conseil des moudjahidine. Un bilan lourd pour l’ennemi a été enregistré pour cette opération. Il y a aussi cette attaque d’un restaurant face à la caserne militaire des 4 chemins par une voiture conduite par un djoundi kamikaze qui a coûté la vie à plusieurs Français.»
    Les témoignages de Belaoud sont très émouvants et pleins d’intérêt. C’est là sans doute une riche matière première pour l’écriture de l’histoire.
    M. L.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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