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Entretien avec le politologue marocain Monjib Maati « Le message de Rabat est destiné à Washington

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  • Entretien avec le politologue marocain Monjib Maati « Le message de Rabat est destiné à Washington

    SALAM


    Quel est le message que Rabat veut envoyer en rappelant son ambassadeur à Alger ?
    Le rappel de l’ambassadeur du Maroc à Alger est un message destiné au Département d’État américain et donc à Washington avant même qu’il ne soit destiné à Alger. John Kerry sera en visite dans la région dans une semaine. Et on sait bien qu’avant même qu’il ne devienne ministre des Affaires étrangères des États-Unis, il était un peu considéré, notamment par les Marocains, comme pro-algérien et pro-sahraoui. M. Kerry avait défendu la même position que l’Algérie concernant l’élargissement du mandat de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso) aux droits de l'Homme.

    Depuis très longtemps, on n’a pas vu un ministre américain des Affaires étrangères dont les positions sont vues, du côté marocain, comme étant clairement pro-algériennes et pro-sahraouies. En plus de John Kerry, il y a également la représentante des États-Unis au sein de l’ONU qui a la même position concernant l’élargissement de la Minurso. Une position défendue par Kerry mais pas par son prédécesseur, Hillary Clinton.

    Quel est concrètement son objectif ?

    Le Maroc espère, à travers cette mini-crise, faire réviser la nouvelle position américaine concernant le Sahara occidental. Et il veut couper court à toute possibilité de négociations concernant ce sujet. Et c’est pour cela qu’il mobilise ses amis à Washington. Mais disons que le lobby marocain est un peu moins organisé et moins financé comparé au lobby algérien. Le Maroc dépense près de deux millions de dollars pour aider ses amis à le défendre au sein du Congres et dans la presse.

    L’Algérie dépense beaucoup plus parce qu’elle en a les moyens
    . Il s’agit aussi d’exprimer la colère du Maroc et des Marocains vis-à-vis de l’offensive diplomatique du président Bouteflika concernant l’affaire du Sahara occidental. Une offensive qui est perçue de ce côté de la frontière et donc au Maroc comme étant trop agressive et anti-marocaine.

    Quelles seront les conséquences sur les relations bilatérales ?

    Les relations sont déjà très tendues ! Nous sommes au minimum depuis deux ou trois ans et cela se reflète dans une affreuse course à l’armement. Sauf que le Maroc n’a pas les moyens financiers de l’Algérie. Il dépensera, cette année, quatre milliards de dollars pour l’achat d’armements alors que l’Algérie dépensera plus de douze milliards de dollars. On se retrouve dans une situation où le Maroc est obligé de recourir à la diplomatie mais sans appui financier et en comptant de moins en moins sur l’appui des États-Unis qui optent actuellement pour une politique d’équilibre entre Alger et Rabat.

    Mais je ne pense pas qu’on ira vers une rupture des relations diplomatiques. Une rupture qui peut avoir une conséquence très grave, surtout avec le développement des mouvements rebelles et extrémistes qui menacent tant l’Algérie que le Maroc. Ils ont besoin de coopérer. Et ils le font, même si ce n’est pas au niveau souhaité, contre ces organisations qui menacent la région.

    On a beaucoup évoqué les appréhensions marocaines après la désignation de Ramtane Lamamra comme ministre des Affaires étrangères. Qu’en est-il réellement ?

    Au Maroc comme en Algérie, ceux qui désignent les ministres des Affaires étrangères sont les chefs d’État. Les changements de ministres ne peuvent avoir qu’un impact minime. D’ailleurs la lettre lue à Abuja et celle envoyée à Ban ki-moon sont des lettres du président Bouteflika. Je pense qu’il s’agit d’une mauvaise période que traversent les deux parties.
    Dernière modification par ZA1971, 31 octobre 2013, 22h28.
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