Par Eric de Riedmatten , ancien journaliste, écrivain.
Les plus optimistes prétendent que l'on pourrait produire aujourd'hui du carburant à partir d'algues pour … 46 centimes d'euro le litre. Pour mémoire, un litre de carburant à la pompe arrive, hors taxes, à 75 centimes, mais ce coût intégré toute la chaîne d'exploration, de production de commercialisation et de transport, ce qui n'est pas le cas des 0,46 centimes d'euro théoriques du litre de carburant synthétique...
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Les raffineries de pétrole passent au bio. Suivant le modèle mis en place au Texas, les grands majors ont décidé d’accélérer la culture du carburant vert. Un procédé naturel permet de cultiver des micro-organismes capable de reproduire à l’identique les propriétés du pétrole. Les transports adoptent peu à peu ces nouveaux carburants verts issus de l’huile des algues. Contrairement aux pétroles verts de la première génération, les récoltes céréalières n’entrent plus dans la composition de ces nouveaux bio-carburants. Avec ce pétrole mis en culture, ça carbure !
Le Havre, raffinerie Bio-Plus, le 12 juillet 2032. Il se dégage une bonne odeur de goémon dans le quartier de Sandouville, près du Havre. Sur l’ancien site occupé autrefois par les usines automobiles Renault, les immenses cheminées crachent toujours des fumées mais l’odeur de soufre a disparu. On se croirait dans la baie du Mont Saint Michel un jour de grandes marées. La coquille qui symbolisait une célèbre marque de pétrole a disparu du fronton de la raffinerie. A la place, 4 anneaux rappellent que le propriétaire de cette usine d’un genre nouveau appartient à un grand constructeur automobile.
Des constructeurs automobiles producteurs de pétrole bleu ?
Son nom ? Une ancienne marque automobile allemande alliée à un consortium germanique. Mais qu’est-ce qu’un groupe de constructeurs vient faire dans la production de carburants ? C’est exactement la question que s’étaient posés les journalistes français, en découvrant les projets ambitieux de cette marque au début du siècle. Sous le nom générique Audi e-power à l’époque, avec des initiatives telles que e-gas et Desertec, il est apparu que la filiale d’un groupe d’outre Rhin voulait devenir un acteur de l’énergie du futur. C’est chose faite aujourd’hui. Pour en arriver à ce résultat et gagner le pari des biocarburants, les allemands ont lancé un nombre impressionnant de programmes. D’abord avec des éoliennes implantées en mer du Nord, de façon à produire de l’électricité acheminée jusque au site de Werlte, en Basse-Saxe. Dans cette usine, l’électricité obtenue est actuellement utilisée aussi pour faire une électrolyse en vue d’obtenir de l’hydrogène, transformé aussitôt en méthane grâce à du CO2 fourni par un partenaire producteur de biogaz à partir du recyclage de déchets. Ce gaz « vert » injecté dans le réseau servait alors à remplir le réservoir des tout derniers modèles du consortium. La marque allemande a également rejoint une association internationale baptisée « Desertec Industrial Initiative », ce désormais célèbre programme qui produit déjà du courant à partir du soleil qui inonde chaque jour le Sahara.
Son objectif à long terme : Générer de l’énergie à partir de cellules photovoltaïques sans impact climatique dans les déserts d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. En parallèle, Le consortium de constructeurs a toujours exprimé sa volonté de produire des carburants synthétiques : de l’e-diesel et de l’e-éthanol, à partir de CO2 et d’eau non potable. La marque aux anneaux en a acquis l’exclusivité pour le secteur automobile afin de lancer un procédé révolutionnaire dans l’objectif de se passer du pétrole. L’inventeur, le groupe Joule, est américain et en a cédé les droits aux allemands. Le principe est assez complexe. Avec l’appui de l’énergie solaire, et avec l’apport de CO2 récupéré d’activités industrielles ou d’eaux usées, le constructeur fait cultiver en plein Texas des micro-organismes synthétiques d’un diamètre de trois millièmes de millimètres chacun. Ces micro-organismes au lieu de former de nouvelles cellules par photosynthèse produisent sans cesse du carburant. Tout cela avec le renfort d’un codage génétique très strict. L’intérêt vient du fait que le rendement est élevé. Avec 50 000 litres d’eau à l’hectare pour le e-diesel et 75 000 litres d’eau pour l’éthanol, l’opération n’a aucune incidence sur la chaîne alimentaire et l’eau potable. Un autre grand atout de ce produit est sa pureté. Il n’y a ni soufre et ni composés aromatiques, contrairement au diesel à base de pétrole qui est un mélange de différents hydrocarbures. C’est avec ces nouveaux carburants, dont le prix n’est pas indexé sur le baril de pétrole, que les industriels allemands ont finalement séduit une catégorie d’automobilistes français y compris ceux qui ne roulent pas avec les modèles produits par le consortium. Un vrai business habile et visionnaire !
Les plus optimistes prétendent que l'on pourrait produire aujourd'hui du carburant à partir d'algues pour … 46 centimes d'euro le litre. Pour mémoire, un litre de carburant à la pompe arrive, hors taxes, à 75 centimes, mais ce coût intégré toute la chaîne d'exploration, de production de commercialisation et de transport, ce qui n'est pas le cas des 0,46 centimes d'euro théoriques du litre de carburant synthétique...
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Les raffineries de pétrole passent au bio. Suivant le modèle mis en place au Texas, les grands majors ont décidé d’accélérer la culture du carburant vert. Un procédé naturel permet de cultiver des micro-organismes capable de reproduire à l’identique les propriétés du pétrole. Les transports adoptent peu à peu ces nouveaux carburants verts issus de l’huile des algues. Contrairement aux pétroles verts de la première génération, les récoltes céréalières n’entrent plus dans la composition de ces nouveaux bio-carburants. Avec ce pétrole mis en culture, ça carbure !
Le Havre, raffinerie Bio-Plus, le 12 juillet 2032. Il se dégage une bonne odeur de goémon dans le quartier de Sandouville, près du Havre. Sur l’ancien site occupé autrefois par les usines automobiles Renault, les immenses cheminées crachent toujours des fumées mais l’odeur de soufre a disparu. On se croirait dans la baie du Mont Saint Michel un jour de grandes marées. La coquille qui symbolisait une célèbre marque de pétrole a disparu du fronton de la raffinerie. A la place, 4 anneaux rappellent que le propriétaire de cette usine d’un genre nouveau appartient à un grand constructeur automobile.
Des constructeurs automobiles producteurs de pétrole bleu ?
Son nom ? Une ancienne marque automobile allemande alliée à un consortium germanique. Mais qu’est-ce qu’un groupe de constructeurs vient faire dans la production de carburants ? C’est exactement la question que s’étaient posés les journalistes français, en découvrant les projets ambitieux de cette marque au début du siècle. Sous le nom générique Audi e-power à l’époque, avec des initiatives telles que e-gas et Desertec, il est apparu que la filiale d’un groupe d’outre Rhin voulait devenir un acteur de l’énergie du futur. C’est chose faite aujourd’hui. Pour en arriver à ce résultat et gagner le pari des biocarburants, les allemands ont lancé un nombre impressionnant de programmes. D’abord avec des éoliennes implantées en mer du Nord, de façon à produire de l’électricité acheminée jusque au site de Werlte, en Basse-Saxe. Dans cette usine, l’électricité obtenue est actuellement utilisée aussi pour faire une électrolyse en vue d’obtenir de l’hydrogène, transformé aussitôt en méthane grâce à du CO2 fourni par un partenaire producteur de biogaz à partir du recyclage de déchets. Ce gaz « vert » injecté dans le réseau servait alors à remplir le réservoir des tout derniers modèles du consortium. La marque allemande a également rejoint une association internationale baptisée « Desertec Industrial Initiative », ce désormais célèbre programme qui produit déjà du courant à partir du soleil qui inonde chaque jour le Sahara.
Son objectif à long terme : Générer de l’énergie à partir de cellules photovoltaïques sans impact climatique dans les déserts d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. En parallèle, Le consortium de constructeurs a toujours exprimé sa volonté de produire des carburants synthétiques : de l’e-diesel et de l’e-éthanol, à partir de CO2 et d’eau non potable. La marque aux anneaux en a acquis l’exclusivité pour le secteur automobile afin de lancer un procédé révolutionnaire dans l’objectif de se passer du pétrole. L’inventeur, le groupe Joule, est américain et en a cédé les droits aux allemands. Le principe est assez complexe. Avec l’appui de l’énergie solaire, et avec l’apport de CO2 récupéré d’activités industrielles ou d’eaux usées, le constructeur fait cultiver en plein Texas des micro-organismes synthétiques d’un diamètre de trois millièmes de millimètres chacun. Ces micro-organismes au lieu de former de nouvelles cellules par photosynthèse produisent sans cesse du carburant. Tout cela avec le renfort d’un codage génétique très strict. L’intérêt vient du fait que le rendement est élevé. Avec 50 000 litres d’eau à l’hectare pour le e-diesel et 75 000 litres d’eau pour l’éthanol, l’opération n’a aucune incidence sur la chaîne alimentaire et l’eau potable. Un autre grand atout de ce produit est sa pureté. Il n’y a ni soufre et ni composés aromatiques, contrairement au diesel à base de pétrole qui est un mélange de différents hydrocarbures. C’est avec ces nouveaux carburants, dont le prix n’est pas indexé sur le baril de pétrole, que les industriels allemands ont finalement séduit une catégorie d’automobilistes français y compris ceux qui ne roulent pas avec les modèles produits par le consortium. Un vrai business habile et visionnaire !
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