Écrit par Younès Saadi
Reporters : Le projet d’Union maghrébine vient de subir un autre coup, après la décision du Maroc de rappeler son ambassadeur et l’attaque du consulat algérien à Casablanca. Quelle lecture faites-vous de cette nouvelle escalade diplomatique ?
Ali Zaoui : Ce que vient de faire le Maroc est un prétexte pour mystifier le front interne en pleine ébullition. Le Maroc vit une situation interne difficile, marquée par l’accentuation de la crise sociale et l’absence de consensus politique autour des questions stratégiques. Le gouvernement de Benkirane est incapable de répondre positivement aux attentes de ses populations, alors il fallait détourner les regards de l’opinion nationale mécontente vers l’Algérie. L’astuce de Makhzen de faire calmer le front interne par la création d’une fausse opposition est arrivée à ses limites. Tout le monde sait que Benkirane est un agent des services marocains depuis les années 1970. Il a même participé à des actions militaires contre l’Algérie en 1976, dans ce qui est appelé l’affaire Amgala. A cette situation s’ajoutent les tensions au sein du palais royal. Il n’est un secret pour personne que ce pays est aux portes de l’explosion. Le retrait de plusieurs partis politiques du gouvernement en est la preuve tangible. Le printemps marocain est très envisageable en ce moment. Voilà l’analyse juste à la dernière agitation marocaine. La lettre du président de la République lue par le ministre des Affaires étrangères n’est qu’un prétexte.
Quel avenir pour l’UMA dans le sillage de ces développements politiques ?
Il faut dire les choses telles quelles : le projet ambitieux de la construction d’une Union maghrébine n’aura pas lieu sans la présence du Polisario. Il est clair que sans l’Etat sahraoui, il n’y aura jamais d’UMA. Sans une solution à ce problème, les choses resteront en l’état, d’autant plus que le Maroc tente de s’impliquer directement dans la crise qui secoue la région du Sahel. L’Algérie ne pourra s’associer avec un Etat qui essaye de lui créer des problèmes et de nuire à ses intérêts. Le projet de l’UMA est confronté aussi au problème compliqué de la Libye. Il n’y a plus d’autorité sur ce territoire.
Cette crise diplomatique entre Alger et Rabat va-t-elle provoquer une rupture diplomatique ?
Je ne pense pas que cette nouvelle crise va engendrer une rupture des relations diplomatiques entre les deux pays. L’Algérie gère avec sagesse cette nouvelle tension. Elle ne veut pas rentrer dans le jeu marocain. Du coup, le minimum requis sera gardé.
La visite prochaine du Secrétaire d’Etat américain, John Kerry, en Afrique du Nord va-t-elle apporter des solutions ?
Ecoutez, il ne faut pas s’attendre à une implication directe des Américains dans cette nouvelle tension. John Kerry viendra pour discuter de la situation en Libye, qui inquiète énormément les Américains en ce moment, et non pour parler d’autres dossiers, tels que le Sahara occidental. Les USA cherchent du soutien pour pouvoir arrêter le chef islamiste libyen Abdelhakim Belhadj, jugé dangereux par la Maison-Blanche, et mettre la main sur les réseaux d’Al Qaïda. Ces derniers ont fait du sud de la Libye, depuis la chute de Kadhafi, une base arrière pour mener des attaques dans toute la région.
reporters.dz
Reporters : Le projet d’Union maghrébine vient de subir un autre coup, après la décision du Maroc de rappeler son ambassadeur et l’attaque du consulat algérien à Casablanca. Quelle lecture faites-vous de cette nouvelle escalade diplomatique ?
Ali Zaoui : Ce que vient de faire le Maroc est un prétexte pour mystifier le front interne en pleine ébullition. Le Maroc vit une situation interne difficile, marquée par l’accentuation de la crise sociale et l’absence de consensus politique autour des questions stratégiques. Le gouvernement de Benkirane est incapable de répondre positivement aux attentes de ses populations, alors il fallait détourner les regards de l’opinion nationale mécontente vers l’Algérie. L’astuce de Makhzen de faire calmer le front interne par la création d’une fausse opposition est arrivée à ses limites. Tout le monde sait que Benkirane est un agent des services marocains depuis les années 1970. Il a même participé à des actions militaires contre l’Algérie en 1976, dans ce qui est appelé l’affaire Amgala. A cette situation s’ajoutent les tensions au sein du palais royal. Il n’est un secret pour personne que ce pays est aux portes de l’explosion. Le retrait de plusieurs partis politiques du gouvernement en est la preuve tangible. Le printemps marocain est très envisageable en ce moment. Voilà l’analyse juste à la dernière agitation marocaine. La lettre du président de la République lue par le ministre des Affaires étrangères n’est qu’un prétexte.
Quel avenir pour l’UMA dans le sillage de ces développements politiques ?
Il faut dire les choses telles quelles : le projet ambitieux de la construction d’une Union maghrébine n’aura pas lieu sans la présence du Polisario. Il est clair que sans l’Etat sahraoui, il n’y aura jamais d’UMA. Sans une solution à ce problème, les choses resteront en l’état, d’autant plus que le Maroc tente de s’impliquer directement dans la crise qui secoue la région du Sahel. L’Algérie ne pourra s’associer avec un Etat qui essaye de lui créer des problèmes et de nuire à ses intérêts. Le projet de l’UMA est confronté aussi au problème compliqué de la Libye. Il n’y a plus d’autorité sur ce territoire.
Cette crise diplomatique entre Alger et Rabat va-t-elle provoquer une rupture diplomatique ?
Je ne pense pas que cette nouvelle crise va engendrer une rupture des relations diplomatiques entre les deux pays. L’Algérie gère avec sagesse cette nouvelle tension. Elle ne veut pas rentrer dans le jeu marocain. Du coup, le minimum requis sera gardé.
La visite prochaine du Secrétaire d’Etat américain, John Kerry, en Afrique du Nord va-t-elle apporter des solutions ?
Ecoutez, il ne faut pas s’attendre à une implication directe des Américains dans cette nouvelle tension. John Kerry viendra pour discuter de la situation en Libye, qui inquiète énormément les Américains en ce moment, et non pour parler d’autres dossiers, tels que le Sahara occidental. Les USA cherchent du soutien pour pouvoir arrêter le chef islamiste libyen Abdelhakim Belhadj, jugé dangereux par la Maison-Blanche, et mettre la main sur les réseaux d’Al Qaïda. Ces derniers ont fait du sud de la Libye, depuis la chute de Kadhafi, une base arrière pour mener des attaques dans toute la région.
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