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Cagnotte norvégienne

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  • Cagnotte norvégienne

    Par PIERRE-OLIVIER ROUAUD | L'Usine Nouvelle n° 3351

    Les pêcheurs de morue et les amoureux des grands espaces respirent ! Les îles Lofoten, un somptueux archipel situé au-delà ducercle polaire, vont échapper à la prospection pétrolière. C’est là, en Norvège, l’une des premières décisions du gouvernement d’Erna Solberg. Cette quinqua au visage poupin dirige le pays des fjords depuis le 18 octobre, après être arrivée en tête (26,8%) aux élections avec son Parti conservateur. Elle mène une coalition minoritaire comprenant – c’est une première – le Parti du progrès, une formation de droite populiste dont la présidente Siv Jensen, 44 ans, est devenue ministre des Finances.
    Si ce duo de choc (la première adule Lady Thatcher, la seconde le Tea Party) a décidé que les îles Lofoten échapperaient aux forages, c’est que la Norvège n’en a pas besoin. Le budget 2013 affiche un excédent de 12,3% du PIB, la croissance devrait s’élever à 2,3% l’an prochain, quant au chômage, après avoir "culminé" à 5,5% au plus fort de la crise, il avoisine 3,5%. Tout cela résulte de la manne du pétrole et du gaz qui fait pleuvoir depuis quarante ans, les couronnes sur cette pétromonarchie nordique de 5 millions d’habitants. Durant la campagne, le pays s’est interrogé sur l’éducation, les infrastructures et surtout sur les deux thèmes phares du Parti du progrès, l’immigration et la fiscalité.
    Et l’économie Même si l’argent du pétrole créé une certaine surchauffe et que les finances publiques, hors revenus pétroliers, affichent en fait 5,5% de déficit, le royaume ne s’inquiète guère pour son avenir. Car il a su, depuis 1990, se constituer une cagnotte hors norme : le fonds souverain Government Pension Fund Global (GPFG). Alimenté par les revenus du pétrole, ce dernier, qui pesait 800 milliards de dollars fin septembre (1,6 fois le PIB !) est le plus gros du monde. Détenant 1,2% de la capitalisation en actions de la planète, il pourrait dépasser 1 000 milliards de dollars d’ici à cinq ans. Le GPFG n’a rien d’unique, mais il est cité en exemple pour sa gouvernance et ses principes éthiques. Indépendant du politique, il est géré par la Banque centrale ou des gérants privés. En Norvège, son utilisation reste toutefois un sujet ultrasensible.
    La loi limite la ponction de l’État à 4%. Le gouvernement travailliste sortant s’était même contenté de 2,7% l’an dernier alors que le fonds affichait un rendement record de 13,4% ! Erna Solberg avait laissé entendre, avant les élections, que l’on pourrait revoir la règle. À Oslo, on parle désormais de créer un fonds voué aux infrastructures ou aux énergies vertes en puisant dans le GPFG. En attendant, dès son arrivée, Siv Jensen a décidé d’utiliser à plein la limite des 4%. Pourquoi se priver ?
    Pierre-Olivier Rouaud
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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