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New York interdit la cigarette avant 21 ans : une mauvaise réponse à une bonne question
Je ne défends pas l’interdiction du tabac aux moins de 21 ans. Mais cette mesure incite à réfléchir et dépasser la simple opposition. Cette décision prise par la ville de New York présente un aspect intéressant, puisqu’elle met en avant l’extrême toxicité du tabac chez les jeunes et "dénormalise" cette consommation, trop ancrée dans les comportements.
Beaucoup d’adolescents, y compris lors de mes consultations, se disent fiers de fumer. Du point de vue de l’évolution sociologique, les femmes considèrent également de plus en plus la consommation de tabac comme une autonomisation sociale, un signe d’égalité vis-à-vis des hommes.
Les jeunes, principales cibles des cigarettiers
Je trouve, tout en ne souhaitant pas la généralisation de cette mesure, le message de cette interdiction positif, principalement parce qu’il lève un déni. Le tabac est dangereux et il est bien de le rappeler, tout en expliquant aux jeunes qu’ils sont la cible d’une industrie, les proies du lobbying des cigarettiers qui veulent faire fumer les jeunes plus tôt, car ils savent qu’un jeune consommateur restera potentiellement client toute sa vie.
Le tabac a ce "génie" propre qui permet aux cigarettiers de se constituer rapidement un stock de clients : une fois que l’on a commencé à fumer, on ne peut plus s’arrêter. On ne doit pas rester inertes face à cette manipulation et ne pas dénier les enjeux financiers majeurs, notamment en France, de la consommation de tabac, dont les impacts économiques sont énormes.
Le problème du tabagisme des jeunes est une question majeure de santé publique. La cigarette est ce qui pèse le plus dans le niveau de santé des citoyens, bien plus que les ondes des téléphones portables, dont on parle beaucoup en ce moment.
Cette démarche est donc intéressante, mais je lui oppose deux limites majeures. Premièrement, la prohibition n’est pas la bonne solution à l’addiction. De plus, ciblée sur cette tranche d’âge, celle-ci n’est pas facile à défendre.
Pour une promotion de la santé publique
Toutefois, si cette interdiction n’est pas la bonne réponse, c’est la bonne question. Ce n’est pas parce que les réponses sont souvent compliquées qu’il ne faut pas s’interroger.
A mes yeux, les réponses à y apporter sont de trois types :
- Une évaluation du problème : combien de jeunes sont concernés ? C’est une proposition que je défends en France également.
- Une extrême vigilance vis-à-vis de la promotion cachée et insidieuse de la consommation de nicotine.
- Une politique de promotion de la santé publique : il faut expliquer aux jeunes qu’une vie est plus agréable sans cigarette. Ils auront une meilleure qualité de vie, une meilleure santé, une meilleure vie sexuelle.
Le fait que l’on soit aujourd’hui réduits à fermer les yeux sur des incitations masquées, tout en interdisant la cigarette pour les moins de 21 ans, montre que l’on n’est pas capables de faire émerger une troisième solution.
Nous ne sommes pas meilleurs en France, puisqu’on ne fait rien pour évaluer ce problème. Je ne plaide pas pour des mesures d’autorité, mais pour une promotion de la santé. Avoir pour premier objectif que la consommation de tabac baisse serait déjà un réel et bel enjeu de santé publique. C’est vrai pour chacun d’entre nous et pour les jeunes en particulier.
NouvelObs
Beaucoup d’adolescents, y compris lors de mes consultations, se disent fiers de fumer. Du point de vue de l’évolution sociologique, les femmes considèrent également de plus en plus la consommation de tabac comme une autonomisation sociale, un signe d’égalité vis-à-vis des hommes.
Les jeunes, principales cibles des cigarettiers
Je trouve, tout en ne souhaitant pas la généralisation de cette mesure, le message de cette interdiction positif, principalement parce qu’il lève un déni. Le tabac est dangereux et il est bien de le rappeler, tout en expliquant aux jeunes qu’ils sont la cible d’une industrie, les proies du lobbying des cigarettiers qui veulent faire fumer les jeunes plus tôt, car ils savent qu’un jeune consommateur restera potentiellement client toute sa vie.
Le tabac a ce "génie" propre qui permet aux cigarettiers de se constituer rapidement un stock de clients : une fois que l’on a commencé à fumer, on ne peut plus s’arrêter. On ne doit pas rester inertes face à cette manipulation et ne pas dénier les enjeux financiers majeurs, notamment en France, de la consommation de tabac, dont les impacts économiques sont énormes.
Le problème du tabagisme des jeunes est une question majeure de santé publique. La cigarette est ce qui pèse le plus dans le niveau de santé des citoyens, bien plus que les ondes des téléphones portables, dont on parle beaucoup en ce moment.
Cette démarche est donc intéressante, mais je lui oppose deux limites majeures. Premièrement, la prohibition n’est pas la bonne solution à l’addiction. De plus, ciblée sur cette tranche d’âge, celle-ci n’est pas facile à défendre.
Pour une promotion de la santé publique
Toutefois, si cette interdiction n’est pas la bonne réponse, c’est la bonne question. Ce n’est pas parce que les réponses sont souvent compliquées qu’il ne faut pas s’interroger.
A mes yeux, les réponses à y apporter sont de trois types :
- Une évaluation du problème : combien de jeunes sont concernés ? C’est une proposition que je défends en France également.
- Une extrême vigilance vis-à-vis de la promotion cachée et insidieuse de la consommation de nicotine.
- Une politique de promotion de la santé publique : il faut expliquer aux jeunes qu’une vie est plus agréable sans cigarette. Ils auront une meilleure qualité de vie, une meilleure santé, une meilleure vie sexuelle.
Le fait que l’on soit aujourd’hui réduits à fermer les yeux sur des incitations masquées, tout en interdisant la cigarette pour les moins de 21 ans, montre que l’on n’est pas capables de faire émerger une troisième solution.
Nous ne sommes pas meilleurs en France, puisqu’on ne fait rien pour évaluer ce problème. Je ne plaide pas pour des mesures d’autorité, mais pour une promotion de la santé. Avoir pour premier objectif que la consommation de tabac baisse serait déjà un réel et bel enjeu de santé publique. C’est vrai pour chacun d’entre nous et pour les jeunes en particulier.
NouvelObs