TSA - mardi, 05 novembre 2013 10:48
Le Bloc-notes de Ghani Gedoui Sellal, Khadra et Khalida
Ghani Gedoui
J’allais écrire sur Sellal, le marathonien qui a déjà visité 28 wilayas, un record en si peu de temps, j’allais parler de son langage vrai et de sa connaissance des hommes et des dossiers dans les wilayas visitées, j’allais parler de l’espoir qu’il fait renaître, j’allais parler de sa fidélité au président de la république, j’allais parler de sa discrétion et de son humour ainsi que de sa sérénité, j’allais parler de choses utiles, mais voilà que Saïdani m’oblige à m’investir dans le futile !
Saïdani, combien de divisions ? Celles d’une partie du FLN et celles de ses excès, car l’homme est parfois incontrôlable, un sniper qui a très vite compris que dans notre pays, l’Algérie, celui qui crie le plus fort, a toujours raison, celui qui insulte et menace fait fuir les braves gens et gagne en faisant de l’injustice et de la médiocrité une règle, une loi, la loi du plus fort.
De ma vie, croyez-moi, et j’en ai vu ! Je n’ai jamais vu une charge aussi violente d’un secrétaire général contre un Premier ministre du même bord politique. Même pas dans les films burlesques. Si au moins, il y avait le style, les arguments, le ton qui sied... Rien de tel ! Il y avait l’insulte, l’insulte la plus basse, celle des rues, celle des chiffonniers qui cherchent noise à un monsieur respectable qui ne leur a rien fait.
Si ce Monsieur répond, il est cuit, il va être éclaboussé par la boue. Autant donc qu’il ne daigne pas répondre, autant donc qu’il prenne ces attaques pour du pipi de chat. De toute évidence, le procédé est indigne de la part d’un homme politique ! Cette attaque est d’autant plus scandaleuse car elle survient à un moment de tension entre l’Algérie et le Maroc. Je vois d’ici les politiques marocains se fendre la rate devant ce pitoyable spectacle.
Qu’a dit Sellal pour être sali ainsi ? Rien, absolument rien, c’est la presse qui lui a prêté des propos sur Saïdani. On va aller encore plus loin : quand bien même a-t-il critiqué les propos de Saïdani à Reuters, où est le problème ? Il est dans son rôle de Premier ministre, de rassembler, de rectifier et de défendre, si besoin est, une institution algérienne, fut-elle militaire ou civile ! Quant à Saïdani, au lieu de parler du DRS avec une telle légèreté, au lieu d’attaquer le représentant de l’Etat qu’est le Premier ministre, il ferait bien de s’occuper d'un FLN plus divisé que jamais.
En tous les cas, la guerre n’est pas finie dans ce parti qui ressemble de plus en plus à un musée où on ne trouve que des momies qui n’ont pas fini de mourir. Ce qui est incroyable c’est que ce parti reste majoritaire, tout en étant une terrible machine de guerre pour les élections présidentielles. L’une des bonnes nouvelles de Saïdani est que Bouteflika va de mieux en mieux.
Khadra, candidat
Écrivain de renommée mondiale, mal aimé de la presse algéroise, du moins le croit-il, Yasmina Khadra a décidé de se présenter à l’élection présidentielle prochaine. Au-delà de tout ce qu’on pourrait penser, certains vont rire, d’autres vont penser à une farce. Il faudrait saluer, à mon avis, le courage de Khadra qui, lui, a osé aller au bout de ses idées et de ses convictions. Il pense faire bouger les lignes, il y va.
Il y va en dépit de son poste de directeur du Centre Culturel Algérien à Paris. Quelle autre personne que Khadra aurait commis pareil acte ? Vous imaginez un ambassadeur, toujours en exercice, faire acte de candidature contre celui qui l’a nommé ? Ce serait un suicide, ce serait faire hara kiri à sa carrière. Khadra, l’intrépide, n’a rien à cirer de pareilles considérations, il n’a aucune autre carrière à gérer que celle d’écrivain.
Le geste de Khadra est innovant dans le sens où il inaugure, dans une élection présidentielle hautement politique, l’irruption d’un intellectuel -et Dieu seul sait combien les intellectuels sont fébriles- dans une arène où jusque-là, la société civile dans ses différentes composantes, comptaient les coups en faisant entendre une voix souvent inaudible. Khadra ne sera peut-être pas Président, mais il changera sûrement, le regard des politiques sur les intellectuels, considérés, jusque-là, comme des danseuses.
Les proscrits du Sila et les favoris
La ministre de la culture gère la culture comme son bien personnel. Qu’on manque à l’Algérie, qu’on l’insulte, qu’on la traîne dans la boue ne vaut pas rejet du SILA, sauf à quelques rares exceptions. On est bien d’accord qu’on est contre toute forme d’exclusion. C’est quand on lui manque, que rien ne va plus. Elle prend son bâton de maréchale de la culture et vous bannit de son royaume. Démonstration.
Salim Bachi : il déverse sa haine de l’Algérie sur tous les plateaux télés qui l’invitent. Il y a quelques années, il déclarait au Nouvel Obs : « Je ne crois plus en l’Algérie. » Tapis rouge au SILA. Même Sansal qui a vomi à plusieurs reprises sur son pays d’origine, a été invité par Mme la ministre pour montrer patte blanche à la presse française. Comme quoi la démocrate qu’elle était n’est pas tout à fait morte. Grand seigneur, Sansal a refusé l’invitation de la ministre qui se défoule sur les écrivains locaux, plus talentueux que certains de leurs pairs de France, mais sans grande audience internationale : Chawki Amari, Mohamed Benchicou, Hakim Laâlem, Adlène Meddi, Hamid Grine, tous interdits de conférences et de débats.
La plupart pour des raisons politiques. Sauf Grine pour des raisons personnelles. Et Khadra dans tout ça ? C’est le plus cohérent de tous. Il a attaqué la reine Khalida, la traitant de tous les noms d’oiseaux il y a quelques années, lui contestant même le poste de ministre de la Culture pour faiblesse de niveau. Faute de pouvoir l’abattre, elle se prosterne devant lui et l’invite malgré elle. Elle avait trouvé son maître. On ne peut pas boycotter Khadra. Pour piquer Khadra, la Khalida crie à qui veut lui prêter l’oreille, et ses courtisans sont nombreux, qu’elle préfère Sansal à Khadra, Bachi à Khadra, tel débutant à Khadra...
Fermons ce chapitre malheureux, en souhaitant que la présidentielle mettra fin à la monarchie à la tête de la Culture. J’allais oublier les favoris : Chiheb, Apic, Dalimène, trois petites maisons d’édition qui font la loi au SILA. A leurs têtes, deux femmes et un homme qui courtisent son Altesse Royale avec une ferveur quasi religieuse. Il y avait la Kahina, nous avons encore la Kahina au sens littéral... Celle-là divise. L’autre rassemblait. Il y a 13 siècles…
Le Bloc-notes de Ghani Gedoui Sellal, Khadra et Khalida
Ghani Gedoui
J’allais écrire sur Sellal, le marathonien qui a déjà visité 28 wilayas, un record en si peu de temps, j’allais parler de son langage vrai et de sa connaissance des hommes et des dossiers dans les wilayas visitées, j’allais parler de l’espoir qu’il fait renaître, j’allais parler de sa fidélité au président de la république, j’allais parler de sa discrétion et de son humour ainsi que de sa sérénité, j’allais parler de choses utiles, mais voilà que Saïdani m’oblige à m’investir dans le futile !
Saïdani, combien de divisions ? Celles d’une partie du FLN et celles de ses excès, car l’homme est parfois incontrôlable, un sniper qui a très vite compris que dans notre pays, l’Algérie, celui qui crie le plus fort, a toujours raison, celui qui insulte et menace fait fuir les braves gens et gagne en faisant de l’injustice et de la médiocrité une règle, une loi, la loi du plus fort.
De ma vie, croyez-moi, et j’en ai vu ! Je n’ai jamais vu une charge aussi violente d’un secrétaire général contre un Premier ministre du même bord politique. Même pas dans les films burlesques. Si au moins, il y avait le style, les arguments, le ton qui sied... Rien de tel ! Il y avait l’insulte, l’insulte la plus basse, celle des rues, celle des chiffonniers qui cherchent noise à un monsieur respectable qui ne leur a rien fait.
Si ce Monsieur répond, il est cuit, il va être éclaboussé par la boue. Autant donc qu’il ne daigne pas répondre, autant donc qu’il prenne ces attaques pour du pipi de chat. De toute évidence, le procédé est indigne de la part d’un homme politique ! Cette attaque est d’autant plus scandaleuse car elle survient à un moment de tension entre l’Algérie et le Maroc. Je vois d’ici les politiques marocains se fendre la rate devant ce pitoyable spectacle.
Qu’a dit Sellal pour être sali ainsi ? Rien, absolument rien, c’est la presse qui lui a prêté des propos sur Saïdani. On va aller encore plus loin : quand bien même a-t-il critiqué les propos de Saïdani à Reuters, où est le problème ? Il est dans son rôle de Premier ministre, de rassembler, de rectifier et de défendre, si besoin est, une institution algérienne, fut-elle militaire ou civile ! Quant à Saïdani, au lieu de parler du DRS avec une telle légèreté, au lieu d’attaquer le représentant de l’Etat qu’est le Premier ministre, il ferait bien de s’occuper d'un FLN plus divisé que jamais.
En tous les cas, la guerre n’est pas finie dans ce parti qui ressemble de plus en plus à un musée où on ne trouve que des momies qui n’ont pas fini de mourir. Ce qui est incroyable c’est que ce parti reste majoritaire, tout en étant une terrible machine de guerre pour les élections présidentielles. L’une des bonnes nouvelles de Saïdani est que Bouteflika va de mieux en mieux.
Khadra, candidat
Écrivain de renommée mondiale, mal aimé de la presse algéroise, du moins le croit-il, Yasmina Khadra a décidé de se présenter à l’élection présidentielle prochaine. Au-delà de tout ce qu’on pourrait penser, certains vont rire, d’autres vont penser à une farce. Il faudrait saluer, à mon avis, le courage de Khadra qui, lui, a osé aller au bout de ses idées et de ses convictions. Il pense faire bouger les lignes, il y va.
Il y va en dépit de son poste de directeur du Centre Culturel Algérien à Paris. Quelle autre personne que Khadra aurait commis pareil acte ? Vous imaginez un ambassadeur, toujours en exercice, faire acte de candidature contre celui qui l’a nommé ? Ce serait un suicide, ce serait faire hara kiri à sa carrière. Khadra, l’intrépide, n’a rien à cirer de pareilles considérations, il n’a aucune autre carrière à gérer que celle d’écrivain.
Le geste de Khadra est innovant dans le sens où il inaugure, dans une élection présidentielle hautement politique, l’irruption d’un intellectuel -et Dieu seul sait combien les intellectuels sont fébriles- dans une arène où jusque-là, la société civile dans ses différentes composantes, comptaient les coups en faisant entendre une voix souvent inaudible. Khadra ne sera peut-être pas Président, mais il changera sûrement, le regard des politiques sur les intellectuels, considérés, jusque-là, comme des danseuses.
Les proscrits du Sila et les favoris
La ministre de la culture gère la culture comme son bien personnel. Qu’on manque à l’Algérie, qu’on l’insulte, qu’on la traîne dans la boue ne vaut pas rejet du SILA, sauf à quelques rares exceptions. On est bien d’accord qu’on est contre toute forme d’exclusion. C’est quand on lui manque, que rien ne va plus. Elle prend son bâton de maréchale de la culture et vous bannit de son royaume. Démonstration.
Salim Bachi : il déverse sa haine de l’Algérie sur tous les plateaux télés qui l’invitent. Il y a quelques années, il déclarait au Nouvel Obs : « Je ne crois plus en l’Algérie. » Tapis rouge au SILA. Même Sansal qui a vomi à plusieurs reprises sur son pays d’origine, a été invité par Mme la ministre pour montrer patte blanche à la presse française. Comme quoi la démocrate qu’elle était n’est pas tout à fait morte. Grand seigneur, Sansal a refusé l’invitation de la ministre qui se défoule sur les écrivains locaux, plus talentueux que certains de leurs pairs de France, mais sans grande audience internationale : Chawki Amari, Mohamed Benchicou, Hakim Laâlem, Adlène Meddi, Hamid Grine, tous interdits de conférences et de débats.
La plupart pour des raisons politiques. Sauf Grine pour des raisons personnelles. Et Khadra dans tout ça ? C’est le plus cohérent de tous. Il a attaqué la reine Khalida, la traitant de tous les noms d’oiseaux il y a quelques années, lui contestant même le poste de ministre de la Culture pour faiblesse de niveau. Faute de pouvoir l’abattre, elle se prosterne devant lui et l’invite malgré elle. Elle avait trouvé son maître. On ne peut pas boycotter Khadra. Pour piquer Khadra, la Khalida crie à qui veut lui prêter l’oreille, et ses courtisans sont nombreux, qu’elle préfère Sansal à Khadra, Bachi à Khadra, tel débutant à Khadra...
Fermons ce chapitre malheureux, en souhaitant que la présidentielle mettra fin à la monarchie à la tête de la Culture. J’allais oublier les favoris : Chiheb, Apic, Dalimène, trois petites maisons d’édition qui font la loi au SILA. A leurs têtes, deux femmes et un homme qui courtisent son Altesse Royale avec une ferveur quasi religieuse. Il y avait la Kahina, nous avons encore la Kahina au sens littéral... Celle-là divise. L’autre rassemblait. Il y a 13 siècles…
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