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  • Des nouveau-nés à 100.000 dinars!

    Encore une fois, la capitale de l'Ouest vient d'être frappée par le phénomène du siècle: l'abandon des nouveau-nés.

    Un nourrisson, tout juste venu au monde, a été retrouvé aux alentours de la zone industrielle de Hassi Ameur, localité située à une dizaine de kilomètres de l'est de la ville d'Oran. Sa découverte a eu lieu samedi. Là n'est qu'un petit exemple d'un phénomène, aux multifacettes, qui n'est pas près de prendre du recul de sitôt vu plusieurs paramètres.


    La liste est longue. Tout récemment, les habitants de la localité de Hassi Mefsoukh, est d'Oran, ont vécu une journée de désolation après la découverte du cadavre d'un nourrisson de sexe masculin placé dans un sac en plastique et jeté au milieu de la décharge publique. Le nourrisson serait décédé dans des circonstances qui restent à élucider par les enquêteurs. La découverte macabre a été faite par un récupérateur de déchets qui en a informé les éléments de la Gendarmerie nationale. Ces derniers se sont dépêchés sur les lieux et ont procédé à l'ouverture d'une enquête.
    Au même titre, les éléments de la Protection civile ont procédé au transport du cadavre du nourrisson vers la structure sanitaire d'El Mohgoun. Il n'est un secret pour personne: l'abandon de nourrisson constitue ce phénomène qui est devenu récurrent un peu partout dans les grandes villes, à l'instar de la deuxième capitale du pays. En effet, la wilaya d'Oran continue à vivre, ces dernières années, au rythme effréné d'un phénomène qui prend des allures vertigineuses: l'abandon des nouveau-nés.

    En 2012, les services sociaux ont recensé quelque 200 cas d'abandon de nourrisson, tous issus de relations extraconjugales. La question n'est plus un sujet tabou dans une société qui continue à subir les conséquences des mutations sauvages et la perte des repères sociaux. Le phénomène constitue un sujet à polémique, notamment en matière de prise en charge et les moyens à mettre en place aux fins de le juguler. La ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la condition féminine a, en tirant implicitement la sonnette d'alarme, ouvert le dossier ces dernières années, question de mieux expliciter la chose et mieux prendre en charge les nouveau-nés abandonnés et retrouvés vivants.

    Le drame des mères célibataires

    A Oran, il a été procédé à l'ouverture d'une nouvelle pouponnière au temps de Djamal Ould Abbès, alors ministre de la tutelle. Dans l'une de ses visites, il a recommandé l'élargissement dudit établissement afin de faire face au flux important des nouveau-nés. En plus des enfants handicapés qui sont automatiquement pris en charge par les services sociaux, des dizaines d'autres continuent à faire l'objet de placements dans des familles, d'autres ont été remis à leurs mères biologiques. «La dernière disposition qui entre dans le cadre du rapprochement de la mère et de son enfant, tend à tisser des liens solides autour de la petite victime», a-t-on expliqué ajoutant que «dans cette mesure, les services de l'action sociale assurent un suivi rigoureux en mettant en exergue l'application des textes de loi».
    Ceci dit, tout châtiment corporel et autre maltraitance sont sévèrement réprimés avant que l'enfant ne soit retiré à sa mère biologique. Les mêmes services sont en passe de briser autant de tabous en envisageant, d'ores et déjà, d'organiser de vastes campagnes de sensibilisation et de vulgarisation au profit des larges couches sociales.

    Le sujet principal tournera autour de l'action sociale, la prise en charge des naissances et la nécessité de rapprochement des mères célibataires des services locaux en vue de leur expliquer que «l'erreur peut accidentellement avoir lieu, mais sans pour autant l'amplifier au point de braver l'interdit en abandonnant le nouveau-né à la rue». Un autre fait à ne pas négliger, nécessite une réelle prise de conscience, ce sont les mères célibataires. Le phénomène n'est pas un simple point de vue de l'esprit étant donné que plus de la moitié des mères célibataires (60%) sont âgées de moins de 25 ans, dont 20% des mineures âgées entre 15 et 17 ans.

    L'absence de prévention et de sensibilisation risque d'amplifier davantage ce phénomène qui doit être traité «dans un cadre global loin de toute forme d'inégalité des chances entre les hommes et les femmes pour réduire les cas des mères célibataires», a indiqué un psychologue, tout en préconisant «la nécessité de se rapprocher de ces mères». N'eut été l'ingéniosité des services de sécurité, l'Arche de Noé a failli s'ancrer à Oran, wilaya qui continue à se chercher socialement.

    Les services de sécurité et les institutions sanitaires d'Oran font face à un phénomène ahurissant, la vente des nouveau-nés et les avortements illégaux. «Il faut ratisser long et large pour débusquer les tenants et aboutissants de cette nouvelle forme de la traite humaine qui a failli s'ancrer dans la société algérienne», a préconisé un enquêteur intrigué par l'apparition fulgurante de nouveaux phénomènes. En effet, le dernier en date a trait à la vente des nouveau-nés à Oran.

    6 millions pour un avortement
    Ainsi, des femmes célibataires tombent sciemment enceintes pour vendre leur enfant aussitôt né. «La vente est faite sur commande» indique-t-on. L'élément déclencheur de toute cette enquête a été l'arrestation de deux femmes impliquées dans une affaire de trafic de bébés. La première n'est autre que la mère biologique du nourrisson et la seconde est la femme qui devait récupérer le nouveau-né et qui devait ensuite l'inscrire dans son livret de famille. La première affaire a eu lieu au service d'accouchement de l'hôpital d'Oran.

    Prise en flagrant délit, le plan de la femme devant accoucher a été mis au jour lorsque les employés du service maternité de l'hôpital se sont rendu compte de la farce: la femme devant accoucher s'est présentée avec la carte d'identité nationale de la femme devant récupérer le nouveau-né. Aussitôt alertés, les services de sécurité sont intervenus.

    L'enquête ouverte sur le champ a permis l'arrestation des deux femmes qui ont conclu la transaction plusieurs mois auparavant. Ce n'est pas tout: les premiers éléments de l'enquête ont été plus que révélateurs. En effet, la mère biologique de l'enfant a révélé, lors de son interrogatoire, qu'elle a conclu avec sa cliente, stérile, la vente de son enfant contre la somme modique de 10 millions de centimes.

    C'est là la dixième affaire enregistrée dans ce genre de délits interdits et sévèrement réprimés par toutes les lois, divines et humaines. En étroite collaboration, les services de sécurité et les institutions sanitaires d'Oran font, ces derniers jours, face à ces nouveaux phénomènes qui ont tendance à prendre des proportions inquiétantes comme la vente des nouveau-nés et les avortements illégaux. Selon des sources sécuritaires, nombreuses sont les femmes célibataires qui ont été impliquées dans plusieurs affaires liées à la vente des bébés à leur naissance. De l'autre côté, le taux des mères célibataires qui ont accouché dans les services maternité représente près de 40% et ce durant les trois dernières années.En plus de ce phénomène, l'avortement illégal est devenu une activité courante.

    Le dernier méfait débusqué, a mis à nu un réseau spécialisé dans les avortements, constitué de dix personnes, un médecin, une femme de ménage, un surveillant médical, une autre femme qui jouait le rôle d'intermédiaire.

    Six femmes ont fait l'objet d'avortement à raison de 6 millions de centimes l'acte. Par ailleurs, la folie meurtrière n'est pas près de s'estomper tandis que le phénomène de l'abandon des bébés hors mariage continue.
    Au dernier bilan, plus de 20 enfants de cette catégorie ont été pris en charge par les services de l'action sociale et ce, depuis le début de l'année à ce jour. Plus d'une douzaine d'autres bébés n'ont pu survivre aux conditions rigoureuses de l'abandon.

    Par Wahib AïT OUAKLI - L'Expression
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