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«Je vous ai compris » Du théâtre pour rétablir la mémoire

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  • «Je vous ai compris » Du théâtre pour rétablir la mémoire

    «Je vous ai compris », une pièce-documentaire du théâtre Belge à voir et à revoir pour nous éclairer un peu plus sur la colonisation et la guerre d’Algérie. Elle est signée Valérie Gemenez et Sinda Guessab, auteures, comédiennes et metteures en scène.

    Entrée en lice au cinquième jour du festival international du théâtre professionnel de Béjaïa, la pièce est un pur moment d’émotion qui a marqué les esprits du public Béjaoui, qui était nombreux au niveau de la grande salle du TRB. Tant que le travail de mémoire sur la guerre d’Algérie est inachevé, le théâtre sera toujours là, à la rescousse, pour accomplir avec dévotion cette tâche indispensable à beaucoup d’égard. C’est dans cet esprit que l’idée de produire une nouvelle pièce théâtrale sur cette guerre, qui n’a pas tout dit, a germé dans la tête des deux comédiennes, Valérie Gemenez et de Sinda Guessab. Alors qu’elles étaient étudiantes dans un centre d’enseignement d’art dramatique en Belgique, les deux jeunes femmes ont enfanté la pièce « Je vous ai compris », en guise de travail de fin d’études.

    L’inspiration leur est venue de l’histoire de leurs familles respectives, qui ont quelque chose en commun : la guerre d’Algérie. Valérie, fille d’un pied-noir et Sinda, fille d’une algérienne naturalisée française après l’indépendance, ont monté un texte qui a passé en revue le passé commun entre l’Algérie et la France, depuis la naissance du mouvement national jusqu’à nos jours. Pour Valérie Gemenez : « Dans l’autre côté de la méditerranée, on ne parle pas ou pas assez de la guerre d’Algérie. Une nouvelle pièce sur cet épisode de l’histoire est, donc, la bienvenue ». Sinda Guessab appuie ce sentiment : « notre histoire commune reste confuse. Ce passé commun, les algériens comme les pieds-noirs le vivent comme s’il n’y avait ni ciel et ni terre ».

    Le jeu s’articule autour d’un discours dialogique chargé d’histoire entre une fille de pied-noir, outrée par une guerre violente et une fille d’immigrée algérienne qui raconte les vicissitudes de l’intégration dans son pays d’accueil, autrefois colonisateur. Le texte est un aller-retour entre le passé et le présent, entre la période coloniale et l’après indépendance, avec un croisement sur des questions restées tranchantes comme l’intégration et la ségrégation, par manquement, justement, à un travail de mémoire qui a maintenu le fossé entre deux peuples étroitement liés. L’incantation se fait paradoxalement sur un ton à la fois sarcastique et ferme, en puisant largement dans le registre argotique, comme pour symboliser le langage des jeunes des banlieues françaises et parfois légèrement soutenu, quand il s’agit de narrer des réalités historiques. Le dialogue entre les deux comédiennes est appuyé en arrière plan par des dessins instantanés, dont l’auteur n’est autre que Samir Guessab, le frère de Sinda.

    Avec des dessins servant de relais pour le langage des deux comédiennes, le spectacle a grandi d’impact. Nous retiendrons sans doute la dernière image représentant les deux drapeaux, français et algérien entremêlés, comme signe d’une fratrie à l’histoire douloureuse.

    M. H. K La Dépêche de kabylie
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