(1)
Nous reprenons ici la traduction de l'intervention de Sitaram Yechuy, représentant du Parti communiste d'Inde (marxiste), à la rencontre internationale des Partis communistes et ouvriers de novembre 2007 qui se déroulait à Minsk, à l'occasion du 90 ème anniversaire de la Révolution d'Octobre. Une contribution toujours d'actualité (Traduction originelle et introduction en italien de Mauro Gemma pour l'Ernesto)
Le socialisme au XX ème siècle
La Grande révolution socialiste d'Octobre, et la création qui s'en suivit de l'Union soviétiquen a marqué les premiers pas dans l'histoire de l'Humanité d'une tentative de constitutio d'une société libérée de toute exploitation de classe. Les progrès rapides obtenus par le socialisme, la transformation d'une économie auparavant arriérée en un bastion économique et militaire en état de rivaliser avec l'impérialisme ont largement confirmé la supériorité du système socialiste. La construction du socialisme en Union soviétique représente un moment fondamental dans l'histoire de l'humanité.
Cela reste une source d'inspiration pour tous les peuples du monde engagés dans la lutte pour l'émancipation sociale. Le rôle décisif joué par l'URSS dans la défaite du fascisme et l'émergence ultérieure des pays socialistes d'Europe de l'Est ont eu un impact profond sur l'évolution du monde. La victoire sur le fascisme a donné un élan décisif au processus de décolonisation qui a conduit à la libération de pays entiers de l'exploitation coloniale. La victoire historique de la révolution chinoise, la lutte héroïque du peuple vietnamien, celle du peuple coréen et le triomphe de la révolution cubaine ont eu une énorme influence sur la face que prit le monde.
Les réalisations des pays socialistes – l'éradication de la pauvreté et de l'analphabétisme, l'élimination du chômage, un important système de sécurité sociale dans les secteurs de l'éducation, de la santé, du logement, etc – ont représenté une puissante force d'encouragement pour les travailleurs du monde entier, dans leurs luttes.
Le capitalisme mondial a cherché d'affronter ce défi, en adoptant partiellement des mesures de bien-être social et en garantissant des droits qu'il n'avait jamais concédé aux travailleurs auparavant. La conception même de l' « Etat-providence » et le système de sécurité sociale créés dans les pays capitalistes après la Seconde guerre mondiale ont été le fruit des luttes des travailleurs dans ces nations, inspirées par les réalisations du socialisme. Les droits démocratiques aujourd'hui considérés comme inaliénables par la civilisation humaine ont également été le produit de la lutte populaire pour la transformation sociale et non de la bonté de la classe bourgeoise dominante.
Ces transformations ont fait faire des bons en avant qualitatifs à la civilisation humaine et ont laissé une empreinte indélébile sur la civilisation moderne. On le voit dans tous les domaines de la culture, de l'esthétique, de la science. Tandis qu'Eisenstein a révolutionné le cinéma, Spoutnik a étendu les frontières de la science moderne à l'espace.
Défaites pour le socialisme
Mais en dépit de ces immenses progrès, obtenus dans les conditions les plus complexes et dans un environnement hostile, pourquoi la puissante URSS n'est pas parvenue à consolider et maintenir ce système socialiste ?
Il y eut, en parlant en termes généraux, deux domaines dans lesquels une compréhension erronée et des erreurs qui en découlent, peuvent être constatés. Le premier a à voir avec la nature des analyses sur la situation mondiale de l'époque, et par rapport au concept même de socialisme. Le second concerne les problèmes pratiques qu'il y eut à affronter pendant la période de construction socialiste.
Quelques analyses erronées
Malgré les progrès sans précédent obtenus par le socialisme au XX ème siècle, on doit prendre en considération le fait que toutes les révolutions socialistes dans certains (pas tous) des pays socialistes d'Europe de l'est ont eu lieu dans des conditions relativement arriérées. Tout en justifiant l'intuition léniniste sur la rupture du chaînon le plus faible de la chaîne impérialiste, cela n'a pas empêché toutefois le capitalisme mondial de maintenir le contrôle sur les forces productives développées et, en conséquence, également leur développement potentiel ultérieur. Les pays socialistes ont soustrait un tiers du marché mondial au capitalisme. Cela n'a pas entamé le niveau des progrès réalisés par le capitalisme mondial dans le développement des forces productives et sa capacité à les développer par la suite sur la base des progrès scientifiques et technologiques. Le capitalisme mondial a été en mesure de dépasser les revers que lui ont infligé les révolutions socialistes par le développement des forces productives et l'expansion ultérieure du marché capitaliste. Compte tenu des rapports de classe existants, l'impérialisme a réussi à étendre le marché capitaliste par le néo-colonialisme.
D'autre part, la rapidité des progrès qualitativement plus importants obtenus par le socialisme dans une période relativement brève (ce qu'a réalisé le capitalisme en 300 ans a été rattrapé par le socialisme en 30!) a conduit à croire que sa marche serait irréversible. L'avertissement léniniste, pour qui la bourgeoisie vaincue réagirait avec une force cent fois supérieure, n'a pas été pleinement pris en considération.
L'inéluctabilité de l'effondrement du capitalisme n'est pas un processus automatique. Le capitalisme doit être dépassé. Une analyse erronée de sa force met au second plan la nécessité d'aiguiser constamment, de renforcer la lutte idéologique révolutionnaire de la classe ouvrière et son intervention décisive sous la direction d'un parti inspiré par le marxisme-léninisme : le facteur subjectif, sans quoi n'est possible aucune transformation révolutionnaire.
En outre, le socialisme a été compris comme inclus dans une progression linéaire. Au moment où le socialisme était réalisé, on a pensé de façon erronée que son cours futur serait une ligne droite sans obstacles jusqu'à la disparition des classes : la société communiste. L'expérience a également confirmé que le socialisme est la période de transition ou, pour utiliser les mots de Marx, la première phase du communisme – la période entre la société divisée en classes de l'exploitation capitalisme et la société sans classe communiste. Cette période implique par définition non l'élimination des conflits de classe mais leur intensification, avec un capitalisme mondial qui cherche à regagner le terrain perdu. Cette période, donc, était destinée à durer et se présentait comme complexe, toute autre que linéaire. Cela s'est vérifié en particulier dans les pays arriérés du point de vue capitaliste au moment de la révolution.
Le succès ou l'échec des forces du socialisme mondial dans cette lutte est déterminé, à tout moment, tant par les succès obtenus tant dans la construction socialiste que dans le rapport de force entre classes au niveau international et national, et par une analyse correcte de la situation. Les analyses incorrectes, qui conduisent à une sous-estimation de l'ennemi à l'extérieur et à l'intérieur des pays socialistes et à une sur-estimation du socialisme, ont créé une situation où les problèmes qui devaient être affrontés ont été ignorés, conduisant à l'arrêt des progrès et à la consolidation du capitalisme mondial.
Lénine nous a toujours rappelé que l'essence vivante de la dialectique réside dans l'analyse concrète de la situation concrète. Si l'analyse est faible ou si elle juge de façon inexacte la situation du moment, on ne réussit qu'à des incompréhensions et des distorsions.
Ce sont les distorsions et, encore plus important, les déviations du contenu révolutionnaire du marxisme-léninisme dans les dernières années de l'URSS, en particulier après le 20 ème Congrès du PCUS, avec les problèmes non-résolus dans le processus d'édification socialiste, qui sont la cause de ces revers.
Nous reprenons ici la traduction de l'intervention de Sitaram Yechuy, représentant du Parti communiste d'Inde (marxiste), à la rencontre internationale des Partis communistes et ouvriers de novembre 2007 qui se déroulait à Minsk, à l'occasion du 90 ème anniversaire de la Révolution d'Octobre. Une contribution toujours d'actualité (Traduction originelle et introduction en italien de Mauro Gemma pour l'Ernesto)
Le socialisme au XX ème siècle
La Grande révolution socialiste d'Octobre, et la création qui s'en suivit de l'Union soviétiquen a marqué les premiers pas dans l'histoire de l'Humanité d'une tentative de constitutio d'une société libérée de toute exploitation de classe. Les progrès rapides obtenus par le socialisme, la transformation d'une économie auparavant arriérée en un bastion économique et militaire en état de rivaliser avec l'impérialisme ont largement confirmé la supériorité du système socialiste. La construction du socialisme en Union soviétique représente un moment fondamental dans l'histoire de l'humanité.
Cela reste une source d'inspiration pour tous les peuples du monde engagés dans la lutte pour l'émancipation sociale. Le rôle décisif joué par l'URSS dans la défaite du fascisme et l'émergence ultérieure des pays socialistes d'Europe de l'Est ont eu un impact profond sur l'évolution du monde. La victoire sur le fascisme a donné un élan décisif au processus de décolonisation qui a conduit à la libération de pays entiers de l'exploitation coloniale. La victoire historique de la révolution chinoise, la lutte héroïque du peuple vietnamien, celle du peuple coréen et le triomphe de la révolution cubaine ont eu une énorme influence sur la face que prit le monde.
Les réalisations des pays socialistes – l'éradication de la pauvreté et de l'analphabétisme, l'élimination du chômage, un important système de sécurité sociale dans les secteurs de l'éducation, de la santé, du logement, etc – ont représenté une puissante force d'encouragement pour les travailleurs du monde entier, dans leurs luttes.
Le capitalisme mondial a cherché d'affronter ce défi, en adoptant partiellement des mesures de bien-être social et en garantissant des droits qu'il n'avait jamais concédé aux travailleurs auparavant. La conception même de l' « Etat-providence » et le système de sécurité sociale créés dans les pays capitalistes après la Seconde guerre mondiale ont été le fruit des luttes des travailleurs dans ces nations, inspirées par les réalisations du socialisme. Les droits démocratiques aujourd'hui considérés comme inaliénables par la civilisation humaine ont également été le produit de la lutte populaire pour la transformation sociale et non de la bonté de la classe bourgeoise dominante.
Ces transformations ont fait faire des bons en avant qualitatifs à la civilisation humaine et ont laissé une empreinte indélébile sur la civilisation moderne. On le voit dans tous les domaines de la culture, de l'esthétique, de la science. Tandis qu'Eisenstein a révolutionné le cinéma, Spoutnik a étendu les frontières de la science moderne à l'espace.
Défaites pour le socialisme
Mais en dépit de ces immenses progrès, obtenus dans les conditions les plus complexes et dans un environnement hostile, pourquoi la puissante URSS n'est pas parvenue à consolider et maintenir ce système socialiste ?
Il y eut, en parlant en termes généraux, deux domaines dans lesquels une compréhension erronée et des erreurs qui en découlent, peuvent être constatés. Le premier a à voir avec la nature des analyses sur la situation mondiale de l'époque, et par rapport au concept même de socialisme. Le second concerne les problèmes pratiques qu'il y eut à affronter pendant la période de construction socialiste.
Quelques analyses erronées
Malgré les progrès sans précédent obtenus par le socialisme au XX ème siècle, on doit prendre en considération le fait que toutes les révolutions socialistes dans certains (pas tous) des pays socialistes d'Europe de l'est ont eu lieu dans des conditions relativement arriérées. Tout en justifiant l'intuition léniniste sur la rupture du chaînon le plus faible de la chaîne impérialiste, cela n'a pas empêché toutefois le capitalisme mondial de maintenir le contrôle sur les forces productives développées et, en conséquence, également leur développement potentiel ultérieur. Les pays socialistes ont soustrait un tiers du marché mondial au capitalisme. Cela n'a pas entamé le niveau des progrès réalisés par le capitalisme mondial dans le développement des forces productives et sa capacité à les développer par la suite sur la base des progrès scientifiques et technologiques. Le capitalisme mondial a été en mesure de dépasser les revers que lui ont infligé les révolutions socialistes par le développement des forces productives et l'expansion ultérieure du marché capitaliste. Compte tenu des rapports de classe existants, l'impérialisme a réussi à étendre le marché capitaliste par le néo-colonialisme.
D'autre part, la rapidité des progrès qualitativement plus importants obtenus par le socialisme dans une période relativement brève (ce qu'a réalisé le capitalisme en 300 ans a été rattrapé par le socialisme en 30!) a conduit à croire que sa marche serait irréversible. L'avertissement léniniste, pour qui la bourgeoisie vaincue réagirait avec une force cent fois supérieure, n'a pas été pleinement pris en considération.
L'inéluctabilité de l'effondrement du capitalisme n'est pas un processus automatique. Le capitalisme doit être dépassé. Une analyse erronée de sa force met au second plan la nécessité d'aiguiser constamment, de renforcer la lutte idéologique révolutionnaire de la classe ouvrière et son intervention décisive sous la direction d'un parti inspiré par le marxisme-léninisme : le facteur subjectif, sans quoi n'est possible aucune transformation révolutionnaire.
En outre, le socialisme a été compris comme inclus dans une progression linéaire. Au moment où le socialisme était réalisé, on a pensé de façon erronée que son cours futur serait une ligne droite sans obstacles jusqu'à la disparition des classes : la société communiste. L'expérience a également confirmé que le socialisme est la période de transition ou, pour utiliser les mots de Marx, la première phase du communisme – la période entre la société divisée en classes de l'exploitation capitalisme et la société sans classe communiste. Cette période implique par définition non l'élimination des conflits de classe mais leur intensification, avec un capitalisme mondial qui cherche à regagner le terrain perdu. Cette période, donc, était destinée à durer et se présentait comme complexe, toute autre que linéaire. Cela s'est vérifié en particulier dans les pays arriérés du point de vue capitaliste au moment de la révolution.
Le succès ou l'échec des forces du socialisme mondial dans cette lutte est déterminé, à tout moment, tant par les succès obtenus tant dans la construction socialiste que dans le rapport de force entre classes au niveau international et national, et par une analyse correcte de la situation. Les analyses incorrectes, qui conduisent à une sous-estimation de l'ennemi à l'extérieur et à l'intérieur des pays socialistes et à une sur-estimation du socialisme, ont créé une situation où les problèmes qui devaient être affrontés ont été ignorés, conduisant à l'arrêt des progrès et à la consolidation du capitalisme mondial.
Lénine nous a toujours rappelé que l'essence vivante de la dialectique réside dans l'analyse concrète de la situation concrète. Si l'analyse est faible ou si elle juge de façon inexacte la situation du moment, on ne réussit qu'à des incompréhensions et des distorsions.
Ce sont les distorsions et, encore plus important, les déviations du contenu révolutionnaire du marxisme-léninisme dans les dernières années de l'URSS, en particulier après le 20 ème Congrès du PCUS, avec les problèmes non-résolus dans le processus d'édification socialiste, qui sont la cause de ces revers.
Commentaire